Chapitre 5: Un savoir gardé

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L’ombre des souvenirs se projeta à nouveau autour de moi, me plongeant dans l’atmosphère vibrante des salles de classe et des couloirs animés d’une école. Je me trouvai à Lomé, dans un établissement scolaire qui avait marqué ma jeunesse, un lieu où les rêves prenaient forme et où les idéaux s'épanouissaient.

C’était une matinée ensoleillée, et l’odeur du café frais se mêlait aux cris des enfants jouant dans la cour. J'observais avec une tendresse mêlée de nostalgie la vie quotidienne de la jeune fille que j’étais alors, tout en m’immergeant dans ses pensées, ses luttes et ses ambitions. Les murs de l’école, peints en couleurs vives, étaient le reflet d’un enthousiasme débordant, tandis que les rires des camarades résonnaient comme une mélodie familière.

Je me revoyais, excitée, en uniforme, avec mon sac à dos sur l’épaule. Chaque jour, l’école était une aventure, un espace de découvertes et d’apprentissage. Je déambulais dans les couloirs, saluant mes camarades de classe, leur énergie contagieuse m'entraînant dans un tourbillon de bonheur. Mon regard se posait sur Ines, ma meilleure amie, une fille au sourire radieux qui avait un don pour faire rire tout le monde. Nous étions inséparables, nos rêves de grandeurs tissant une toile d’ambitions partagées.

Les journées à l’école étaient rythmées par des cours de mathématiques, de sciences et de littérature. Chacune de ces matières me fascinait, mais c’était l’histoire qui me captivait le plus. Je m'asseyais au premier rang, absorbant chaque mot du professeur, me projetant dans les récits de grandes civilisations et d’héroïnes oubliées. Dans ces récits, je trouvais des échos de mes propres aspirations, des modèles de résilience et de courage qui nourrissaient mon désir de faire une différence.

L’après-midi, après les cours, Ines et moi restions souvent à l’école, passant des heures à étudier ensemble. Nous partagions nos notes, nos idées, et parfois même nos craintes face aux examens à venir. Ces moments étaient précieux, créant un lien indissoluble entre nous. Je me souviens de nos sessions de révisions, avec des piles de livres éparpillés autour de nous, remplis de gribouillis et de surlignages. Nous rêvions de l’avenir, de nos ambitions, de la manière dont nous allions changer le monde.

Cependant, le chemin de l’apprentissage n’était pas toujours parsemé de roses. Je faisais face à des défis, des luttes internes et externes. Les attentes de mes parents, notamment celles de ma mère, Aïcha, pesaient sur mes épaules. Elle rêvait de voir ses enfants réussir, d’avoir des diplômes prestigieux, d’atteindre des sommets que, parfois, je ne pensais pas pouvoir atteindre.

Il y avait aussi des camarades de classe qui, par jalousie ou méchanceté, n’hésitaient pas à se moquer des étudiants plus studieux. Je me souviens d'une fois où un groupe de garçons avait décidé de s'en prendre à moi, se moquant de mes résultats scolaires. Je me sentais dévastée, incapable de comprendre pourquoi l’intellect et l’effort étaient moqués. Cette expérience, bien qu’humiliante, m’avait forgée. Je réalisai que ma force résidait dans ma détermination à poursuivre mes rêves malgré les obstacles.

Après avoir terminé l’école secondaire, je me dirigeai vers l’université, une étape que j’attendais avec impatience. La transition vers le monde universitaire était à la fois excitante et effrayante. Je me retrouvai dans une institution plus vaste, où les idées circulaient librement, où les débats passionnés et les échanges intellectuels nourrissaient ma soif de connaissance.

L’université, avec ses amphithéâtres bondés et ses bibliothèques immenses, était un univers en soi. Je découvris des matières qui éveillèrent ma curiosité : la sociologie, la psychologie et, bien sûr, le développement international. Chaque cours était une fenêtre ouverte sur le monde, une opportunité d’apprendre à comprendre les dynamiques sociales et économiques qui façonnaient nos sociétés.

