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— Après ça, on pourra aller s'acheter du papier si tu veux, je peux un peu partager ma solde. Pour que tu lui écrives quelque chose, proposa Chloé.

— C'est gentil de proposer. Mais... ça ne servirait à rien, répondit tristement Emilie.

— Pourquoi ? Je croyais que c'était justement ça le problème. Si tu fournis ton propre papier, ils ne pourront pas rechigner.

— Ils mentent. Que ce soit le papier ou le transport, ça ne leur couterait pas grand-chose. Je ne sais pas ce qu'ils mijotent, mais ils ont un comportement bizarre envers nous deux. Je l'enverrai bien moi-même, mais ils n'ont dit à personne où est-ce qu'ils se rendaient, bien sûr.

— C'est vrai que c'est étrange. Mais rassure-toi, elle reviendra, c'est sûr.

— Je n'en doute pas. Elle a un potentiel énorme, ils n'oseraient pas le gâcher. Je me demande juste pourquoi l'amener ailleurs, l'école ne leur suffit plus ? Depuis que nous sommes ensemble, je m'y sens mal à l'aise.

— Tu as toujours été timide, même elle ne pouvait faire de miracle, s'amusa Chloé.

— Ce n'est pas que ça, rougit Emilie. Des fois, j'ai l'impression qu'on nous observe, qu'on nous étudie...

— C'est sûrement qu'une impression, ça te passera. Fred était exactement comme toi au début.

— Peut-être, mais c'était il y a presque trois ans.

— C'est vrai... Une seconde ! Notre anniversaire ! c'est la semaine prochaine !

— Je sais. Il m'a demandé mon avis pour un cadeau. Tu devrais bien aimer, je pense.

— C'est si mignon... Et moi qui viens tout juste de m'en rappeler... quelle imbécile...

— Eh bien ça tombe bien qu'on nous ait donné cette tâche spéciale, tu pourras en profiter pour lui prendre quelque chose quand on aura fini.

— C'est vrai, on a de la chance. Mais là sur le coup, je n'ai pas vraiment d'idée.

— Vous êtes ensemble depuis trois ans et tu as encore du mal à te décider sur quoi lui offrir ? Avec elle on a déjà énormément d'idées, il nous manque juste des occasions. Et puis je n'ai pas envie d'en faire trop non plus...

— D'abord tu me fais la leçon en amour, et après tu renchéris en me montrant à quel point tu es adorable avec ta chérie ?! Maintenant je comprends pourquoi on l'a embarquée ailleurs, cette fille a des pouvoirs d'ensorceleuse, et elle a envouté ma copine.

— Je t'emmerde, rigola Emilie.

— Et maintenant elle jure ?! Que l'Ori me garde, c'est peut-être une imposteuse...

— Arrête tes bêtises, sinon je demanderai à Georges de t'accompagner pour acheter le cadeau.

— Eh ! ce n'est pas si bête. Il doit le détester autant que je l'aime, donc il doit en savoir beaucoup sur lui ! Dès qu'on finit notre mission, j'échange la fille bizarre pour le garçon détestable.

— C'est ça. En attendant, concentre-toi : nous sommes arrivées.

Aristide Dèmes vivait dans un petit appartement en plein Dradon. Si un simple chercheur-explorateur tel que lui n'aurait habituellement jamais pu se permettre un logement aussi bien placé, son ancien poste en tant que professeur à l'école de Magie lui avait accordé une certaine aisance financière. Actif pendant de nombreuses années, Emilie et Chloé n'avaient pas un clair souvenir de lui, son envie d'explorer Reven Terwin s'étant éveillée quand elles étaient encore petites. Œuvrant avant tout pour étancher sa soif de connaissances, il était néanmoins dans l'obligation de rapporter l'intégralité de ses découvertes à l'Empire. Ayant participé à de nombreuses fouilles archéologiques, il fut un pilier majeur quant à la traduction de textes rèveniens liés à la Magie ainsi qu'à l'Ori. Cependant, après une grande période de disette, il semblait s'être intéressé à la culture seissienne. Le royaume divin avait toujours entretenu des relations floues avec l'Empire, les deux partis cherchant constamment à éviter le contact, et cette nouvelle lubie du chercheur ne plaisait pas tellement à certaines grandes instances.