JOHNNY S'EST ÉTOUFFÉ ET j'ai presque renversé mon sundae au chocolat.
« Cherry ? » avons-nous demandé d'une même voix. « La Soc ? »
« Ouais, » a répondu Dally. « Elle est venue au terrain vague le soir où Two-Bit s'est fait agresser. Avec Shepard et quelques gars de sa bande, on était là quand elle a débarqué dans sa petite Sting Ray. Fallait du cran pour faire ça. On était plusieurs à vouloir lui sauter dessus, surtout parce qu'elle sortait avec le gars qui a été tué, mais Two-Bit nous a retenus. Merde, la prochaine fois que je voudrai une fille, j'en choisirai une de ma propre espèce. »
« Ouais, » a lentement dit Johnny, et je me suis demandé s'il se rappelait lui aussi de cette voix froide et mature qui nous avait dit : « La prochaine fois que vous voulez une fille, prenez-en une de votre propre espèce... » Un frisson m'a traversé.
Dally a continué en haussant les épaules : « Elle a dit qu'elle pense que tout ce bordel est de sa faute, ce qui est vrai, et qu'elle suivrait de près ce qui va se passer avec les Socs pendant la baston. Elle a promis de témoigner que les Socs étaient saouls et cherchaient la bagarre, et que vous avez agis en légitime défense. » Il a lâché un rire amer. « Cette fille me déteste, c'est clair. Je lui ai proposé d'aller au Dingo pour boire un coca et elle m'a répondu "Non, merci" avant de m'indiquer très poliment où je pouvais aller me faire voir. »
Elle a peur de t'aimer, me suis-je dit. Alors, Cherry Valance, la cheerleader, la copine de Bob, la Soc, essayait de nous aider. Non. Non, ce n'était pas Cherry la Soc qui nous soutenait, mais Cherry la rêveuse, celle qui admirait les couchers de soleil et détestait les bagarres. Difficile à croire qu'une Soc puisse vouloir nous aider, même une Soc qui aimait les couchers de soleil. Dally, lui, ne le réalisait pas. Il avait déjà tourné la page.
« Non mais sérieux, cet endroit est un vrai trou perdu. Ils font quoi pour s'occuper ici, jouer aux dames ? » Dally a observé les lieux avec ennui. « J'avais jamais été à la campagne avant. Vous ? »
Johnny a secoué la tête, mais j'ai dit : « Mon père nous emmenait souvent chasser. J'étais déjà venu à la campagne. Comment tu savais pour l'église ? »
« J'ai un cousin qui habite dans le coin. Il m'a dit que ça serait une bonne cachette en cas de besoin. Hé, Ponyboy, j'ai entendu que t'étais le meilleur tireur de la famille. »
« Ouais, » ai-je répondu. « Mais c'était Darry qui ramenait toujours le plus de canards, avec papa. Soda et moi, on faisait trop de bêtises, on faisait fuir toutes nos proies. » Je ne pouvais pas avouer à Dally que je détestais tirer sur des animaux. Il penserait que j'étais faible.
« C'était une bonne idée, vous savez. Je veux dire, de vous couper les cheveux et de les décolorer. Ils ont publié vos descriptions dans le journal, mais vous n'y collez plus du tout. »
Johnny était en train de dévorer son cinquième sandwich au barbecue en silence quand il a déclaré : « On va rentrer et se rendre. »
Dally s'est étouffé à son tour, puis il a juré pendant un bon moment. Ensuite, il s'est tourné vers Johnny et a demandé : « Quoi ? »
« J'ai dit qu'on allait rentrer et se rendre, » a répété Johnny d'un ton posé. J'étais surpris, mais pas vraiment choqué. J'avais envisagé cette possibilité plusieurs fois, mais pour Dallas, cette idée était clairement un véritable choc.
« J'ai de bonnes chances de pas trop mal m'en tirer, » a dit Johnny avec désespoir. Je ne savais pas s'il essayait de convaincre Dally ou lui-même.« J'ai pas de casier judiciaire et c'était de la légitime défense. Ponyboy et Cherry peuvent en témoigner. Je compte pas passer le reste de ma vie dans cette église. »
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The Outsiders (Français)
AcciónPonyboy peut compter sur ses frères. Et sur ses amis. Mais pas sur grand-chose d'autre, outre des ennuis avec les Socs, un gang de gosses de riches vicieux pour qui l'idée de s'amuser est de tabasser des "greasers" comme Ponyboy. Au moins, il sait à...