Je me souviens d’une rencontre déterminante : celle de Dr. Adélaïde, une professeure charismatique qui inspirait ses élèves par sa passion pour l'Afrique et son engagement social. Elle nous parlait des enjeux du développement, de l’importance de la justice sociale, et de la manière dont chaque individu pouvait contribuer au changement.

Ses discours résonnaient profondément en moi. J'étais fascinée par sa manière d'aborder les défis sociaux, et je m'inspirai de son parcours. Elle était une pionnière, ayant surmonté des obstacles similaires aux miens, et son témoignage m’encourageait à rêver plus grand. J’aspirais à devenir une agente de changement, à mettre en pratique les connaissances que j’acquérais pour améliorer la vie de ceux qui m’entouraient.

L’université était aussi un lieu de militantisme. Je me joignis à plusieurs groupes étudiants qui œuvraient pour des causes sociales, comme l’éducation des filles, la santé communautaire et la lutte contre la pauvreté. Chaque semaine, nous organisions des ateliers, des campagnes de sensibilisation, et des manifestations. Je découvris alors le pouvoir de la voix collective, le potentiel d’une jeunesse unie autour de valeurs communes.

Ces engagements ne furent pas sans défis. J’avais souvent à jongler entre mes études et mes responsabilités au sein de ces groupes. Il m’arrivait de rentrer chez moi tard le soir, épuisée, mais le sentiment d’accomplissement que je ressentais compensait tous les sacrifices. Je savais que chaque effort, aussi petit soit-il, contribuait à un changement significatif.

Malgré tout, des moments de doute me submergeaient parfois. Je me retrouvais souvent à remettre en question ma capacité à réussir. Les examens approchaient, et la pression d’exceller m’accablait. Je me souviens d’une nuit, assise à mon bureau, entourée de livres et de notes, mes pensées tourbillonnant dans ma tête. L'angoisse m'étreignait alors que je m'interrogeais sur mes choix, sur l'avenir qui m’attendait.

C’est à ce moment-là que je repensai à Aïcha, ma mère. Elle avait toujours été mon pilier, me rappelant que l'échec n'était qu'une étape vers la réussite. Je pris un moment pour respirer profondément, me rappelant ses paroles réconfortantes. Elle m’avait appris à croire en moi-même, à persévérer malgré les doutes.

Les efforts payèrent finalement. Je me souviens du jour où je reçus mes résultats d'examen, un mélange d’angoisse et d’espoir. Lorsque je vis les notes, un cri de joie s’échappa de ma bouche. J’avais réussi avec mention, un accomplissement qui remplissait mon cœur de fierté. Les larmes d’émotion coulèrent sur mes joues, et je savais que ce succès n’était pas seulement le mien, mais celui de ma famille.

Les années passèrent, et je me retrouvai à l’aube de ma cérémonie de remise des diplômes. C’était un moment solennel, une célébration de toutes les luttes, des sacrifices et des triomphes. Je portais une robe académique, un symbole de l’effort et de la persévérance.

Je regardai autour de moi, voyant des visages familiers : mes camarades, mes professeurs, ma famille. Aïcha, avec des larmes de joie aux yeux, m’applaudissait. Malik était là, fier, portant un sourire qui illuminait son visage. Kadiatu, à mes côtés, était impatiente de voir ce que l'avenir me réservait.

Lorsque mon nom fut enfin prononcé, je marchai sur la scène avec assurance. Chaque pas résonnait comme une promesse, une affirmation de mon parcours. J’imaginais tous les sacrifices, toutes les nuits blanches passées à étudier, et toutes les batailles que j'avais menées pour arriver à ce moment.

En prenant mon diplôme dans mes mains, je réalisai que ce n’était pas qu’un morceau de papier, mais le reflet de mes rêves, de mes luttes, et de mon engagement envers moi-même et ma communauté. C’était le début d’un nouveau chapitre, un nouveau défi qui m'attendait

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