Je flottais dans un espace éthéré, une étendue infinie de couleurs scintillantes et de lumières tamisées. L'absence de gravité me procurait une sensation de liberté inédite, mais en même temps, je ressentais une profonde mélancolie, une solitude qui s'étendait bien au-delà des limites de mon ancien corps. Les contours de Lomé, ma ville bien-aimée, s'estompaient lentement, se transformant en une silhouette lointaine. Je savais que je m'éloignais de ce monde que j'avais connu, mais je ne savais pas encore où j'allais.
L'Au-delà n'était pas un vide, mais un espace vibrant, chargé d'énergies et de murmures. Des couleurs éclatantes, que je n'avais jamais vues, dansaient autour de moi, tandis que des sons doux et mélodieux m'entouraient comme une caresse. C'était à la fois captivant et troublant. J'aspirais à comprendre ce nouvel environnement, cette réalité qui semblait m'accueillir dans ses bras invisibles.
Au milieu de cette beauté troublante, des silhouettes éthérées commençaient à se former, se matérialisant lentement à partir de la lumière qui m'entourait. Chaque âme avait sa propre aura, ses propres couleurs, une empreinte unique qui témoignait de son vécu. Parmi elles, une figure se détacha, une femme d'une élégance intemporelle, avec des cheveux noirs comme l'ébène et un sourire doux qui illuminait son visage.
« Je suis Amina », dit-elle d'une voix chaleureuse, résonnant comme un chant lointain. « Bienvenue ici, dans le royaume des âmes. »
« Je... je ne comprends pas », répondis-je, encore engourdie par la transition. « Je suis morte, n'est-ce pas ? »
Amina acquiesça, son regard empli de compassion. « Oui, mais cela ne signifie pas la fin. Ici, nous découvrons une nouvelle forme d'existence, une réalité où nous pouvons encore interagir avec ceux que nous avons laissés derrière. »
Un frisson d'étonnement parcourut mon être. Je pouvais encore interagir ? Je pouvais encore être présente dans le cœur de mes proches ? Les souvenirs des derniers instants passés dans ma chambre me revinrent en mémoire, et une douleur sourde me serra la poitrine. Je me rappelai la douleur sur les visages de ma mère, de ma sœur et de mon père. Je voulais les réconforter, leur dire que tout irait bien.
« Viens, je vais te montrer », invita Amina en m'entraînant avec elle dans un flot de lumière. Nous nous déplacions à travers un paysage en constante évolution, des formes et des couleurs se succédant comme un kaléidoscope. Des âmes errantes s'épanouissaient autour de nous, chacune s'efforçant de trouver son chemin.
Nous nous sommes arrêtées près d'un groupe d'âmes, toutes semblant engagées dans des échanges fervents. Amina me présenta à une âme qui se tenait à l'écart, une jeune femme nommée Fatou, avec des yeux tristes et des bras croisés sur sa poitrine.
« Je suis perdue, » murmura-t-elle, sa voix vibrante de douleur. « Je ne peux pas m'éloigner de mon passé, de mes regrets. Je n'arrive pas à lâcher prise. »
Je sentis une affinité avec Fatou. Comme elle, j'avais moi aussi du mal à accepter ma mort. Amina s'approcha d'elle avec douceur. « Le chagrin est une partie de la transition. Il est naturel de ressentir cela. Mais en te liant à tes souvenirs avec amour, tu peux commencer à avancer. »
Fatou hocha la tête, mais sa tristesse demeurait palpable. Je compris que chacun avait ses propres luttes à surmonter. Je me souvins de mes propres incertitudes et de la douleur de ceux qui m'aimaient encore.
Alors qu'Amina m'entraînait plus loin, je vis un homme, Kwame, qui semblait serein, absorbé par une lumière douce. « Bienvenue, jeune âme », dit-il d'une voix profonde et apaisante. « Je suis ici depuis longtemps. La clé est d'apprendre à apprécier chaque moment. Nous avons encore un rôle à jouer, même ici. »
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UNE EIV
Mystery / ThrillerUne EIV est une œuvre singulière qui interroge la nature du temps et de l'existence à travers un prisme inusité. L'âme d'une femme récemment décédée devient spectatrice de l'au-delà, mais découvre avec stupéfaction que le temps ne suit plus son cour...