Aria
La pharmacie m'a toujours paru comme un endroit où l'on pouvait être soi-même.
C'est vrai, quoi. On y croise toutes sortes de cassos mal soignés qui ne souhaitent qu'avoir des médicaments.La plupart sont malades et complètement négligés. Et pourtant, personne ne les juge vu qu'on se comprend entre malades.
Mais bizarrement, aujourd'hui, c'était différent. J'avais terriblement honte d'être ici. J'en suis même morte de peur.
Peur d'aller dans une pharmacie ? Oui. J'angoisse facilement, surtout en ce moment. Mais bon, il paraît que je suis juste folle. En tout cas, c'est ce que Kellan et mes parents me disent.
Pourtant, c'est pas compliqué. J'entre dedans, je prends ce qu'il me faut, je paie et je me casse. La première étape est achevée, mais c'est la deuxième qui me fait le plus peur.
J'ai tellement honte. Honte de moi. Honte de ce que j'ai fait. Je me sens dégoûtante, sale et traîtresse.
Parfois, je me dis qu'il aurait mieux fallu que je dise la vérité à Kellan. C'est ma sœur, après tout. Mais pour je ne sais qu'elle raison, je n'avais aucune envie de l'aider, de lui dire la vérité. J'ai l'impression qu'elle ne le mérite pas. Je lui en veux et je ne sais même pas si c'est une raison valable pour lui en vouloir.
Lorsque la caissière scanne mon article, elle semble écoeurée de voir une jeune fille de seize ans acheter ce petit bâtonnet. En même temps, il y a de quoi l'être en me voyant.
Une jeune adolescente, cheveux bruns jusqu'aux épaules, boucles brunes pas coiffées, débardeur noir qui s'arrêtait en dessous de la poitrine, un pantalon beaucoup trop large qui doit sûrement appartenir à l'un des ‹‹ copains ›› de ma sœur tout comme la veste et les bottes noires.
Elle me regarda si mal que j'ai presque fondu en larmes.
C'est ma faute peut-être ?
Je lui tends l'argent, elle me rend violemment la monnaie et me lance un regard noir depuis l'intérieur du magasin. Tout le monde semble avoir les yeux rivés sur moi. C'est si gênant...
Il ne vaut mieux pas que je fasse ça chez moi. Si Kellan ou mes parents tombent dessus, je suis foutue. Et puis merde. Je vais de nouveau m'en prendre plein la gueule.
Dans le quartier miteux de ma ville se trouvent heureusement des toilettes publiques. Quartier dans lequel j'ai grandi. Quartier de merde. Je veux le quitter. Il m'a fait haïr ce quartier, cette ville, ce pays, ce monde tout entier. Je lui en voudrais toute ma vie. Et à elle aussi. Mais bon. Je n'ai absolument aucune raison. Il faut vraiment que j'arrête de me faire des films. C'est vrai, j'oublie parfois que je suis folle.
Me voici maintenant dans les toilettes. Le sol est tout collant.
Beurk.
Le m'assieds dessus, dégoûtée. Les gens ne doivent sûrement pas connaître les mots ‹‹ entretien ›› ou ‹‹ femme de ménage ››. Et puis de quoi est-ce que je me plains ? Je suis toute aussi dégoûtante que ces toilettes, voir plus.
J'ouvre nerveusement l'emballage et déchire la notice au passage.
Encore une chose que je ne sais pas faire correctement.
Tant pis, je me débrouillerais sans. Je vais essayer de lire ce qu'il est écrit dessus après.
Je positionne le bâton entre mes jambes et urine. Avant ma main, c'était la sienne que j'ai détesté ou encore la sienne que j'ai adoré. Ce geste me procure trop de sensations et recommence à me faire trembler.
Arrête d'être folle Aria, merde ! Ce n'est quand-même pas la fin du monde, non plus !
Il va falloir attendre quinze minutes avant le résultat. Et voilà que ma jambe tremble à nouveau. J'ai vraiment un problème.
Deux traits commencent à apparaître. Je me dépêche d'essayer de déplier la notice.
Deux traits. Il paraît que c'est positif. Génial !
Il ne me reste à présent plus qu'à rentrer chez moi et à espérer et à réfléchir pour mon avenir. Trop de questions sont encore présentes dans mon esprit.
VOUS LISEZ
Fourteen years
RomanceCoincée dans une immense villa. Pendant quatorze ans. Avec un tueur. Un tueur, certes, mais un tueur sexy...