Enfance Brisée
Maximilien est né par une nuit glaciale, dans une petite maison aux murs fissurés et aux fenêtres battantes, perchée à la périphérie de Paris. La pièce où il poussa son premier cri était plongée dans l'obscurité, éclairée seulement par une chandelle vacillante posée sur une table bancale. Sa mère, Isabelle, fatiguée par des années de violence, le serrait contre elle avec une force désespérée, comme si cet enfant pouvait lui offrir une échappatoire à sa propre existence.
Dans la pièce voisine, Jacques, son père, ne prêta pas attention à cet événement. Il ne l'avait jamais désiré. Il ne voulait pas cet enfant, tout comme il ne voulait plus rien de la vie. La bouteille qu'il tenait d'une main tremblante était son seul refuge. L'alcool anesthésiait la douleur qui lui vrillait le crâne, mais amplifiait la colère qu'il nourrissait contre un monde qui l'avait abandonné.
Maximilien ressentit ce rejet dès sa première inspiration. Il n'y eut pas de sourire, pas de bienveillance dans les yeux de son père. Seulement une indifférence glacée, mêlée à un mépris silencieux. La porte se ferma, et avec elle, toutes les chances d'une enfance normale.
Les cris, les coups et les pleurs devinrent rapidement la bande sonore de ses jeunes années. Les murs de cette petite maison tremblaient sous les accès de rage de Jacques. Les jours de silence étaient rares, et chaque soir apportait son lot de disputes et de violence. Sa mère, frêle, tentait parfois de calmer les choses, mais elle ne pouvait qu'implorer ou se recroqueviller, les bras autour de son fils, alors que les hurlements de son mari résonnaient jusqu'à l'aube.
À cinq ans, Maximilien avait déjà appris l'art de l'esquive. Non pas celle des coups directs – il n'était pas assez rapide pour cela – mais celle des énergies, des gestes, des regards. Il devenait invisible. Il écoutait attentivement les bruits de la maison, tentant de déchiffrer les signes avant-coureurs d'une colère qui grondait. Lorsque son père claquait la porte un peu trop fort ou que la bouteille glissait sur la table avec un bruit métallique, Maximilien savait qu'il devait disparaître. Se cacher sous son lit ou derrière les rideaux, des refuges temporaires qui lui offraient quelques secondes de répit avant que la tempête ne l'atteigne.
Les premières années de sa vie ne furent qu'une succession d'instants où il priait pour être oublié. Mais Jacques ne l'oubliait jamais longtemps. Les coups pleuvaient souvent sans raison apparente, sauf peut-être celle d'exister dans le mauvais endroit au mauvais moment.
Le son du verre brisé devint un bruit familier, comme une horloge morbide marquant les heures de violence à venir. Chaque soir était un compte à rebours vers l'inévitable explosion.
Mais c'est l'école qui acheva de forger en lui cette haine silencieuse du monde. Là-bas, il espérait au moins échapper aux cris et aux coups. Mais l'école n'était qu'un autre champ de bataille, avec des ennemis plus jeunes, plus cruels et bien plus nombreux. Les enfants étaient des loups, et ils flairaient la moindre faiblesse.
Dès ses premiers jours, Maximilien fut la proie des moqueries. Ses vêtements troués, hérités de son père, lui collaient à la peau comme un rappel constant de sa misère. Ses cheveux gras, jamais coupés correctement, encadraient un visage toujours fermé, toujours triste. Il tentait de se faire petit, d'éviter les regards, mais plus il essayait de disparaître, plus il devenait une cible.
Un jour d'hiver, à l'âge de six ans, il reçut son premier coup dans la cour de récréation. Pas un coup de son père cette fois, mais de l'un des garçons de sa classe, un certain Thomas. Ce dernier lui arracha son sac d'un geste brutal, et sous les rires des autres enfants, il le poussa contre le mur de l'école. Le choc fut douloureux, mais ce fut le rire qui résonna le plus fort dans l'esprit de Maximilien. Ce rire moqueur, ce même rire que son père avait souvent dans la bouche après une correction.

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The Forsaken Immortal
FantasyMaximilien est un homme brisé, marqué par une vie de rejet, d'humiliation et de souffrance. Son apparence disgracieuse et son cœur empli de tristesse l'ont toujours placé à l'écart des autres. Rongé par une profonde dépression, il porte en lui une h...