Chapitre 15

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Le château se dressait devant nous, immense et imposant, ses tours dominant la forêt d'arbres morts qui l'entourait. Chaque branche décharnée semblait pointer vers nous, comme les doigts squelettiques d'une créature prête à saisir ses proies. Un épais brouillard stagnait autour de l'enceinte, rendant l'atmosphère encore plus oppressante.

Des soldats émergèrent des ombres, leurs armures sombres étincelant sous la faible lumière du crépuscule. Ils levèrent leurs arcs d'un geste fluide, les flèches prêtes à être décochées.

— Qui va là ? demanda l'un d'eux d'une voix froide, son regard perçant se posant sur Emirya.

Sans hésiter, Emirya les fixa avec un mépris visible, relevant légèrement le menton.

— Je suis Emirya Skellin, votre future reine, alors ouvrez cette fichue porte avant que je ne perde patience, dit-elle, une pointe de défi dans la voix.

Les soldats baissèrent leurs arcs, se regardant entre eux avec hésitation. Un murmure se fit entendre parmi eux.

— Et eux, c'est qui ? interrogea un autre soldat en nous désignant, moi et mon frère Cain, avec un air méfiant.

Emirya se tourna lentement vers nous, son regard se durcissant. J'avais l'impression que nous n'étions clairement pas les bienvenus ici. Après un bref instant de silence, elle fit face à nouveau aux gardes, un sourire carnassier aux lèvres. Ses crocs apparurent légèrement sous ses lèvres.

— Vous savez aussi bien que moi que nous avons besoin de se nourrir... et se divertir. Vous n'êtes pas d'accord ? répondit-elle d'une voix suave en laissant paraître ses canines pointues.

Un rire grave s'éleva parmi les soldats, satisfaits de cette réponse. Ils s'écartèrent avec un sourire sadique, ouvrant les lourdes portes du château. En traversant le pont-levis, une vague de malaise m'envahit, l'air devenant encore plus lourd et chargé d'une tension palpable. Les regards des sanguins se posaient sur nous, avides, affamés. Je sentais le dégoût me monter à la gorge, comme si nous étions des agneaux égarés au milieu d'une meute de loups. Cain, lui, restait silencieux, mais je pouvais voir dans ses yeux qu'il partageait ce sentiment.

Une fois à l'intérieur, l'ambiance changea du tout au tout. Le château était vaste, froid, chaque pas résonnait dans les couloirs de pierre. Nous fûmes rapidement conduits vers la grande salle du trône. À l'intérieur, l'opulence contrastait avec la morosité extérieure. Des tapisseries luxueuses pendaient des murs, et le plafond était orné de motifs dorés complexes, des mirroirs partout ornait la salle . Mais ce n'est pas ça qui attira mon regard.

Sur le trône, nonchalamment affalé, se tenait un homme d'une beauté cruelle. Amor Amarthyr. Ses cheveux blonds, presque dorés, tombaient en mèches indisciplinées autour de son visage. Une chemise rouge, partiellement ouverte, laissait entrevoir son torse musclé. Il était entouré de femmes, de diverses origines, toutes dans un état d'épuisement apparent. Leurs peaux portaient des marques de morsures multiples, et elles semblaient affaiblies, mais fascinées, comme prisonnières de son charme sombre. Des faes,sirènes, humaines, et même une créature ailée, tout cela sous l'emprise de ce monstre.

Ses yeux rouges sang glissèrent paresseusement de l'une à l'autre, s'attardant particulièrement sur une fae dont le cou délicat et la poitrine étaient à peine dissimulés par ses vêtements légers. Je serrai instinctivement le manche de mon épée, un frisson parcourant mon échine.

— Mon seigneur, une jeune sanguine noire vient à votre rencontre, annonça l'un des soldats en s'inclinant devant lui.

Amor ne leva même pas le regard, balayant l'air d'un geste négligent de la main.

Le peuple de l'air : La Princesse OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant