Chapitre 11

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Le lendemain matin, nous reprîmes notre chevauchée vers les collines océaniques. Emirya avait déjà mis Cain au courant de la conversation que j'avais eue avec elle la veille. Même si une certaine méfiance persistait entre eux, je sentais qu'elle commençait enfin à faire confiance à mon frère, ce qui me rassurait.

La route qui menait aux collines était aussi étrange que fascinante. Les plaines, d'un bleu profond, semblaient vivantes. De petites bulles scintillantes flottaient paresseusement dans l'air, ajoutant une touche presque magique à l'atmosphère. L'air marin chatouillait mes narines, embaumant mes pensées d'une sérénité étrange. C'était comme si chaque souffle d'air chargé d'embruns nous guidait un peu plus vers une terre où le ciel et l'océan ne faisaient qu'un.

Lorsque le château apparut enfin devant nous, il était tout simplement stupéfiant. Fait de nacre bleutée, il semblait taillé directement dans l'océan lui-même. À l'extérieur, des Sangs Bleus travaillaient, cultivant diverses plantes médicinales tandis que d'autres naviguaient sur de petits bateaux, leurs mouvements aussi gracieux que ceux des vagues.

— "Les Sangs Bleus sont très avancés en médecine et en alchimie," expliqua Emirya, observant la scène autour de nous. "Ils ont développé des techniques que même les plus grands alchimistes envient. Il faut nous attendre à rencontrer un peuple fier et... souvent méfiant."

Je remarquai que beaucoup de Sangs Bleus nous fixaient, mais leurs regards se concentraient surtout sur Atlas, la monture d'Emirya. Leurs yeux, d'un bleu océan profond, brillaient d'une intensité que je ne parvenais pas à déchiffrer.

— "La reine Rebecca n'a-t-elle pas aussi une monture royale ?" demanda Cain, perplexe en voyant l'attention portée à Atlas. "Pourquoi te dévisagent-ils ainsi ?"

— "Rebecca monte une toute autre créature. Vous verrez bien," répondit Emirya en caressant le flanc de son cheval. "Et comme je vous l'ai dit, Atlas est un Équiador, le roi parmi les chevaux. Avoir un Équiador à ses côtés est un signe de pouvoir absolu. Il n'a pas d'égal."

Nous pensions être les bienvenus puisque les gardes nous avaient permis d'entrer dans la cour du château sans heurts. Mais soudain, comme un seul homme, ils se retournèrent, alignant leurs lances parfaitement synchronisées, les pointant sur nous.

— "Que font une Sang Noire et deux mâles fae sur nos terres ?" tonna l'un des gardes. "Présentez-vous, voyageurs !"

Emirya, imperturbable, se redressa sur sa monture. Sa voix résonna, forte et claire, emplie d'une autorité qui imposait le respect.

— "Je suis Emirya Skellin, descendante de la grande reine Belladonna aux marques de sang. Fille du roi des Sangs Noirs, Edwards Skellin, et de la reine Victoria Bloodflare. Héritière légitime de la couronne de sang. Je viens à la rencontre de ma cousine, la reine Rebecca Vyralis."

Un murmure parcourut la cour, l'agitation se répandant à la vitesse de l'éclair.

— "Menteuse !" s'écria le garde. "La princesse héritière est morte il y a des années !"

À ces mots, Atlas se cabra brusquement, ses canines acérées apparaissant. Il se prépara à attaquer le garde, prêt à lui arracher la tête d'un seul coup. Juste avant que le drame n'éclate, une voix féminine claire perça l'air.

— "Imbéciles ! Laissez-moi passer ! Ne voyez-vous pas que c'est la cousine de notre reine ? Seule une Skellin pourrait dompter un Équiador, bande d'ignares !"

La voix appartenait à une petite Pixie, blanche comme la neige, qui virevoltait jusqu'à nous. Ses ailes battaient si rapidement qu'elles devenaient floues à l'œil nu.

— "Je suis Léonie, à votre service, majesté," dit-elle en s'inclinant devant Emirya avec un air de malice dans ses yeux scintillants. "Veuillez pardonner la conduite des gardes. Ils manquent cruellement de manières, mais heureusement pour vous, votre cousine m'a, moi ! Suivez-moi, je vais vous mener à elle."

Le peuple de l'air : La Princesse OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant