Chapitre 9- samir

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Cela faisait plusieurs jours que je n'avais pas revu Imany. Après la blague du message, je pensais qu'elle me répondrait direct, mais elle m'a ignoré. En temps normal, ça m'aurait amusé, j'aurais laissé couler. Mais là, je ne sais pas pourquoi, j'étais obsédé par elle. Peut-être parce qu'elle est différente des autres filles que je fréquente. Pas impressionnée par mes airs, mes regards ou mes paroles. Elle, elle a de la fierté. Elle a aussi ce petit truc qui te donne envie d'en savoir plus, comme si elle cachait quelque chose sous son apparence de fille sérieuse.

Je l'ai vue entrer dans la cité avec ses petites valises, le regard un peu perdu. Depuis ce jour-là, je l'ai suivie à distance, en la surveillant, sans qu'elle le sache. Je fais attention, évidemment, je ne veux pas qu'elle me prenne pour un cinglé. Mais je garde un œil sur elle, pour comprendre un peu mieux qui elle est.

D'ailleurs, j'ai eu de la chance le jour où elle a laissé sa voiture mal verrouillée. En fouillant rapidement dans ses affaires – rien de méchant, juste une curiosité malsaine – j'ai trouvé son numéro sur une note. Depuis, j'envoie des messages de temps en temps. Elle me répond rarement, et encore, juste des "non" ou des "occupée". Pourtant, je sens qu'elle n'est pas totalement indifférente.

Là, je gère encore mes affaires. Mon business prend de l'ampleur. Je ne suis pas né dans une famille avec de l'argent, alors j'ai fait ce que je pouvais pour survivre. J'ai commencé par des petites magouilles, des trucs sans gravité, et maintenant, je suis dans quelque chose de plus sérieux. Plus risqué aussi. Ça fait peur, parfois, mais la vie dans la cité, c'est comme ça : soit tu bouffes, soit tu te fais bouffer. Et moi, j'ai jamais eu l'intention de me laisser faire.

Mon pote Lucas est avec moi, comme d'habitude. Lui et moi, on se connaît depuis qu'on est gosses. On a tout fait ensemble, des conneries au lycée aux premiers deals. Lucas, c'est le genre de gars fiable, discret. Il parle peu, mais quand il ouvre la bouche, c'est pour dire quelque chose d'important. Aujourd'hui, on attend un client, quelqu'un de nouveau. Le genre de type nerveux qui veut se faire de l'argent rapidement. J'aime pas trop bosser avec des gens comme ça, mais il est recommandé, alors je vais voir.

Lucas est appuyé contre le mur, les bras croisés, jetant un regard alentour.

— Il est en retard, dit-il simplement, d'un ton calme.

Je hoche la tête, agacé.

— Ouais, j'aime pas ça. Si le mec est pas fiable dès le début, ça sent mauvais.

Je scrute la rue, les passants qui vont et viennent. La cité est toujours animée, mais les vrais savent se reconnaître entre eux. Nous, on a appris à se fondre dans le décor, à agir comme si tout était normal, même quand c'est loin de l'être. Finalement, un type approche. Petit, la trentaine, l'air stressé, avec une veste trop grande pour lui. Je le repère tout de suite. Lucas aussi.

— C'est lui, murmure Lucas. Tu veux que je m'en occupe ?

Je secoue la tête.

— Non, c'est moi qui vais le gérer. Reste là, au cas où.

Je m'avance vers le mec, mon visage impassible. Il me regarde, nerveux, sa main tremblante quand il sort une enveloppe de sa poche.

— C'est... c'est pour toi, dit-il, la voix hésitante.

Je prends l'enveloppe sans un mot, la glissant dans ma veste. Je ne l'ouvre pas tout de suite, ça serait suspect. On ne montre jamais ce qu'on fait vraiment dans la rue. Tout doit être rapide et discret.

— T'as le reste ? lui demandé-je.

Il acquiesce, me tend un autre petit paquet, plus compact. Je le prends, jetant un coup d'œil rapide autour de nous pour m'assurer que personne ne nous regarde de trop près. Lucas, toujours en retrait, surveille la scène.

L'ÉCLAT DU PASSÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant