Le monde autour de moi vacillait entre ténèbres et lumière. Je sentais la chaleur du sang d'Emirya courir dans mes veines, sa puissance m'envahir, repousser la douleur, mais l'inconscience était tenace. Ses mots résonnaient, ancrés dans ma conscience morcelée, comme une lueur dans le noir.
— Cassian, reste avec moi, répétait-elle d'une voix douce mais pressante.
Lentement, je repris pied dans la réalité, mes paupières se soulevant difficilement. La première chose que je vis fut son visage, juste au-dessus de moi, ses yeux noirs transpercés d'une lueur d'inquiétude et d'affection. Elle avait toujours cette expression froide et inébranlable, mais cette fois, il y avait autre chose. Une peur, une vulnérabilité que je n'avais jamais vue chez elle.
Je tentai de bouger, mais mon corps était encore faible, engourdi par la perte de sang. Mon esprit, cependant, commençait à se reconnecter à la réalité. J'entendais les bruits autour de moi, le murmure des Faes terrifiés, la respiration saccadée de Cain, encore en alerte. Et Amor... Amor était toujours là, à genoux, furieux, mais impuissant.
— Cassian, tu es vivant, murmura Emirya, un léger sourire en coin, soulagée. Elle passa sa main sur ma joue, effaçant une goutte de sang qui coulait encore de mes lèvres.
— Il m'en faut plus que ça pour partir, répondis-je d'une voix rauque, essayant de sourire malgré la douleur qui me vrillait encore l'estomac.
Mes cotes étaient réparer et mes blessures avait disparues. Cain, qui s'était jusque-là tenu à distance, accourut à mes côtés.
— Tu es un vrai fou, Cassian ! s'exclama-t-il, en me prenant dans ses bras. J'ai cru que c'était la fin.
Emirya, encore accroupie près de moi, glissa un regard vers Amor. Celui-ci fixait toujours le sol, la mâchoire crispée. Il avait été humilié, réduit à plier le genou devant une reine qu'il espérait contrôler. Son silence n'était que le calme avant une tempête. Je le savais, Emirya aussi. Il ne resterait pas soumis longtemps.
— Que fait-on de lui ? demanda Cain, la voix encore tendue.
Emirya se leva lentement, s'approchant d'Amor. Elle était silencieuse, mais son pas était aussi léger que celui d'un prédateur qui tourne autour de sa proie. Il leva les yeux vers elle, ses prunelles rouges étincelant de rage et de frustration. Il n'était plus le roi tout-puissant qu'il croyait être, mais un homme à terre, brisé.
— Amor Amarthyr, roi des Sang-Rouge... commença Emirya d'une voix glaciale. Tu es peut-être à genoux, mais je sais que ton allégeance est une farce. Elle se pencha légèrement, son regard planté dans le sien. Je pourrais te tuer ici et maintenant, t'épargner l'humiliation de servir sous mon règne. Mais tu vas vivre, Amor. Tu vivras et tu m'aidera, pour voir ce royaume que tu voulais conquérir me revenir de plein droit.
Il ne répondit rien, mais son silence en disait long. Ses poings se serraient, sa respiration s'accélérait. Il haïssait chaque mot, chaque seconde.
Elle se redressa, laissant Amor à genoux, sa dignité en lambeaux.
Je la regardai, admiratif malgré la situation. Elle était bien plus qu'une reine sanguine, bien plus qu'une dirigeante cruelle. Elle avait un pouvoir, une force que même un monstre comme Amor ne pouvait briser.
Emirya revint vers moi, tendant une main pour m'aider à me lever. J'acceptai son aide, mes jambes encore tremblantes sous mon poids.
Je me redressai lentement, m'appuyant sur Emirya, mes jambes tremblantes mais déterminées à tenir. L'énergie de son sang parcourait encore mes veines, m'apportant une force nouvelle, mais aussi une étrange sensation de lien, comme si chaque battement de mon cœur résonnait en écho avec le sien.
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Le peuple de l'air : La Princesse Oubliée
ФэнтезиCela fait bientôt 25 ans que la paix règne à Tarrafae. Cassian, deuxième fils du roi Cardan et de la reine Jude, ne cesse de faire la fête et de fuir ses responsabilités de prince. Lors d'un banquet organisé en l'honneur de son grand frère le princ...