Nous arrivons à la librairie, et elle se met à sauter de joie sur son siège. Nous descendons de la voiture et entrons dans la librairie. Elle s'avance devant moi. Et si c'était une diversion ? Et si elle faisait tout ça pour m'échapper juste après ? Non, je lui fais confiance. Elle reviendra... enfin, j'espère.
Je regarde les livres devant moi. Celui qui m'a tapé dans l'œil, c'est celui juste devant moi. Il est noir, avec une fumée bleue, des impacts de balles sur du verre, et il est marqué verticalement "Captive". Je le prends dans mes mains et lis la phrase écrite en plus petit sur le livre : "De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas."
D'un coup, je sens une présence derrière moi. Je pose le livre et me retourne. Elle est en face de moi, avec une pile de livres dans les mains. Elle me lance :
— Je peux ?
— Ne rêve pas, je ne voulais t'acheter qu'un seul livre.
— T’es pas marrant.
— Ce n'est pas mon but. En même temps, repose tout ça et choisis-en un seul.
Elle s'éloigne de nouveau de moi. Je comprends tout de suite qu'elle fait ce que je lui ai demandé.
Je me replonge dans le livre que j'ai pris juste avant et m'apprête à lire le prologue, sauf qu'une main se pose sur le livre. Je tourne la tête et vois Yaëlle. Elle me prend le livre des mains et me dit :
— C'est justement pour ça que je suis venue. T'es déjà assez taré, tu ne vas quand même pas te rendre encore plus fou en lisant ça. Tiens, lis plutôt ça.
Elle repose "Captive" et me tend "Un automne pour te pardonner".
— C'est plus mignon que "Captive".
Je lui prends le livre des mains et lui réponds :
— Tu sais que, si je veux, je le prendrai, que tu le veuilles ou non.
— Je sais, mais le plus tard possible, ce serait mieux.
Je lève les yeux au ciel.
Alicia arrive et me voit avec Yaëlle. Elle me demande alors :
— Tu as demandé à Yaëlle de nous rejoindre ?
Ne sachant pas quoi dire, je me gratte nerveusement la nuque et lui réponds :
— Oui, je lui ai demandé pour lui acheter un livre... sauf qu'elle veut que ce soit moi qui me mette à lire.
Alicia change de sujet et me dit :
— Moi, j'ai trouvé ce que je voulais. Tu me l'achètes ?
— Avec plaisir, poupée.
Je regarde Yaëlle et lui dis :
— Repose ça là. Finalement, je ne t'achèterai rien, et encore moins pour moi.
Alicia s'avance devant nous, et Yaëlle vient à mon oreille pour me dire :
— C'est quoi ce mensonge ? Tu ne m'as pas demandé de venir, c'est moi qui me suis incrustée.
Je lui réponds :
— La ferme.
Nous arrivons à la caisse, je paie son livre, et Yaëlle remonte dans sa voiture tandis qu'Alicia et moi montons dans la mienne. Alicia commence à lire. Je la laisse faire et démarre doucement. Au bout de cinq minutes de route, je regarde dans mon rétroviseur et vois Yaëlle jouer à "qui sera devant" avec une autre voiture. À quoi joue-t-elle ? Mes yeux se posent sur la plaque de la voiture, et je comprends qu'elle ne joue finalement pas. Je l'appelle, et après trois sonneries, elle répond. Avant même qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, je lui dis :
— Ce sont les Smith qui jouent avec toi, ou je rêve ?
— J'ai bien vu que c'était eux, et non, ils ne jouent pas. Je crois qu'ils veulent se mettre derrière toi pour te tuer. C'est pour ça que je ne les laisse pas faire.
Je regarde Alicia et lui annonce :
— Tu vas devoir arrêter de lire, poupée. Ça va bouger.
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Éden et le monde magique
Roman d'amourÀ 12 ans, j'ai perdu mes parents. Il est difficile de grandir quand ton enfance a été totalement détruite. La seule chose que tu veux, c'est pouvoir revenir en arrière ou aller dans un monde magique pour vivre l'enfance dont tu rêves, même si tu as...