Chapitre 1 : Emile

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Dans un coin isolé de la ville, là où les lumières des gratte-ciels disparaissaient dans la brume du soir, se trouvait un petit jardin. Un havre de paix au milieu des bâtiments de verre et de métal, où le chant des oiseaux couvrait à peine le bruit des drones et des voitures volantes. L'air sentait la terre humide et les fleurs, créant une atmosphère apaisante. Émile, les mains pleines de terre, taillait une rose rouge. C'était sa fierté, la beauté dans un monde qui semblait l'avoir detruite.

Il leva les yeux vers le ciel, où les étoiles disparaissaient sous la lumière des écrans omniprésents. Les passants, absorbés par leurs appareils, avançaient avec des visages vides, plongés dans des mondes virtuels. Émile secoua la tête avec un sourire amer. Où est passée la curiosité ? pensa-t-il, se souvenant du temps où les gens se rencontraient en personne et prenaient le temps de discuter.

Il se rappela les phrases de son père. « Ne laisse jamais le monde extérieur te définir, Émile, » lui disait-il. Ces mots résonnaient encore en lui, devenus son mantra.

La ville annonçait la mise en place d'un nouveau réseau de réalité augmentée, une promesse de divertissement sans fin, mais pour Émile, cela ne signifiait qu'une chose : une invasion supplémentaire dans son havre de paix.

Il prit une profonde inspiration et se redressa doucement, le cœur lourd d'inquiétude. Le vent portait des rumeurs de changement dans le jardin. Les jours à venir s'annonçaient incertains, et Émile sentait que le monde autour de lui changeait. Dans une société dominée par la technologie, il restait en marge, un dernier témoin de l'humanité dans un univers qui se transformait.

Le lendemain matin, la ville se réveilla sous un voile de brume couvrant les bâtiments futuristes. Émile, fidèle à son habitude, se leva tôt pour profiter du calme. Dans sa petite cuisine, il préparait un café noir, dont l'odeur amère flottait dans l'air. Par la fenêtre, il regardait son jardin éclatant de couleurs. Chaque feuille, chaque fleur était le fruit de son travail, et en les observant, Émile ressentait une profonde fierté pour ses plantations, un petit coin de nature qu'il avait préservé au milieu de la modernité.

Soudain, un bruit de pas le fit sortir de sa contemplation. Il se retourna pour voir Lucie, la voisine du bâtiment d'à côté, qui approchait avec un sourire enjoué. Ses cheveux bruns en bataille, des lunettes sur le nez, elle semblait prête à débattre du dernier gadget technologique.

« Bonjour, Émile ! » s'exclama-t-elle en entrant, comme si elle n'avait pas remarqué le désordre de la pièce. « As-tu entendu parler du nouveau réseau de réalité augmentée qui va être lancé demain ? Ils promettent de transformer notre expérience quotidienne. »

Émile, le regard pensif, leva un sourcil. « Que vont-ils nous proposer de nouveau ? Des images holographiques pour embellir nos vies déjà trop artificielles ? »

Lucie éclata de rire. « Tu es incorrigible ! Mais avoue, il y a quelque chose de séduisant à l'idée d'augmenter notre réalité. Pense aux possibilités ! »

« Et que perdrons-nous en échange ? » rétorqua-t-il, la voix empreinte de sagesse. « Je crains que les interactions humaines ne soient les premières victimes de ce progrès. »

Lucie prit une profonde inspiration, ses yeux s'illuminant d'un mélange de passion et de frustration. « Émile, tu es le dernier à vouloir revenir en arrière. Je comprends ton point de vue, mais il faut avancer. Nous avons besoin de technologie pour évoluer ! »

Émile soupira. « Évoluer ne veut pas dire renoncer à ce qui nous rend humains. La beauté réside dans la simplicité, Lucie. Regarde autour de nous, que restera-t-il quand tout sera numérisé ? »

Avant que Lucie ne puisse répondre, un bruit strident interrompit leur conversation. C'était un drone de livraison. Ses hélices fines, presque invisibles, battaient l'air avec une efficacité surprenante. Il se glissait silencieusement dans l'air au-dessus d'eux avant de se poser avec une précision chirurgicale. Il déposa un colis dans la rue, puis reprit son envol, laissant derrière lui un léger parfum de métal.

« Voilà, » dit Lucie en désignant le drone, « ça, c'est l'avenir. C'est rapide, efficace, et ça libère du temps pour des choses plus importantes. »

Émile secoua la tête, comme pour contredire ce qu'elle disait.

« Mais il faut aussi se rendre compte que beaucoup de gens dépendent de ces innovations. » Dit-elle.

« Et beaucoup d'autres souffrent des conséquences, » répliqua Émile. « Tout est une question de point de vue »

À ce moment-là, une voix familière retentit. C'était Henri, l'ancien professeur, qui se dirigeait vers eux.

« Émile, Lucie, quel débat fascinant vous avez ici ! » dit-il, s'approchant avec un sourire bienveillant. « J'espère que tu n'as pas encore convaincu Lucie de vivre dans une grotte, Émile ! »

Émile rit, mais son regard restait sérieux. « Non, Henri. Je tente simplement de lui rappeler l'importance de nos racines. »

Henri hocha la tête. « Et je suis ici pour te rappeler que le changement peut aussi être une force positive. L'important est de ne pas perdre de vue notre humanité. »

Le trio se mit alors à discuter, le jardin résonnant des éclats de rire et des débats. Les heures passèrent, et bien que le monde s'évertuait à avancer technologiquement, dans cet espace sacré, Émile cultivait non seulement des fleurs, mais aussi des liens, essayant de préserver ce qui, pour lui, était essentiel.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 14 ⏰

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