Chapitre 6: L'illusion du cœur

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Les souvenirs qui m’entouraient désormais avaient un goût sucré-amer, comme un fruit qui promettait douceur mais révélait en son cœur une amertume insoupçonnée. Alors que je glissais à travers le flot de mes pensées, je fus transportée dans une époque de ma vie marquée par les tourments du cœur, par l’exaltation de l’amour naissant, puis par l’abîme d’une trahison qui allait marquer mon existence d’une empreinte indélébile.

L’histoire d’un amour qui débute dans la passion, mais qui se termine dans la douleur, est universelle. Pourtant, dans ce souvenir particulier, chaque détail semblait plus vif, chaque émotion plus intense — comme si, à travers les yeux de mon âme, je pouvais enfin comprendre ce que j’avais autrefois refusé de voir.

Il s’appelait Koffi, un jeune homme au sourire charmeur et aux yeux profonds, une force tranquille qui, dès notre première rencontre, éveilla en moi des sentiments que je n’avais jamais ressentis auparavant. Je me revois sur le campus universitaire, une étudiante pleine d’aspirations et de rêves, ne me doutant pas que cette rencontre allait bouleverser ma vie.

Nous nous croisions souvent dans les couloirs bondés de l’université de Lomé, mais c’est un après-midi, sous l’ombre des acacias, que tout changea. C’était une journée comme une autre, le soleil caressant la peau des étudiants qui se pressaient en groupes, discutant des cours, des examens à venir, et des plans pour le futur. Je m’étais assise seule sur un banc, plongée dans la lecture d’un livre de philosophie, lorsqu’il s’approcha.

« Tu as l’air tellement concentrée, » dit-il en souriant, sa voix douce et chaleureuse.

Je levai les yeux, surprise, et je fus immédiatement frappée par son charisme. Son visage, bienveillant, portait les marques d’une assurance naturelle. Nous échangeâmes quelques mots, d’abord sur le livre que je lisais, puis sur la vie à l’université. Ce qui n’aurait dû être qu’une brève conversation se transforma en une discussion profonde et stimulante. Koffi avait ce don rare de rendre chaque échange captivant, de faire naître en moi des réflexions nouvelles.

Ce qui suivit fut une série de moments magiques, une succession de journées et de nuits où l'amour semblait si simple, si parfait. Nous partagions tout : nos idées, nos passions, nos projets pour l’avenir. Koffi et moi passions des heures à nous promener dans les rues de Lomé, à flâner sur la plage, à parler de tout et de rien sous la lueur des étoiles.

Il m'emmenait souvent au bord de l'océan, là où les vagues venaient caresser doucement le sable doré. C’était un endroit spécial pour nous deux, un refuge où le monde semblait s’éclipser, où seuls nos cœurs battant à l’unisson avaient de l’importance. Il me racontait ses rêves d’enfance, ses espoirs de réussite, et moi je lui confiais mes doutes, mes angoisses, mais aussi mes aspirations. C’était un amour qui, à ce moment-là, me semblait inébranlable.

« Avec toi, tout paraît possible, » lui disais-je souvent, et il me répondait avec ce sourire qui semblait effacer toutes mes peurs. Nous étions jeunes, insouciants, et persuadés que rien ne pourrait ébranler le monde que nous étions en train de construire ensemble.

Mais l’amour, aussi intense soit-il, ne peut être éternel lorsqu’il repose sur une fondation instable. Peu à peu, des signes commencèrent à émerger, des indices que j’avais refusé de voir, aveuglée par la passion que je nourrissais pour Koffi.

Cela commença par de petites absences, des excuses maladroites. « Désolé, je ne pourrai pas te rejoindre ce soir, j’ai un travail à finir avec un ami. » Ou bien : « Ce week-end, je suis pris, mais on se voit bientôt, je te le promets. » Je voulais croire que tout cela était vrai, que Koffi était simplement occupé, que son amour pour moi ne vacillait pas. Mais mon cœur savait déjà, d’une manière que mon esprit refusait d’accepter, que quelque chose ne tournait pas rond.

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