L'ÉCLAT DU PASSÉ

Chapitre 4- Imany

Le lendemain matin, Imany se réveille après une nuit tourmentée. Les rêves qui peuplaient son sommeil étaient décousus, fragments d'angoisses et d'incertitudes qui la laissaient confuse. Elle tourne la tête vers la fenêtre, à moitié masquée par un rideau beige qui laisse passer quelques filets de lumière. Le soleil est déjà haut, illuminant la pièce avec une chaleur douce qui contraste avec la froideur qui a envahi son esprit depuis hier soir. Elle n'a pas cessé de penser à ce mot glissé sous la porte. Une simple feuille, quelques mots tracés à la va-vite, et pourtant cela suffit à éveiller en elle une peur viscérale.

Assise sur le bord du lit, elle inspire profondément, tentant de chasser les pensées sombres qui l'assaillent. Elle sait qu'elle ne peut pas se laisser engloutir par la peur. Sa tante lui a dit de ne pas s'inquiéter, qu'il y avait souvent des plaisanteries idiotes dans le quartier. Mais ce n'était pas rassurant pour autant.

Aujourd'hui, elle a décidé de prendre les choses en main, de s'éloigner de ce malaise et de se concentrer sur son avenir. Depuis son arrivée ici, elle n'a cessé de remettre à plus tard sa recherche d'emploi, mais il est temps d'agir. Elle attrape son téléphone, met à jour son CV et envoie quelques candidatures en ligne. Mais elle sait que cela ne suffira pas. Dans un endroit comme celui-ci, les entreprises veulent voir les visages. Elle doit sortir, aller directement sur le terrain.

Imany s'habille rapidement, optant pour une tenue sobre mais professionnelle : une chemise blanche, un pantalon noir bien ajusté, et une veste grise. Elle enfile ses baskets, plus pratiques pour marcher dans les rues cabossées du quartier. Dans le miroir du couloir, elle examine son reflet. Ses yeux révèlent encore un peu de fatigue, mais elle fait de son mieux pour se donner une allure déterminée.

Après avoir glissé son CV dans un dossier en cuir, elle s'apprête à quitter l'appartement. Sa tante est déjà partie au travail, et la maison est silencieuse, presque trop calme après les événements de la veille. Elle envoie un message rapide à sa tante pour lui dire qu'elle part en ville chercher du travail, puis elle sort enfin.

Dehors, l'air est frais, mais la température monte doucement à mesure que le soleil se lève. Elle prend le chemin vers le centre-ville, un quartier plus animé avec des boutiques, des agences et quelques entreprises locales. La marche est agréable, lui permettant de se vider l'esprit, mais une tension persistante demeure, comme une ombre qui la suit.

Arrivée au centre-ville, elle entre dans plusieurs boutiques pour proposer son CV. Dans une boulangerie, la propriétaire lui lance un regard désolé avant de secouer la tête.

— Désolée, ma petite, on n'a pas besoin d'aide pour le moment.

Dans une boutique de vêtements, c'est le même refrain.

— On cherche plutôt des gens avec de l'expérience dans la vente, tu comprends ?

Les refus s'enchaînent, et l'enthousiasme initial d'Imany commence à s'éroder. Le monde professionnel est plus difficile qu'elle ne l'imaginait. Elle pensait qu'avec sa motivation, elle pourrait facilement décrocher un petit job, mais elle se rend compte que la réalité est différente. Ici, on embauche rarement les étrangers, ceux qui viennent de l'extérieur. Elle est perçue comme une étrangère, quelqu'un d'inconnu dont les compétences sont suspectes.

Après deux heures de marche et de visites infructueuses, elle s'arrête dans un petit café pour prendre une pause. Elle commande un thé et s'assoit près de la fenêtre, observant la ville qui s'agite autour d'elle. L'énergie de cette ville de province est bien différente de celle de la grande ville dont elle est originaire. Ici, tout semble fonctionner à un rythme différent, comme si chaque action prenait plus de temps. C'est frustrant.

Son téléphone vibre soudainement sur la table. Un message. Elle hésite un instant avant de jeter un coup d'œil à l'écran. C'est Samir.

"C'était juste une blague hier soir. T'as flippé pour rien 😂"