Chapitre 20
Musique : Gravitational Forces (Slowed)
Ronan MartinezJe traverse cette fenêtre éclairée par la lune. Des années que je côtoie les Cruz, j'ai vu Aza grandir. Je l'ai entendu me cracher ses premières insultes. Mais jamais il ne m'a parlé aussi posément que ce soir. Jamais il ne m'a accordé ce respect.
Je marche jusqu'à atteindre la porte de notre chambre. Je sais qu'il ne viendra pas dormir tout de suite, pas avant que je me sois endormi.
Quand j'ouvre la porte je sursaute en voyant une silhouette assise sur le matelas. En m'approchant je reconnais avec évidence Jace. Dès qu'il me voit il se lève et s'approche de moi jusqu'à venir poser ses mains sur mon torse. Je ne l'aurais d'habitude pas repoussé mais je n'en ai plus envie, pas de lui. Alors j'attrape docilement ses poignets et les écartes de mon corps.
Même dans le noir de la pièce je vois l'étincelle dans ses yeux bleus s'éteindre. J'ai fais une très grosse erreur en laissant ce pauvre gamin m'approcher. Alors je viens poser ma main sur le haut de son crâne. Je mentirais si je disais ne pas l'apprécier. J'ai passé de bons moments à ses côtés. Cependant je ne veux pas de sentiments mais des sensations et lui ne m'en fournit pas.
Je remarque que ses prunelles commencent à briller. Mon cœur se sert à cette vue. Malheureusement je ne sais comment réconforter les autres je n'ai jamais eu besoin de le faire, ma seule compagnie étant les Cruz. Carter n'a aucun sentiment, James ne me porte pas dans son cœur, Lilly ne se focalise pas sur les mauvais aspects et ne s'attarde pas sur les sentiments de douleurs. Et Aza n'a jamais eu besoin d'un quelconque soutient.
Cette constatation renforce l'idée que je me faisais de Jace. Il n'est pas fait pour ce monde. Et nous ne pouvons pas le protéger. Le blond se met à pleurer contre mon torse à grosses gouttes. Je ne sais comment réagir alors je me contante d'entourer son corps de mes bras.
- Dis-moi ce qu'il me manque pour que l'on continue, Ronan s'il te plaît.
Je sens mon visage se crisper. C'est aller trop loin et il ne le gère pas. Et à mon tour je ne gère pas. Il est suppliant sous mon nez mais la vérité c'est qu'il m'importe peu. Ce que nous faisions ensemble ne fait pas partie de mes activités favorites, pourtant j'apprécie l'amitié qui nous lie.
- Va pleurer tes larmes de crocodile ailleurs Jace. Tu ne lui suffit plus.
Je suis pris de court par le timbre de voix d'Aza. Celui-ci est adossé à l'encadrement de la porte, les bras croisés sur son torse. La puissance que ses prunelles dégagent dissuade Jace de poursuivre, du moins pour aujourd'hui. Je suis clairement soulagé lorsque le corps du blond s'écarte du mien. Lorsqu'ils se croisent le temps semble s'arrêter tant la tension est palpable.
Aza claque fortement la porte derrière lui tandis que Jace pousse des jurons derrière celle ci. Je voudrais m'agacer contre le brun pour lui exprimer ma réticence à ce qu'il intervienne dans mes problèmes. Cependant je me sens fatigué et une bataille contre lui me mettrait à terre, alors je me contente de le fusiller du regard.
Il me juge du regard avant de me passer devant pour aller récupérer des affaires de rechange. Je comprends donc qu'il file à la douche. Nos altercations se sont nettement adoucis. Il y a quelques mois, quelques jours de cela nous nous serions torturés jusqu'à ce que mort s'en suive. Aujourd'hui nous dormons ensemble. L'être humain ne peut être plus faible que dans les bras de Morphée et pourtant je ne me sens pas en danger. Aza est dangereux mais plus aucune trace du monstre qu'il était ne l'habite.
Je retire tous mes vêtements hormis mon boxer avant de m'engouffrer sous les draps. Ma peau frissonne au contacte de leurs fraîcheurs. J'apprécie le semblant de vie ordinaire que nous menons depuis quelques jours. Mais j'ai bien peur que le retour à la réalité soit brutal. Notre vie est d'ordinaire loin d'être aussi paisible. Un orage se doit d'exploser parce que c'est ainsi et ça l'a toujours été. Si du jour au lendemain l'un de nous se retrouvait dans un quotidien banal, il mourait d'ennui avant de se laisser mourir. Il est impossible de vivre une vie qui nous tombe dessus et qui ne nous convient pas.
La porte s'ouvre et se referme sans discrétion. Aza marche dans la pièce et durant tout le temps où le silence règne un léger bruit retentit. Comme si des gouttes tombaient au sol. Je me lève d'un coup en colère.- Tu essuie la putain d'eau que tu fous au sol ! Il est hors de question que je me casse la gueule en glissant dessus pendant la nuit en voulant aller pisser !
- Pisse toi dessus.
Nous nous fixons dans le blanc des yeux comme si sa réponse était la plus évidente.
Tout à coup je me réveille et mon corps s'abandonne à un rire faisant trembler mon corps. La stupidité de la situation ne peut que me faire rire. Le brun me regarde comme si j'étais complètement fou. Et c'est à cet instant que je me rends compte avoir besoin de chaos pour être lucide. J'ai besoin de haine, de bataille, de désaccord. Peut être bien que je suis fou, complètement taré. Mais si je le suis, chaque personne dans cette maison l'est plus encore.
Je me laisse retomber sur le matelas. Le corps lourd. Je suis en soif de mon quotidien désastreux où la mort me colle au train comme un vieil ex toxique. Je n'ai pas passé une journée sans douleur, sans corps sanglant. C'est répugnant de le réclamer, je me rebute et la gerbe me monte. À quel point suis-je devenu si abominable ?
Côtoyer des cracks comme les Cruz me force à devenir plus détestable qu'eux. Dans ce milieu c'est une bataille constante et des comparaisons incessantes. Si demain je suis moins bon qu'un autre on se débarrassera de moi, alors je dois devenir meilleur qu'un prodige tel qu'Aza.
- Tes pansée empiètent mon espace vitale.
- Je n'y arrive pas, je ne me reconnais plus.
J'ignore pourquoi je suis si honnête avec Aza aujourd'hui encore. Certainement parce qu'il l'a toujours était avec moi. Certes chaque phrases le concernant d'un peu trop près étaient vagues, mais elles étaient là. Mais à son contraire, je mens et je cache.
- Avance sans te retourner tu finiras par te retrouver.
Sur ses mots il me tourne le dos et fait mine de dormir. Alors je me concentre et j'en viens à me demander si durant son année de torture il pansait à cette phrase pour ne pas sombrer. J'ai beau avoir découvert la couverture du livre, les pages à tourner sont trop sombres pour être racontées.
Fin chapitre 20
Un début de complicité 🤭
Jace me fait de la peine un peu quand même ..
Mais bon Ronan est pour Aza ☝🏼
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Suis moi je te fuis
Roman d'amourAza Cruz grandi dans une famille particulière, Leurs relations sont complexes et vicieuses. Et à cause de son père au travail inhabituel, à la tête du réseau Cruz, Aza vivra un enfer lorsque l'ennemi s'en prendra à lui à son adolescence. Ronan Mart...