Chapitre 17

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Aline avançait à pas feutrés dans l'immense bâtiment religieux. Les murs, hautement sculptés, semblaient avoir traversé plusieurs siècles. Althaïr marchait à ses côtés. Il avait prévenu Aline que ce rendez-vous serait crucial. Ils avaient roulé sans s'arrêter, traversant la nuit noire jusqu'à ce que l'aube se lève à l'horizon. Mehran, quant à lui, avait fait la route avec eux et attendait à l'extérieur.

Le bâtiment s'élevait sur plusieurs niveaux, mais c'était l'étage privé, réservé aux initiés et aux invités triés sur le volet, qui les attendait. Althaïr avait confié à Aline que peu de gens étaient autorisés à monter là-haut. Aline savait que ce n'était pas un simple rendez-vous, c'était le seul moyen de rattraper son erreur, et d'avoir des alliés assez puissants pour les protéger.

Althaïr poussa une épaisse porte de bois sculpté, et elle s'ouvrit dans un grincement sourd, révélant une vaste pièce. Au centre, une table monumentale en forme d'hexagone trônait, gravée de motifs complexes. Trois hommes étaient assis sur des trônes imposants, chacun décoré à la manière des fresques religieuses, avec des sculptures de saints et d'archanges.

Le premier, à la gauche, l'aîné des frères, arborait une chevelure courte et soignée, d'un blond vénitien tirant sur des reflets roux. Ses traits étaient durs, ciselés, ce qui rappelait les sculptures de pierre. Son trône, lui, était décoré de scènes de guerre, d'armées en marche et de batailles furieuses.

Le second, assis au centre, était le plus étrange des trois. Ses longs cheveux châtains tombaient sur ses épaules. Il avait une apparence éthérée, presque malade, son visage effilé marqué par des traits légèrement cassés. Ses yeux syphilitiques étaient fuyants, et il semblait plus spectre qu'homme, comme une figure sortie d'une icône byzantine. Son trône était orné de scènes bibliques et d'anges.

Le troisième, plus jeune que ses frères, était assis à la droite de l'hexagone. Contrairement aux autres, ses cheveux étaient courts et d'un blond très clair. Son visage avait une forme angélique et ses yeux bleus brillaient d'une intelligence froide et calculatrice. Son trône était orné de scènes apocalyptiques et de bêtes mythiques.

Ces trois hommes étaient les frères Gianci.

Aline ressentit une pression si grande que ses genoux voulaient plier. À chaque avancée, elle ressentait le besoin de se prosterner. Ses paumes étaient moites. Ce sentiment ne venait pas seulement de la peur. C'était plus profond, plus viscéral, comme si ces trois figures assises incarnaient une forme de pouvoir ancien, inexorable, qui réclamait allégeance.

Althaïr resta impassible. C'était la première fois qu'il se retrouvait en présence des trois frères Gianci, et même s'il les respectait, il préférait demeurer à distance. Leur réputation les précédait, et leur lien mystérieux le Vatican en faisait des figures intouchables. Personne ne savait vraiment d'où venait leur pouvoir ni comment ils avaient réussi à établir une telle autorité, mais il était clair qu'ils régnaient d'une main de fer, et leurs relations avec la Bratva renforçaient leur influence.

Ces trois hommes, aussi énigmatiques que puissants, avaient non seulement le contrôle des alliances, mais leur parole était comme une bénédiction ou une malédiction. Ils étaient au sommet de la hiérarchie.

Devant eux, lui et Aline n'étaient que des pions, la moindre erreur pouvait leur coûter la vie. Le simple fait que les frères Gianci leur accordent du temps relevait du miracle. Se retrouver dans cette salle, face à eux, c'était comme être devant un tribunal divin.

L'aîné des Gianci, esquissa un sourire étrange en observant Aline. Il échangea un regard rapide avec ses frères. Après ce qui sembla une éternité, leurs murmures en latin s'estompèrent, et l'homme assis au centre, avec ses longs cheveux se redressa légèrement.

Althaïr ( VF )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant