𝐵𝑢𝑡𝑡𝑒𝑟𝑓𝑙𝑖𝑒𝑠 [ 𝐷𝑎𝑛𝑖𝑒𝑙 𝑅𝑖𝑐𝑐𝑖𝑎𝑟𝑑𝑜 ]

✦ 𝑫𝒂𝒉𝒍𝒊𝒂 ✦

"Je crois qu'il a encore diminué ton salaire."m'explique ma collègue et meilleure amie Sandra.

J'écarquille les yeux en nettoyant le comptoir devant moi.

"Ça fait 5 mois que je me démène..."dis-je doucement, me retenant de pleurer. Je sens mon cœur palpiter, mais n'y prête pas attention et range le chiffon et le produit d'entretien.

La rousse à ma droite sourit en me regardant, elle va certainement me sortir une connerie donc mon corps se tourne vers le sien.

"Tu sais que si tu veux une augmentation, le patron est d'accord."

"J'ai pas envie de répondre à ses avances, c'est juste un vieux pervers !"

Plusieurs personnes sortent du bar donc je les salue poliment en débarrassant leurs tables, Sandra vient m'aider ce que j'apprécie étant donné la fatigue dans mes gestes maladroits.

"Tu sais que je suis là pour toi, mais t'a besoin d'argent Tp..."

"Je serais prête à vivre sous un pont plutôt que de faire ça, et tu le sais bien."je lâche avant de retourner derrière le comptoir pour la planter seule au milieu de la salle.

Un regard vers l'horloge qui indique presque 22h et un sourire s'étend sur mon visage, je suis ici depuis 7h ce matin et j'ai tellement hâte de rentrer dormir.

Mon lit me manquerais presque plus que mes parents, étant donné qu'il n'y a presque plus personne, je commence déjà à ranger.

Sandra revient près de moi et attrape sa veste.

"Ma mère m'a envoyé un message, elle est devant..."commence t'elle subtilement.

Je soupire avant de sourire, comprenant rapidement.

"Vas-y je ferais la fermeture seule."

La jeune femme me saute dans les bras, heureuse de partir 30 minutes avant.

Si seulement notre patron le savait...

"T'inquiètes, t'as juste à virer le gars là-bas et à verrouiller la caisse."dit-elle en marchant vers la sortie.

Mes yeux scrutent la salle et tombe sur une ombre au fond du bar avant de me reconcentrer sur ma rousse.

"Bonne soirée !"dis-je

"Bonne soirée ma belle, je te revaudrais ça !"

Je sais bien que non...

Il n'a pas fallu longtemps pour que le calme revienne et que je commence à ruminer en lavant les quelques verres qui traînent.

Notre patron, Douglas Ryfri est un vieil homme qui nous prend presque pour des esclaves si ce n'est pas déjà le cas.

Pour travailler ici, il faut trois choses, être une jeune femme, ne pas se plaindre d'un client potentiellement chiant et accepter d'être payé en dessous du SMIC.

Voyant qu'il ne reste que 20 minutes avant la fermeture, je me déplace vers l'homme assis à l'autre bout du bar.

Avec tout le professionnalisme qu'il me reste, je souris et parle poliment malgré mon envie de m'évanouir de fatigue.

"Bonsoir, je vais devoir vous demander de partir pour pouvoir procéder à la fermeture."

Le jeune homme lève les yeux de son verre et je peux immédiatement y déceler une once de douceur, il regarde sa montre avant de prendre la parole.

"J'ai encore le temps."

Je fronce les sourcils à son ton ferme.

"Nous fermons un peu avant l'heure ce soir."mentis-je pour essayer de le faire partir.