Chapitre 5 : Le feu sous la glace

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Avalon Miller

La lumière pâle du matin filtrait à travers les rideaux de la cuisine, baignant la pièce dans une douce lueur dorée. Je pris une gorgée de café, déjà plongée dans mes pensées. Les événements de la veille me laissaient encore un goût amer : cette impression d'être toujours une intruse dans un monde auquel je n'avais jamais demandé à appartenir. Et surtout, cette tension incessante avec Aelion, qui, aussi envoûtante soit-elle, ne cessait de me hanter.

Ce matin, cependant, il semblait que la maison s'était réveillée plus calme que d'habitude. Peut-être à cause de l'absence d'Aelion. Je n'avais aucune nouvelle de lui depuis la nuit précédente, quand il était parti en urgence avec Riven. Mara m'avait assuré qu'il allait bien, mais l'incertitude me tenait encore en éveil.

Alors que j'étais plongée dans mes réflexions, la porte de la cuisine s'ouvrit brusquement, rompant le calme. Aelion entra, le regard fatigué mais vigilant. Mes yeux se posèrent immédiatement sur lui : ses vêtements poussiéreux, son visage marqué par la fatigue, et cette expression indéchiffrable.

— Avalon, murmura-t-il, comme si ma seule présence dans cette pièce était une surprise.

Je restai figée un instant, mes mains serrant nerveusement ma tasse. L'atmosphère entre nous était toujours électrique, mais une part de moi avait appris à y trouver une certaine forme de confort.

— Tu as l'air épuisé, dis-je finalement, les mots franchissant mes lèvres avant que je ne puisse les retenir.

Il esquissa un sourire ironique avant de tirer une chaise pour s'asseoir. Sa présence imposante remplissait la pièce.

— C'est à peu près normal par ici, répondit-il, ses yeux perçants se posant sur moi. Et toi ? Comment tu tiens le coup ?

Je haussai les épaules, essayant de paraître décontractée.

— J'apprends à m'adapter, mais ce n'est pas facile.

Aelion hocha la tête, comme s'il approuvait ma réponse. Un silence tendu s'installa de nouveau, mais cette fois-ci, il semblait moins hostile et plus introspectif.

— Nous n'avons pas choisi cette vie, Avalon, dit-il finalement, sa voix basse et profonde. Mais il faut faire avec.

Je sentis la sincérité dans ses paroles, et cela me toucha plus que je ne voulais l'admettre. Juste au moment où je m'apprêtais à répondre, la porte s'ouvrit une nouvelle fois pour laisser entrer Riven. Son sourire éclaira instantanément la pièce, cassant un peu la tension.

— Salut à vous deux, lança-t-il joyeusement. Alors, Avalon, comment ça se passe ce matin ?

Je souris, reconnaissante pour son interruption opportune.

— Ça va, merci Riven. Et toi ? comment tu vas ?

Il s'assit à la table, attrapant une pomme dans la corbeille de fruits.

— Tout est toujours un peu chaotique ici, mais on fait avec, répondit-il en mordant dans sa pomme.

Aelion restait silencieux, mais je pouvais sentir son regard sur moi, comme s'il essayait de déchiffrer mes pensées. Cette observation attentive me rendait nerveuse, mais une part de moi ressentait une étrange attirance pour cet homme complexe et insaisissable.

— Avalon, dit-il finalement, brisant le silence. Il y a quelque chose que je dois te montrer. Ça pourrait t'aider à comprendre un peu mieux ce monde.

Je levai les yeux vers lui, surprise par sa proposition.

— D'accord, acceptai-je doucement, curieuse de savoir ce qu'il avait en tête.

Riven nous regarda tour à tour, un sourire espiègle aux coins des lèvres.

— Oui, c'est une bonne idée, lança-t-il en haussant les sourcils. Ça pourrait faciliter son intégration.

Aelion hocha la tête, son regard plongé dans le mien.

— Suis-moi, ajouta-t-il simplement avant de se lever.

Je posai ma tasse et le suivis hors de la cuisine, mon cœur battant à un rythme soutenu. Marchant à ses côtés, je sentais cette tension magnétique qui nous attirait inévitablement l'un vers l'autre, malgré tout ce qui semblait nous séparer.

Nous traversâmes plusieurs couloirs jusqu'à arriver devant une porte en bois massif. Aelion s'arrêta et se tourna vers moi, son regard intense capturant le mien.

— Ce que je vais te montrer est une partie essentielle de notre vie ici. Cela te donnera un aperçu de ce pour quoi nous nous battons, et pourquoi nous devons rester toujours sur nos gardes.

Il ouvrit la porte et me fit signe d'entrer. La pièce à laquelle nous accédâmes était une sorte de rangement. Des armes de toutes sortes étaient alignées contre les murs, des plans et des cartes recouvraient une large table en chêne au centre. Je restai bouche bée, essayant d'absorber les détails de cet environnement si éloigné de tout ce que j'avais connu.

— Ici, on planifie nos actions, nos ripostes, nos défenses, expliqua-t-il en s'avançant dans la pièce. Chaque décision prise ici peut avoir des conséquences graves sur notre survie et celle de notre famille.

Il se tourna vers moi, ses yeux perçant les miens.

— Je veux que tu comprennes cela, Avalon. Tu n'es plus seulement une spectatrice ici. Ta compréhension et ton engagement peuvent faire la différence.

Je hochai la tête, absorbant la gravité de ses mots. Je sentais un mélange de peur et de responsabilité monter en moi. Mais une part de moi, bien que terrifiée, était également déterminée à prouver que je pouvais être une alliée fiable dans ce monde imprévisible.

Aelion me tendit un plan de la ville, sur lequel étaient marquées diverses zones en rouge et en bleu.

— Commence par étudier ceci, dit-il calmement. Cela t'aidera à comprendre le terrain et les enjeux.

Je pris le plan avec des mains tremblantes, consciente que ce moment marquait un tournant dans mon intégration au sein du gang. Et alors que nos regards se croisaient de nouveau, je savais que cette relation complexe et dangereuse avec Aelion Scott ne faisait que commencer.

Alors que j'étais concentrée sur la carte, Peyton arriva avec un grand sourire puis s'assit face à moi.

— Alors comme ça, ça s'est calmé avec mon frère ?

— Hmm... on peut dire ça... répondis-je, légère nervosité dans la voix.

— Et alors ? demanda-t-elle avec un regard malicieux.

— Et alors, il est mignon, mais je préfère m'en méfier.

— Oh, t'es pas drôle, rétorqua-t-elle en riant, avant de me donner une tape amicale sur l'épaule.

Je souris, reconnaissante pour l'humour léger de Peyton. Mais au fond de moi, je savais que ces nouveaux sentiments et cette situation complexe allaient influencer bien plus que ma simple présence au sein du gang.

The Scott HouseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant