Partie 12

18 2 0
                                    


Ca fait une semaine qu'on s'adresse la parole uniquement pour se prendre la tête. Les seuls moments plus détendus sont quand Eliott est là et que Valentin fait un effort pour redevenir le Valentin d'avant. Le gars sobre, gentil, drôle et attentionné. Mais ce n'est qu'une façade et je sais à quel point c'est dur pour lui de garder cette facette. Dès qu'Eliott passe la porte de sa chambre. Le toxico réapparait. En général, quand Eliott est dans l'appartement, il fait l'effort de ne pas me lancer des piques et on évite de se disputer. Mais cette fausse entente reste extrêmement fragile et je sais que ça peut exploser à tout moment.

Ma sœur n'est pas souvent là. Elle passe tout son temps chez Adrien. Ils sont inséparables. Et le peu qu'ils viennent c'est pour jouer à la console avec Val.

Bref, je me sens seule. Personne ne voit son vrai visage et ça me rend folle parce que personne ne comprend se que je vis. Mais je me dois d'encaisser d'après la psy. Je ne dois pas être rancunière et je dois accepter et essayer de créer de bons moments.

Ce matin, après une énième séance de psy où la femme en question me prend pour un robot sans cœur, j'ai fait appel à Eloïse pour pouvoir aller prendre l'air avec ma meilleure amie qui a ses propres soucis.

- Félicitations ! Dis-je un peu trop fort en la serrant dans mes bras. Et du coup Merk ?

- Eh bien, il est super content et... il veut qu'on se marie avant l'arrivée du bébé ! Me lance-t-elle en m'affichant son index sous le nez.

- Waow c'est ouf ! Je suis trop heureuse pour vous vraiment !

- Et toi alors tu joues les infirmières sexy auprès de ton p'tit rappeur toxico ? Rit-elle alors qu'elle n'est absolument pas au courant de la situation. Vous avez remis le couvert ?

- Pas vraiment. C'est genre la guerre froide même.

- Quoi ? Pourquoi ? Merk m'a dit qu'il avait l'air d'aller plutôt bien.

- Oh avec les autres il va nickel. Une fois qu'il a tout déchargé sur moi.

- A ce point ?

- Ouais c'est dur.

- Arrête alors.

- Non, il l'a fait pour moi, j'dois être là.

- C'est des conneries. T'as pas choisi d'être malade lui ses merdes il les ingurgite tout seul comme un grand.

- Sav, je veux pas le laisser tomber.

- Parce que t'es toujours dingue de lui malgré tout ?

Je me contente de lui faire un petit sourire et mon amie éclate de rire.

- C'est une meilleure excuse que la première dans ce cas. Mais le laisse pas te bousiller ok ?

- Ouais t'inquiète.

- On va faire les boutiques ? J'ai justement une super activité pour te venger de ce qu'il te fait.

Sav m'a emmené dans tous ses endroits préférés : coiffeur, esthéticienne pour l'épilation totale qui m'a foudroyé les jambes et une pose d'ongles pour me récompenser d'avoir été si courageuse et ne pas avoir hurlé durant l'opération précédente.

Quand je suis rentrée avec Sav chez moi, Merk, Elo, Itaa et Val jouaient à Mario. Sav a tout de suite rejoint son chéri en virant Val du canapé. J'étais assise sur l'appuie de fenêtre quand il m'a rejoint pour fumer une énième clope. Je sentais son regard sur moi.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Il s'est contenté d'enrouler une mèche de mes cheveux coupé plus court autour de son doigt et de la relâcher en souriant.

- Tu pourras m'aider pour un truc ce soir ?

- Ca dépend quoi ?

- Rien d'illégal. M'a-t-il lâché avec un sourire taquin.

- Ok...

Eliott est au lit depuis un peu plus de trente minutes quand Val débarque dans le salon avec deux boites à la main.

- Qu'est-ce que c'est ?

- J'ai besoin de toi pour décolorer mes cheveux.

- Décolorer tes cheveux ?! Pourquoi ? Ai-je ri.

- Un clip.

- C'est un choix douteux mais d'accord. Lui ai-je souri.

Il s'est installé sur une chaise et je me suis appliquée à lui étaler une pâte blanche épaisse et malodorante dans les cheveux déjà blonds.

Je m'attaquais au devant de ses cheveux quand il s'est mis à rire.

- Quoi ? Ai-je demandé surprise.

- Ta langue dépasse à chaque fois que t'es vraiment concentrée. C'est super drole.

- Te moque pas où je laisse les dernières mèches naturelles.

- Ca ferait un style.

- T'as vraiment des goûts douteux.

- C'est vrai. A-t-il ri en se levant et en plaquant ses mains sur mes hanches. J'ai vraiment des goûts super douteux.

Je me suis reculée gênée de se rapprochement alors qu'on venait de passer la semaine à se prendre la tête. Je suis partie nettoyer le petit pot et le pinceau dans la cuisine et il a rapidement brisé le silence qui venait de s'installer.

- Je suis désolé pour la semaine que j't'ai fait passer... J'ai les nerfs tout le temps et je pense presque tout le temps à ça. Ca me tue autant physiquement que moralement et y a qu'avec toi que je peux relâcher la pression.

- J'préfèrerais que tu passes tes nerfs sur un punching ball. Lui ai-je souri.

- J'en prends bonne note. A-t-il dit en glissant ses bras autour de ma taille.

Je me suis tournée entre ses bras pour poser ma tête sur sa poitrine.

- Tu me manques. Ai-je murmuré.

- On est tout le temps ensemble.

- Non, j'veux dire ces moments là me manquent.

J'ai senti sa main se glisser dans ma nuque pour presser mon visage un peu plus contre son t-shirt. Son parfum me fait tourner la tête. Si je le pouvais, je le respirais chaque seconde. Il avance son visage vers le mien. Je crève d'envie de l'embrasser mais c'est sans compter sur une goutte de produit qui tombe droit dans mon œil. Je crie, il rit, je court à moitié aveugle dans l'appartement et j'entends son rire alors que je me rince abondamment à l'eau froide. Son rire persiste et même si j'ai mal putain qu'est-ce que j'aime l'entendre rire. C'est sans doute la plus jolie musique qu'il composera dans toute sa vie.

En attendant la fin de la pose de son produit immonde qui décolore ses cheveux, nous nous sommes installés dans le canapé pour faire une énième partie de Mario Kart à laquelle je ne finissais toujours pas gagner en trichant.

- Alors ? Me demande-t-il les cheveux séchés et presque blanc.

- C'est... pas définitif ?

Il a éclaté de rire devant mon hésitation.

- Merci de m'avoir aidé.

- J't'en prie... J'vais aller dormir il est super tard.

- Bonne nuit. Dit-il en glissant sa main contre ma joue.

Dernier Souffle | VALD Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant