Chapitre 24

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Le lendemain matin, je m'extirpe difficilement du lit, encore engourdi par la fatigue de la veille. Mes pensées sont embrouillées, mais je sais que je dois me préparer. J'enfile rapidement des vêtements, ajustant mon col avec un soupir, puis je me dirige vers la salle de réception, là où les autres doivent déjà m'attendre. Mon esprit vagabonde, anticipant cette journée qui, je le sens, sera pleine de tensions.

En entrant dans la salle, je suis frappé par l'immensité de l'endroit. Les grandes fenêtres offrent une vue imprenable sur les montagnes, leurs sommets enneigés se perdant dans un ciel brumeux. Le soleil levant teinte l'horizon de nuances dorées et roses. Une cheminée massive, taillée dans la pierre brute, trône au fond de la pièce, ses flammes dansantes projetant des ombres capricieuses sur les murs de pierre froide. Au centre de la salle, une longue table en chêne massif est placée, ses nervures sombres témoignant de sa solidité et de son histoire. On peut presque deviner les récits de conspirations chuchotées et d'alliances scellées dans ce lieu imposant.

Cain et Azura sont déjà là, attablés et partageant un repas. Ils rient doucement, échangeant des regards complices, presque gênants par leur intensité. Ils se sourient bêtement, comme deux adolescents amoureux qui découvrent à peine les premiers frissons de l'affection. Cela me fait lever les yeux au ciel. Mais Emirya, elle, semble totalement écoeurée par la scène. Assise un peu plus loin, elle les observe avec un regard si dédaigneux qu'on pourrait croire qu'elle va réellement vomir. Un sourire amusé s'étire sur mes lèvres en voyant son expression.

Je m'installe à ses côtés, m'efforçant de réprimer un rire.

— Ça me répugne, murmure-t-elle en roulant des yeux, son ton empreint d'une exaspération théâtrale. Ils sont pires que Rebecca et Gavriel avec leurs lettres dégoulinantes de mièvrerie. Sérieusement, si un jour je deviens comme ça, assomme-moi et ramène-moi à la raison, je t'en supplie.

Je ne peux m'empêcher de rigoler à voix basse, son ton exagéré me tirant un vrai éclat de rire. Je la regarde en biais, amusé par sa dramatique aversion pour les relations romantiques.

— Il faudrait déjà, pour ça, que tu ouvres ton cœur de glace à quelqu'un. Et qu'il te supporte, rétorquai-je, une lueur moqueuse dans les yeux.

Emirya me regarde, faussement outrée, mais un sourire narquois danse au coin de ses lèvres.

— Tu sous-estimes mon charme irrésistible, Cassian. Tout le monde me veut, j'ai l'embarras du choix, lance-t-elle, son ton faussement vaniteux.

Je pouffe en secouant la tête.

— Si tu appelles "l'embarras du choix" un fae psychopathe et un souverain cruel, alors je te plains sincèrement, dis-je avec un sourire en coin, cherchant à la taquiner davantage.

Elle croise les bras, visiblement piquée au vif.

— Il y a d'autres hommes qui tombent sous mon charme, pour ton information. Tous ne sont pas des monstres sanguinaires, dit-elle, ses sourcils froncés, l'air offensée.

Je hausse les épaules en la regardant, un sourire toujours accroché à mes lèvres.

— C'est simplement parce que tu es belle et que tu es l'héritière du trône qu'ils sont tous à tes pieds. Aucun ne t'aime pour ce que tu es réellement, dis-je, sans vraiment réfléchir à l'impact de mes paroles.

Le silence qui suit est lourd, et je me rends compte trop tard de ma bourde. Emirya me fixe, ses yeux se plissant légèrement sous le coup de la colère. Sa mâchoire se crispe.

— Tu insinues que je ne suis que superficielle ? Que personne ne pourrait m'aimer pour ce que je suis vraiment ? réplique-t-elle, sa voix froide et mordante.

Le peuple de l'air : La Princesse OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant