Chapitre 3: Business is Business

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Chapitre 3 : Business is business

Hôpital – 22h15

La semaine se terminait bien : j'ai aidé à sauver la vie d'une femme qui est entrée aux urgences pour un anévrisme et j'ai fait une ponction lombaire pour la première fois. Cela faisait déjà 6 jours qu'Isaac était venu. Ce soir, je suis de garde, mais je ne travaille pas demain, donc je ne verrai pas cette grosse tête de con. À quoi bon faire une pré-visite à un patient si un médecin ne vient pas le voir ensuite ? À rien. À part nous faire perdre notre temps et prendre de la place aux urgences pour rien. Je finissais ma journée dans 15 minutes, mais j'ai décidé de demander à Emily si elle avait besoin de moi avant que je parte. Elle était avec un bébé et ses parents, car celui-ci avait avalé un Lego.

--- Je te demanderais juste de gérer l'entrée de la salle 9 avant de partir, s'il te plaît. Je devais le faire, mais je ne peux pas. Tu vas voir, ça ne va pas être long, me dit-elle avec un grand sourire tout en faisant une échographie thoracique au petit garçon drogué par le gaz hilarant.

Ma tête tomba en arrière quand je compris de qui elle parlait. Je pensais que j'allais réussir à l'éviter, mais apparemment non. Je fermai la porte délicatement pour ne pas stresser l'enfant, puis me dirigeai vers la porte de la salle 9 et entrai sans frapper. Ce n'est pas un vrai patient, alors à quoi bon ? Je finis ça en 2 minutes et je pars me doucher.

Je suis entrée dans la pièce en me dirigeant directement vers les gants stériles que j'ai enfilés. Je ne l'avais pas regardé, mais je savais qu'il était assis devant le bureau et que son ami (ou son frère ?) était assis à côté de lui.

— Je vous laisse vous asseoir sur la table de consultation, s'il vous plaît, lui demandai-je froidement sans prendre la peine de le regarder, tout en finissant d'enfiler mes gants.

Les gants à usage unique sont une galère à mettre, punaise.

Il suivit mes instructions et s'assit sur la table. Il portait un sweat à capuche noir et un short de sport, presque la même tenue que la dernière fois. Pourquoi je m'en souviens même ?

— Est-ce que vous pouvez enlever votre sweat que je vous ausculte ? lui demandai-je froidement.

Il s'exécuta puis me fixa, torse nu.
J'approchai mes mains et commençai le même protocole que la dernière fois. Son torse n'était pas moins abîmé que la semaine dernière, de nouveaux hématomes s'étaient même ajoutés à la collection.

— Tu ne me demandes pas si tu peux me toucher ?

Sa voix me fit sursauter. J'essayai de ne pas montrer que ce qu'il venait de dire me rendait nerveuse. Je continuai mon examen sans prendre le temps de répondre à sa pique.

— Ce n'est pas très professionnel, lança-t-il en baissant la tête pour fixer mes mains sur son torse.

Le culot en personne.

— Ce n'est pas très professionnel pour un combattant de MMA de ne jamais consulter de médecin pour contrôler ses blessures. Enfin, professionnel... amateur plutôt, lui répondis-je.

Et bim.

— Tu t'en sors très bien, trésor. Je n'ai pas besoin de médecin.

Sa voix était tellement grave et posée que c'en était flippant. Son pectoral gauche avait une coupure que je décidai de désinfecter. Je ne pense pas que la blessure nécessite des points de suture. Mais bon, normalement, c'est à un médecin d'en juger, pas une infirmière.

Je me tournai pour prendre du désinfectant et ouvrir un paquet de compresses stériles.

— Je ne suis pas médecin, lui répondis-je en essayant de l'ignorer le plus possible.

ELDEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant