Notre histoire prend racine sur un astre énigmatique, une sphère céleste inconnue des êtres pensants disséminés dans le cosmos. Ce sanctuaire légendaire échappe à toute tentative d'exploration, demeure absent des cartographies les plus exhaustives, et défie même les hypothèses les plus audacieuses des esprits scientifiques. Nous nous situons dans une ère bien antérieure aux rêves de conquête spatiale de l'humanité. Évoquons d'ailleurs cette immensité, et plus particulièrement le tissu spatio-temporel qui la compose.
Dans cet univers aux lois sibyllines, les dimensions ne sont pas des entités cloisonnées comme on pourrait le présumer. Elles s'entrelacent, s'interpénètrent, telle une tapisserie cosmique d'une complexité vertigineuse. Les êtres dotés du savoir et de la témérité nécessaires peuvent s'aventurer par-delà leur propre réalité, franchissant les frontières éthérées entre les dimensions.
C'est précisément ce qui s'est produit il y a plus de quatre millénaires et demi, à l'aube de l'épopée de mon peuple : les Helrynts. Une civilisation qui, bien avant l'émergence des sociétés humaines, a appris à manipuler l'espace et à chevaucher les dimensions, leur permettant de s'élever et de régner sur des mondes dépassant l'entendement.
À cette époque reculée, nous étions une race de nomades cosmiques. Selon les légendes transmises de génération en génération, nous vagabondions d'une dimension à l'autre, explorant des univers inédits et nous établissant là où nous trouvions un havre propice à notre survie. Notre existence était rythmée par les découvertes et l'adaptation perpétuelle. C'est animés par cet esprit d'exploration et de conquête que nous prîmes la décision de nous implanter sur cette planète mystérieuse, bien que notre installation ne fût pas sans embûches.
Dès notre arrivée, nous fûmes submergés par un sentiment de désarroi, comme emprisonnés dans un labyrinthe sylvestre d'une densité et d'une obscurité si intenses qu'il semblait vouloir nous absorber. Des arbres titanesques se dressaient devant nous, leurs troncs massifs formant des piliers de bois sombre qui paraissaient fusionner avec un ciel inaccessible. Leur hauteur vertigineuse était telle que nous ne pouvions discerner leurs cimes, perdues dans la pénombre éternelle qui régnait au-dessus de nos têtes. Plus frustrant encore, ceux d'entre nous dotés d'ailes se trouvaient dans l'incapacité de les déployer et de s'élever, tant la canopée était impénétrable.
Nous étions des intrus dans ce royaume sauvage, confrontés à une nature à la fois majestueuse et inhospitalière. Un lieu qui semblait exhaler une énergie primordiale, comme si la forêt elle-même scrutait et évaluait notre présence. Chaque pas nous plongeait davantage dans l'isolement. Là où notre vision perçait habituellement les horizons lointains sur des lieues, nous ne pouvions désormais voir qu'à quelques mètres devant nous, aveuglés par cette obscurité oppressante. Les sons étaient étouffés, comme absorbés par la végétation omnipotente.
En dépit de ces conditions adverses, nous prîmes la décision de nous établir dans cette forêt mystérieuse, du moins provisoirement. Nous n'avions guère d'alternative. Aujourd'hui, ce lieu porte un nom : Thver, en hommage à celui qui nous guidait en ces temps immémoriaux. C'est son histoire que je m'apprête à vous narrer.
VOUS LISEZ
Tesselaris
FantasiDrukna Hugin nous raconte l'histoire de la civilisation helrynt à Tesselaris depuis ses origines.