Je me nomme Aiyana Bennett Dupree, je suis immortelle. Voici mon histoire.
Je suis née en 1689 dans ce qu'on appelle aujourd'hui la Nouvelle-Orléans. Mes parents, ainsi que mes grands-parents faisaient partie des nouveaux riches issus de la colonisation.
La Nouvelle-Orléans. Ma vie. Mon éternité.
J'ai eu une enfance heureuse. Je n'ai jamais manqué de rien. J'ai pu manger à ma faim, avoir de jolis habits. Je suis bilingue, parlant le français et l'anglais aisément. Je me suis mariée à seize ans à Matthew, le fils d'un ami de mon père. Le jour où l'on m'a annoncé notre future union, j'en ai été très heureuse, car mon cœur ne battait que pour lui. Matthew était grand, dans les un mètre quatre-vingt, brun, les yeux de couleur noisette. J'ai été séduite par son regard, son sourire et sa voix. Il avait une voix si douce et suave, qu'un simple bonjour et mon cœur battait la chamade. Je ne pensais pas le mériter. Il avait le choix entre de multiples jeunes femmes plus âgées que moi, à la taille si fine que j'avais l'impression que le vent pouvait les emporter, alors que j'avais encore mes rondeurs d'adolescente. La veille des noces, il m'a confié que la seule femme qu'il voulait épouser, c'était une jeune fille brune aux cheveux longs ondulés, avec de jolies fossettes, qui avaient les yeux d'un bleu comme le ciel un jour ensoleillé. J'étais la femme qui portait la bague de fiançailles de sa défunte grand-mère. J'étais la seule pour lui, comme il avait été - et resterait - mon premier et mon seul amour.
La vie n'avait pas été un long fleuve tranquille. À 19 ans, j'avais fait une fausse couche à deux mois de grossesse et deux ans plus tard Matthew mourait de maladie.
J'étais retournée chez mes parents. Même si mon jeune frère, Dalen, était peiné de mon malheur, il était heureux de me retrouver. Nous étions proches.
À l'aube de mes vingt-neuf ans, pourtant, ma vie avait pris une toute autre tournure.
C'était en 1718. Nous rentrions du grand bal de la fondation de la Nouvelle-Orléans. La soirée avait été merveilleuse. Pour l'occasion, Mère m'avait acheté une nouvelle robe de couleur vert émeraude, avec des frous-frous. Musique, danse, rires. J'avais enfin repris goût à la vie après huit ans d'enfermement émotionnel.
Mais une nouvelle fois, on allait m'arracher une partie de mon être. Après avoir été veuve, j'allais devenir orpheline.Nous venions de rentrer à la demeure familiale. Nous nous étions installés dans le salon pour parler de cette soirée, quand un violent courant d'air a fait claquer les portes. J'ai serré mon frère dans mes bras, la peur m'envahissant. Ma tête est rapidement devenue lourde et j'ai été prise de vertiges, je me suis sentie fatiguée... puis plus rien. Quand je suis revenue à moi, mon frère n'était plus dans mes bras, mais au sol, immobile, couvert de sang. Je me suis agenouillée à ses côtés, essayant de sentir les battements de son cœur, mais il n'y en avait aucun. En faisant le tour de ma demeure, je me suis vite aperçue que toute ma famille et nos domestiques encore présents étaient morts, couverts de sang. En voyant ça, malgré ma peine, j'ai été incapable de crier, de pleurer, je suis restée immobile au milieu des corps des membres de ma famille dans le salon, quand une voix venant de nulle part m'a sortie de ma torpeur.
Je me souviendrai à jamais du sentiment qui m'a retourné les sens, tordu les tripes, quand je les ai vus, lui et son sourire teinté du sang de mes proches.
Cette vision m'a encore plus donné la nausée.Je me suis levée et je me suis appuyée contre l'un des murs. Alors que je fixai son sourire sanguinolent, je n'ai réalisé qu'il se rapprochait de moi qu'en le sentant me frôler. Il me dit, d'une voix qui se voulait charmeuse, qu'il m'avait enfin trouvée, moi qui allais passer la vie éternelle à ses côtés, qu'il s'était délecté de mon sang comme jamais, que j'étais spéciale. En posant ma main droite là où il venait de me frôler, j'ai senti sous mes doigts les mêmes traces que portaient mes proches. Il a continué son monologue, disant qu'il me voulait corps et âme, qu'il m'avait transformée. Quand il a éclaté de rire, satisfait de lui, j'ai agi."

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Couleur framboise
ParanormalJe me nomme Aiyana Bennett Dupree, je suis immortelle. Voici mon histoire.