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Marilyn marchait d'un air l'as dans les couloirs de l'université. Contrairement aux autres étudiants qui semblaient enthousiasmés par le début de cette année scolaire, elle était plongée dans l'indifférence totale. Ça faisait trois ans qu'elle assistait au même spectacle : les premières années qui regardaient tous avec émerveillement, les autres qui retrouvaient leurs potes après des vacances d'été passés on ne sait où. Elle se dirigea vers son premier cours de la journée sans conviction. Elle s'assit sur un siège vide dans l'amphi et sorti son matériel. Elle était absorbée dans ses pensées quand le professeur l'interpella:

- Mademoiselle, pouvez-vous répéter ce que je viens de dire ?

- Non, répondit-elle en passant une de ses mèches de cheveux noirs corbeau derrière son oreille.

- Et pourquoi cela ?

- Eh bien parce que je n'ai pas prêté attention à vos babillages de macaque.

À ces mots, elle sentit un silence pesant s'installer dans l'amphi. Elle leva les yeux vers le professeur et de rendit compte de l'erreur qu'elle venait de commettre : Le professeur était noir et ses propos allait sonné comme du racisme.

- Désolée monsieur, je ne voulais pas...

- Pas la peine. J'ai l'habitude, l'interrompit-il. Ce ne sont pas les propos d'une gamine qui vont me déstabiliser.

- Je n'ai vraim...

Mais il ne l'écoutait déjà plus et avait repris le cours comme si l'incident n'avait jamais eu lieu.

Marilyn se mordit la lèvre inférieure de honte et sortit de l'amphithéâtre dans dire un mot. Elle s'était comporté comme une véritable conne. Elle se dirigea vers les toilettes et s'enferma dans l'une des cabines. Là, elle sortit une cigarette de son sac qu'elle alluma avec son briquet de poche et tira un grand coup dessus.

Fumer était la seule chose qui lui permettait de décompresser et d'oublier ses soucis. Encore une habitude détestable qu'elle avait hérité de sa paumée de mère.

Ça faisait plusieurs minutes qu'elle rejetait les ronds de fumée en regardant le mur en face d'elle quand elle entendit quelqu'un frapper à la porte.

- C'est occupé, cria-t-elle.

- Je sais que t'es là Mary, ouvre-moi.

Mary ? Y avait que Lindsey pour l'appeler comme ça.

- Qu'est-ce que tu fais là Lindsey ? Demanda-t-elle en ouvrant la porte.

- J'ai appris pour ce matin et...

- Waouh !!! Les nouvelles circulent vite dans ce trou à rat. Quoi ? Ils ont déjà ajouté le racisme à la liste de mes nombreux crimes ? Demanda-t-elle avec sarcasme.

- Ne le prend pas de cette façon. Moi je sais que t'as pas fait exprès. Répondit Lindsey en la serrant dans ses bras.

- C'est juste que j'avais vraiment les nerfs à fleur de peau ce matin et ce prof qui voulait jouer son intéressant... D'ailleurs je ne l'ai jamais vu ici.

- C'est normal. Il est arrivé ce semestre. Je me demande comment tu fais pour être la meilleure élève de notre promo tout en étant aussi... Toi.

Marilyn ne releva pas sa remarque et se dirigea vers la sortie. Elle devait se reprendre en main si elle voulait conserver sa bourse pour le semestre prochain.

Elle alla à l'amphi et trouva le professeur qui était entrain de ranger ses affaires. Elle toussota pour attirer son attention.

- Euh... Je voulais m'excuser pour ce matin monsieur...

- Mbarga, monsieur Mbarga. Comme je vous l'ai dis ce matin, pas la peine de le faire.

- Je sais mais c'est juste que j'ai eu un mauvais début de journée et...

- Mademoiselle Bourgeois, vous allez m'excuser mais si tout le monde devait être impoli au moindre problème personnel cette planète deviendrait invivable. Vous devriez apprendre à gérer vos émotions surtout si vous voulez faire carrière dans le droit. Sur ce je vous laisse car ma journée ne fait que commencer.

Il la laissa planter là comme une demeurée. La honte qu'elle ressentait depuis l'incident laissa place à la colère. Mais pour qui se prenait cet homme pour se permettre de refuser des excuses ?! Il venait de se faire une ennemie au sein du campus.

la journée se déroula sans un autre incident. Le soir, elle rentra à son appartement qu'elle partageait avec sa mère.

- Simone, Simone, hurla-t-elle en retirant son manteau. Mais elle n'obtint aucune réponse. Elle s'affaissa dans le divan et se passa les tempes d'un air las. La journée avait été longue et elle devait encore réviser ses cours pour prendre de l'avance sur le programme.

Elle s'était endormie sur ses cours quand la sonnerie de son portable la sortit de son sommeil. C'était sa mère.

- Qu'est-ce que tu veux Simone ? Demanda-t-elle en s'étirant.

- Aujourd'hui j'ai vu un éléphant rose qui faisait du vélo et...

- Ne me dis pas que tu as encore picolé ! S'exclama Marilyn, hors d'elle.

- Bien sûr que non, juste deux ou trois verres, répondit sa mère.

- Eh bien puisque tu n'as bu que trois verres, je suis certaine que tu sauras retrouver le chemin de la maison comme une grande. Dit-elle en raccrochant.

Elle sortir son paquet de cigarettes et fuma  une en regardant le pendule accroché au mur. Il était minuit passé et sa mère n'était toujours pas là. Elle grilla cigarette sur cigarette en regardant obstinément son regard rivé sur le pendule. Au bout de quinze minutes, elle n'en put plus et sortit dans la rue. Simone n'était peut-être pas la meilleure mère du monde mais au moins elle avait le mérite d'être toujours là pour elle, enfin quand elle n'était pas en cure de désintox.

Elle avait arpenté tous les bars avait l'habitude de se saouler mais elle n'était nulle part. Son inquiétude allait crescendo car Simone était la seule personne qui lui restait au monde. Ses véritables parents n'avaient jamais voulu d'elle et Simone l'avait recueillie après sa tournée des familles d'accueil.

Elle était entrain de sortir du dernier bar qu'elle avait visité quand un homme renversa son verre sur elle.

- Tu ne peux pas faire attention, abruti. Cria-t-elle sur l'inconnu.

- Désolé mademoiselle.

Marilyn eut un frisson. Cette voix aux accents chauds comme un été sur les tropiques, elle l'avait déjà entendu. Elle leva les yeux et son regard mi-bleu mi-vert rencontra celui marron noisette de son interlocuteur.

" Vous" fut le seul mot qu'elle réussi à formuler.

MarilynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant