L'ÉCLAT DU PASSÉ

Cahpitre 10- Imany

Quelques jours ont passé depuis ma conversation avec Samir, mais les paroles qu'il a prononcées continuent de résonner en moi. Depuis, je ne cesse de me demander où tout cela nous mène. Mais ce soir, je n'ai pas envie de réfléchir à tout ça. Ce soir, c'est la soirée hebdomadaire de la cité, un événement informel où tous les jeunes se retrouvent, où les familles traînent un peu plus longtemps dehors, et où l'on tente de faire semblant que la vie est plus simple qu'elle ne l'est vraiment.

Je descends de chez ma tante et rejoins Lina devant l'immeuble. Elle est déjà là, comme toujours ponctuelle, accrochée à son téléphone. À ses côtés se tient Malik, un ami de longue date, que je croise régulièrement mais avec qui je n'ai jamais vraiment pris le temps de discuter.

Je remarque à nouveau son charisme qui saute aux yeux. Malik a cette allure décontractée et sûre de lui, un peu comme s'il était en contrôle de tout ce qui l'entoure. Il est marocain, avec une peau hâlée, des traits marqués et un regard profond, presque magnétique. Ses cheveux noirs sont soigneusement coiffés, légèrement en arrière, ce qui laisse voir son visage aux angles bien définis. Ses yeux, d'un noir intense, ont quelque chose de captivant, comme s'ils cachaient une vérité que personne ne pourrait réellement comprendre. Malik a 21 ans, mais il semble porter une maturité que d'autres de son âge n'ont pas encore atteinte.

— Salut, dit Lina en souriant quand elle me voit arriver. T'es prête pour ce soir ?

— Autant que possible, dis-je en haussant les épaules.

— T'inquiète, me dit Malik avec un sourire tranquille, on va juste se poser et profiter.

Sa voix est posée, et son assurance naturelle est indéniable. Je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point il est à l'aise, là où tant d'autres paraissent toujours sur leurs gardes. Je réponds à son sourire par un petit hochement de tête, et nous commençons à marcher en direction du centre de la cité, où la soirée bat déjà son plein. La musique est forte, les basses font vibrer le sol sous nos pieds. Quelques groupes de jeunes se sont formés autour de voitures, et les rires fusent dans l'air.

Je repère Samir un peu plus loin, entouré de Lucas et de quelques autres gars. Une partie de moi veut aller vers lui, mais quelque chose me retient. Pas ce soir. Ce soir, j'ai besoin de respirer, de m'éloigner un peu de tout ce poids que je ressens lorsque Samir est là. Je me tourne vers Malik et Lina, et décide de rester avec eux.

— T'as pas l'air trop dans l'ambiance, remarque Malik en se tournant vers moi alors que nous nous éloignons un peu de la foule.

Je hausse les épaules en souriant.

— Disons que je m'habitue encore, je suppose.

Il acquiesce d'un léger mouvement de tête, son regard noir ancré dans le mien.

— Ça se voit que t'es pas d'ici à la base, tu sais.

Je ne peux m'empêcher de rire doucement. Sa remarque n'est pas méchante, mais elle est directe.

— C'est si évident que ça ? dis-je en le regardant droit dans les yeux.

— Un peu, ouais. Mais c'est pas grave. Moi non plus je me sens pas toujours à ma place ici, avoue-t-il en haussant les épaules, comme si cela n'avait pas d'importance.

Je le regarde de plus près, et cette légèreté qu'il porte avec lui est quelque chose que je n'avais jamais vraiment remarqué. Malik est ce genre de personne qui semble flotter au-dessus des problèmes, tout en gardant une certaine intensité dans son regard.

— J'ai grandi dans le sud, finis-je par avouer. Ma mère est morte quand j'avais treize ans, alors j'ai été baladée d'un foyer à un autre avant d'arriver ici, chez ma tante.