Chapitre IV - Audin

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         Jeudi midi, la cloche annonça le début de la pause méridienne, les lycéens se pressèrent pour sortir de la salle ce qui créa un amas de gens dans les couloirs. Je me pressa également d'arriver devant la cantine pour ne pas faire trop de queue. Je rejoignis mes amis Maré et Pélian qui furent plus rapide que moi puisque je ne mettais pas pressé tant que ça et on se mit à attendre le reste de notre groupe.
- Alors l’évaluation en enseignement scientifique, tu penses l’avoir réussi ? m’interrogea Maré probablement sans avoir réfléchit au préalable puisqu’elle s’adressait à moi, le Audin, celui qui a sauté deux classes grâce à son abondante intelligence. Je soupira intérieurement, je me préparait à répondre encore une phrase bateau d’homme modeste alors que je savais très bien que je ne ratais aucune évaluation et que j’obtiendrais minimum 20 sur 20.
- Je pense que je me suis raté sur le deuxième exercice, ai-je répondu avec mépris, et toi ?
- Je suis pas sûre de moi sur le premier exerci-..
- Je sais, tu as souvent des difficultés à analyser des schémas.
Je me retourna pour esquisser un sourire, tout le monde pensait que je n'étais pas aussi fort que Maré alors qu’en vrai je suis bien au-dessus d’elle.
- Moi je pense avoir réussi, s’exclama Pélian avec joie.
Je me retenais de m’esclaffer en face de lui, quelle blague. Ce mec me désespérait profondément, il n’était même pas capable d'écrire droit, je ne pensais même pas que le prof puisse décrypter ses pitoyables soit disant lettres, même écrites sur un grand tableau. Je ne répondit plus, je me plongea dans mes pensées bien plus pertinentes que leur discussion de faux intellos et on se mit enfin à rentrer dans la cantine après avoir attendu les autres qui étaient bien lents quand il s'agissait de se dépêcher. On se mit enfin à table, mais le fameux met que je devais déposer dans mon délicat palais n'était autre qu’un riz pas cuit recouvert d’un amas de graines aussi laides que mes camarades autour de moi et le tout couronné d’une piteuse saucisse constituée de plus de gras que de viande. Je me leva d’un air confiant et je me rapprocha de la fontaine pour remplir la carafe d’eau puisqu'il fallait bien quelque chose pour faire passer le goût désastreux de mon plat et de la vue de mes soit disant amis. De toute façon, j'étais bien le seul à ne pas avoir peur de me lever pour prendre de l’eau dans ce groupe d’introvertis de première génération. Je revint à table avec la même assurance, je posa la carafe sur la table et je tendis mon verre au premier qui l’attrapa parce que je n'étais pas leur boniche de service.
- Vous avez fini votre exposé ? lança Maré à Waxime, mon coéquipier d’exposé vu que je ne pouvais pas passer seul et que c'était le plus apte à travailler sérieusement.
- Oui on sera les premiers à passer, répondit Waxime sûr de lui. Son assurance m'énervait au plus profond de mon être, je m’exclama alors avec un faux sourire :
- J'espère qu'on ne le ratera pas !
Cette phrase servait plutôt de menace, si on se ratait à cause de lui, je lui en voudrais pour toujours. Depuis ma naissance j'avais toujours eu de bonnes notes et j'avais bien peur qu'il détruise ma moyenne pour l'année la plus importante de ma vie. Leurs discussions inutiles se poursuivirent, je me dispensa de les écouter et je sortis mon téléphone de ma poche. Quelques notifications s’affichèrent mais une seule attira mon attention :
"Edvvard : Aarold il m’a ins..."
J’ouvris son message avec entrain et je ne pus m’empêcher de le relire une dizaine de fois "Aarold il m’a insulté sans raison et après il m’a bloqué". Un sentiment de plaisir m’envahit un instant, sûrement parce que je n'allais plus entendre Edvvard se vanter d’Aarold. Mais je revint à mes esprits, Edvvard devait se sentir très troublé et très triste, je ne comprenais pas comment Aarold s'était permis de l’insulter. Je ne connaissais pas Edvvard personnellement mais c'était une personne très fiable et très sympa, je pouvais me confier à lui et je ne pouvais pas me permettre de le laisser dans sa profonde tristesse quand il se confiait à moi.

Un Amour TroupléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant