Chapitre 5 : Dégoût

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Kiyoko Sera

11h30 - Quartier du haut - Maison de Kiyoko et Moe

– Kiyoko ! Viens faire une pause !

C'était samedi, Moe venait à peine de se réveiller et se faisait déjà entendre. Contrairement à elle, j'étais debout depuis deux heures, et après un rapide petit-déjeuner, je m'étais directement mise au travail. Deux semaines de cours s'étaient écoulées et les professeurs nous avaient déjà donné de nombreux devoirs. Il ne fallait pas que je traîne.

De son côté, ma sœur voyait les devoirs comme le dernier de ses soucis. Peu importait la qualité du travail tant qu'il était rendu à temps. Les années précédentes, je l'avais souvent entendue parler au téléphone avec Rin, essayant de finir leurs devoirs avant minuit, la veille de la date butoir.

J'espérais qu'ils auraient appris de leurs erreurs du collège et qu'ils se mettraient à travailler plus sérieusement cette année, mais apparemment, ce n'était toujours pas leur priorité.

Dans tous les cas, je pensais avoir assez travaillé ce matin. Une pause ne me ferait pas de mal. Je décidais alors de sortir de ma chambre et de rejoindre ma sœur en bas, dans la cuisine.

En descendant les escaliers, j'entendis plusieurs personnes discuter à l'étage inférieur, ce qui fit apparaître un sourire sur mon visage. Aujourd'hui, comme tous les week-end, tout le monde était à la maison. La famille était enfin réunie.

Avec une mère rentrant tard le soir et partant tôt le matin en semaine, le week-end était ma seule occasion de la voir deux journées entières.

L'odeur qui flottait dans l'air m'indiquait que Ryohei était en train de cuisiner. Je devais avouer qu'il avait un certain talent pour ça et grâce à lui, maman cuisinait rarement.

En entrant dans la pièce, tous les regards se tournèrent immédiatement vers moi.

– Ah, Madame daigne enfin nous honorer de sa présence. Applaudissons-la, déclara Moe en se levant théâtralement de sa chaise.

Ryohei et ma mère obtempérèrent aussitôt, frappant des mains avec une exagération feinte.

– Merci de m'accueillir, chers sujets, répondis-je en souriant.

Parmi les dix places disponibles autour de la grande table, seules quatre étaient occupées, au centre. Je m'installais en face de ma sœur.

Ma mère, Seiko Sera, était assise juste à côté d'elle. Elle portait une longue robe noir à brettelle, et était légèrement maquillée, comme à son habitude. Cette robe, qu'elle trouvait particulièrement confortable pour la maison, mettait en valeur sa silhouette élancée.

Ma mère était une femme très élégante, et elle ne sortait jamais de sa chambre sans s'être apprêtée, même lorsqu'elle n'avait pas prévu de sortir. Quand nous lui demandions pourquoi, elle répondait qu'elle le faisait pour elle-même.

Mais après les salutations, elle changea rapidement de ton.

– Bon, passons aux choses sérieuses, commença-t-elle.

Moe me lança un regard implorant (un appel à l'aide). Nous n'avions pas encore abordé avec elle la question de sa convocation dans le bureau du directeur.

Ryohei ne lui avait jamais fait de remarques sur son comportement, probablement parce qu'il ne se sentait pas légitime pour le faire. Quant à ma mère, elle n'avait jamais été particulièrement stricte. Cependant, Moe avait promis de se tenir à carreau en entrant au lycée, et cette convocation dès la deuxième semaine de cours avait été un choc pour tout le monde.

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