La porte s'ouvre à peine quelques secondes après que mes doigts aient frappé le bois, comme si ma tante m'attendait juste derrière. Son sourire immense et ses bras tendus me frappent de plein fouet. Elle m'enveloppe dans une étreinte chaleureuse avant même que je n'aie eu le temps de dire quoi que ce soit. Je me sens d'abord un peu raide, surprise par cette familiarité. Cela fait des années que je ne l'ai pas vue. Mais rapidement, la chaleur de son accueil me désarme, et je relâche un peu mes épaules.
— Ma chérie ! Je suis tellement contente que tu sois là. Entre, entre ! Allez, tu dois être fatiguée, laisse-moi t'aider avec tes affaires.
Je tente de protester, mais ma tante ne m'écoute pas, déjà en train de prendre une de mes valises, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Elle ne change pas. Toujours cette énergie débordante, ce sourire qui semble pouvoir dissiper n'importe quel nuage. Pourtant, une part de moi reste en retrait, observant avec une certaine distance. Je ne sais pas vraiment où me situer dans ce nouvel environnement, entre ses bras ouverts et mon esprit encore tourmenté par l'incertitude.
— Alors, le trajet ? Pas trop pénible, j'espère ?
— Ça va, dis-je en la suivant à l'intérieur, mes valises roulant derrière moi. Juste un peu long.
Je ne mentionne pas Samir. Cette rencontre, aussi étrange soit-elle, ne semble pas à sa place ici, dans cet appartement chaleureux où tout respire la vie, l'accueil, la famille. En entrant, je suis frappée par l'odeur délicieuse qui flotte dans l'air. Un mélange d'épices, de plats mijotés. Ça me rappelle ma mère, nos repas du dimanche avant qu'elle ne parte. La nostalgie me serre brièvement la gorge, mais je la repousse rapidement.
L'appartement est petit, mais cosy. Les murs sont couverts de photos de famille, de souvenirs d'un temps que je n'ai pas vraiment connu, ou dont je n'ai que des bribes. Mes cousins, plus jeunes, sourient dans des cadres dorés, leur enfance figée dans ces moments heureux. Ma tante s'affaire déjà dans la cuisine, me lançant des questions sans attendre vraiment de réponses, comme si elle comblait le silence pour me mettre à l'aise.
— J'ai fait un tagine, j'espère que tu as faim. Il ne sera prêt que dans une demi-heure, alors en attendant, installe-toi, fais comme chez toi.
Je hoche la tête, souriant par politesse. Je suis reconnaissante pour son enthousiasme, mais je me sens encore un peu décalée. Trop de choses se sont passées ces dernières heures, et même si je suis physiquement ici, mon esprit vagabonde encore.
Je finis par m'installer sur le canapé, mes yeux parcourant la pièce, à la recherche de quelque chose à quoi m'accrocher. C'est alors que je remarque une photo particulière. C'est une vieille photo de moi, petite, avec ma mère. Nous sourions toutes les deux, rayonnantes. Je ne me souviens pas de ce jour, mais la voir ici, dans cet endroit, me fait l'effet d'un coup de poing. Tout est encore là, quelque part en moi, même si je tente d'oublier, de passer à autre chose.
— Je savais que tu remarquerais cette photo, dit ma tante en sortant de la cuisine, une carafe d'eau à la main. C'était un de mes jours préférés avec ta mère. Vous étiez venues ici pour l'été. Tu étais si petite. Je crois que c'était la dernière fois qu'on a passé du temps toutes les trois.
Elle sourit tristement, et je me sens à la fois touchée et mal à l'aise. Parler de ma mère, c'est comme rouvrir une plaie qui ne s'est jamais vraiment refermée. Mais avant que je n'aie à répondre, un bruit fort résonne dans l'entrée. Mes cousins débarquent en trombe, ramenant avec eux une vague d'énergie et de rires qui balaie tout le reste.
— Imany ! T'es là !
Ils sont plus grands que dans mes souvenirs, mais toujours aussi bruyants et pleins de vie. Ils se jettent sur moi, et pendant un moment, je suis submergée par leur enthousiasme. C'est une distraction bienvenue, même si je sens la fatigue peser de plus en plus lourd sur mes épaules.
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L'ÉCLAT DU PASSÉ
Ficción GeneralQuand Samir croise le regard d'Imany, il est immédiatement envoûté, comme si elle seule pouvait percer son âme. Mais ce coup de foudre reste unilatéral, car Imany, distante et mystérieuse, garde ses distances. Malgré ses tentatives pour se rapproche...