Chapitre 11

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"Il n'y a pas de meilleur miroir qu'un ami véritable." Proverbe japonais

Je ne me lasserai jamais de cette vue sur la cime des arbres de Central Park. L'appartement de Matt, situé dans L'Upper East Side, et que je rêverais de posséder, est immense, lumineux avec de hauts plafonds  et très masculin. Depuis que Julia s'y est installée avec Hunter, elle a su le rendre plus cosy, plus cocooning. Seul bémol, c'est bordélique au point de me demander comment Matt peut le supporter ; lui qui aime tant l'ordre. Ça m'interpelle autant que ça me fascine.

― Tu ne vas pas recommencer ! ronchonne Julia.

Je me stoppe dans ma contemplation pour la dévisager.

― Commencer quoi ?

Elle pose un plateau, garni de pâtisseries et d'une théière, sur la table basse. Elle s'assied en face de moi et me répond d'un ton amusé :

― Comment Matt peut-il accepter ce désordre ? Parce qu'il m'aime et que je sais comment me faire pardonner.

Elle hausse un sourcil dans un signe diabolique. Je m'esclaffe et en même temps, je l'envie. Matt était l'homme le plus arrogant que je connaissais. Rien ne comptait plus que sa petite personne, ses trophées en tout genre et ses succès. Maintenant, Julia est son gros point faible. Il lui passe tout. Enfin presque. Jolie revanche pour tout ce qu'elle a traversé.

― Profites-en.

― C'est ce que tu me dis à chaque fois, rétorque-t-elle en nous servant une tasse de thé.

― Alors mes conseils ont fini par payer, plaisanté-je.

On pouffe à la complicité de notre amitié, à toutes nos confidences et à toutes les épreuves vécues ensemble. Elle mérite d'être chouchoutée. Leur couple est mon modèle. Avec eux, l'impossible devient possible. Les babillements de ma Luciole attirent mon attention. Hunter, penché sur le tapis d'activité, secoue une peluche devant son visage. Il a cette douceur en lui qui me donne à chaque fois l'envie de le prendre dans mes bras pour le couvrir de tendresse. Il aura sept ans en fin d'année et fait preuve d'une grande patience pour son âge.

― Il pourrait faire du babysitting pour toi, me confie Julia.

Il pourrait, oui. Il égaie le monde de ma fille. Quand ils sont ensemble, elle paraît plus dynamique, plus joyeuse.

Je bois une gorgée de thé avant de lui répondre.

― Pourquoi pas. Tammy l'adore. Et maintenant qu'Evy a décidé de retourner à Atlanta, Tammy aura besoin de voir une autre tête que la mienne.

― Tu m'as annoncé la nouvelle, mais pas la raison. Elle qui aime New York et adore être avec toi.

Je lui fais signe de l'index de patienter quand je mords dans un brownie caramel beurre salé, le meilleur que j'ai jamais goûté - comme à chaque fois. Mon gémissement de plaisir lui arrache un sourire. Je m'essuie la bouche et lui réponds :

― Même si Tammy est à l'aise avec elle, les bébés, ce n'est pas vraiment son truc. Lors de la soirée au Nouna...

― Dont je n'ai eu aucun détail, m'interrompt-elle, mi-impatiente, mi-indignée.

Je retiens un rire de justesse. Mais mon regard lui exprime tout mon amusement.

― Si tu me laissais finir, tu saurais.

Elle mime un silence de ses doigts et s'empare d'un roulé au chocolat, fourré d'une mousse pralinée, qu'elle croque à pleine dent. Elle me tente au point que j'avance ma main pour en saisir un, mais elle éloigne l'assiette.

La mélodie du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant