Chapitre 1: Le commencement

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7000 ans après « l'incident », la Terre Inhospitalière regorge d'une énergie magique que l'on nomme « l'Emprise ». Il en existe 4 grands « Types » : l'Eau, la Terre, le Feu et le Vent. Tout être vivant dispose naturellement de certaines prédispositions pour une de ces voies. Apprendre à la contrôler par contre, prend plus de temps : en générale pour pouvoir dire la « maitriser » un minimum, il faut avoir environ 40 ans d'expérience. C'est pourquoi la plupart des personnes se contentent de l'utiliser dans la vie de tous les jours et que l'on ne trouve que très peu de « maître d'Emprise ». Un autre élément décourage un certain nombre de personne qui renoncent à se lancer dans cette profession : le moment où l'Emprise est la plus puissante est le moment où le corps a 20 à 30 ans, or très peu de personnes ne peuvent la maitriser à cette âge-là.

Certaines personnes ont cependant des prédispositions particulièrement puissantes...

C'est d'ailleurs le cas du héros de mon histoire...

Dans le palais, ou ce qu'il en reste, de la Divinité endormie, un jeune homme se tient là, somnolent sur le reste de ce qui fut une luxueuse fenêtre. Situé dans la plus haute des tours de l'aile droite du château, lui-même perché sur une falaise s'élevant à plusieurs centaines de mètres au-dessus d'un lac au eaux infernales pareille à celles du Styx, la vue depuis cet emplacement donnait sur tout le ciel et sa mer de nuages. Car cette falaise faisait partie du plus haut sommet de toute la Terre Inhospitalière. Il s'élevait jusqu'au-dessus des nuages !

La pièce était sinistre, il régnait dans l'aire une sorte de tristesse et mélancolie insupportable. Les murs, ou du moins ce qu'il en restait, étaient délavés ; la poussière, présente partout dans la pièce, s'agglomérait jusque sur le lit. Celui-ci donnait l'impression de ne pas avoir était utilisé depuis des siècles.

On pouvait lire, sur le visage de l'enfant, une source de profond ennui, comme s'il somnolait depuis des jours, semaines, mois, voire même années, sans personne avec qui s'amuser, parler, discuter...

Pour tout dire, c'est à peine si les bêtes les plus sauvages que n'ait jamais porté cette Terre osaient s'approcher de ces ruines perchées sur de sinistres pitons rocheux. Il régnait dans la salle un calme, un silence terrifiant : seuls les croassements lointains de corbeaux décrivant des cercles dans le ciel et le murmure du vent s'engouffrant dans les nombreuses fissures que comportaient les murs se faisaient entendre. Soudain, le cri perçant d'un aigle se posant sur un pic rocheux voisin résonna et réveilla le jeune homme.

Il était de taille moyenne, et ses cheveux noirs en batailles lui donnait l'air de sortir du lit. Ils se mariaient parfaitement avec sa peau bronzée. Sur son visage, on pouvait admirer d'étranges marques noires. Cependant, le plus singulier était surement ses pupilles : une, gris claire lui donnait un air sage, l'autre, rouge sang, donnait l'impression d'avoir une bête affamée pour interlocuteur. Dans son dos, deux majestueuses ailes noires et blanches, se déployaient un Ying et un Yang. Tout comme ses pupilles, elles étaient d'une beauté terrifiante.

Sur sa porte, où l'on entrapercevait une plaquette métallique sur laquelle on pouvait déchiffrer avec peine un mot : son nom : « Kuroï »

Celui-ci soupira : victime d'un profond ennui, il rêvait de quitter cet endroit lugubre et de partir à l'aventure, explorer les océans, découvrir de nouvelles régions...

Rien ne l'en empêchait, techniquement... Mais il ne pouvait se résoudre à quitter ses ruines : c'est son seul chez-soi ! Il n'avait eu que très peu l'occasion d'apercevoir son parent, mais il ne pouvait laisser ces ruines à l'abandon.

Il décida donc de demander son avis au plus fidèle serviteur de son père et se mis en direction de la « Grotte Vertigineuse » ! On la surnomme ainsi car le seul moyen d'y accéder est de se jeter dans le vide depuis le « Perchoir cornu ». Le trajet est assez dangereux, mais Kuroï se dit qu'il ne risquait pas grand-chose, l'ayant déjà parcouru des centaines de fois.

Il commença donc à grimper le chemin en direction du perchoir. Il arriva devant un mur infranchissable si l'on n'est pas un professionnel de l'escalade. Tout naturellement, Kuroï se mit à grimper sans corde. Le roc devait faire une vingtaine de mètres de haut, mais cela ne lui posa aucun problème. Une fois parvenu en haut, il lui fallut se faufiler dans un passage à peine assez large pour laisser passer un enfant. Il se débrouilla néanmoins, et le franchis en moins d'une seconde.

Un moment donné, une horde Singe-tapir attaqua Kuroï. Les petits animaux possédaient un corps et une tête de babouin, mais une trompe de tapir sortait de leur visage et remplaçait leur queue. En combat solitaire, ces monstres ne sont pas très forts, mais leurs trompes contiennent du poison et il est très difficile de se débarrasser d'une meute qui vous tend un piège. C'est alors que, d'un geste parfait, Kuroï décrivit un arc de cercle avec une épée trouvée par terre (sans doute le reste d'un téméraire aventurier) et les décapita tous d'un coup ; sans leurs adresser le moindre regard.

Continuant son chemin, celui-ci arriva enfin au Perchoir cornu. S'avançant au-dessus du vide, le perchoir n'était en fait qu'une fine bande de pierre qui surplombait la falaise. De là, la vue était impressionnante : tout la Terre Inhospitalière s'étendait devant les yeux de Kuroï.

Le jeune garçon s'avança, contemplant le vide, puis sauta !

Sa chute dura plusieurs minutes, et jusqu'à ce qu'il puisse apercevoir un repère rouge, Kuroï ne fit rien pour l'arrêter. Lorsqu'il arriva à son niveau, il déploya alors ses ailes. En s'ouvrant, celles-ci freinèrent sa chute de moitié. Il se mit alors à battre des ailes, et plana jusqu'à la grotte. On peut plus parler de cavité que de grotte : celle-ci ne faisait que 2 mètres de long, et une petite lanterne en éclairait l'entrée. Kuroï s'avança vers le fond de la cavité, puis, prenant une baguette de bois, il tapa dans la paroi. C'était en fait un gong dissimulé pour appeler le serviteur.

Le bruit résonna dans toute la montagne, la faisant vibrer jusqu'à la moelle. C'est alors que, dans éclair, il apparut.

Enfin, son esprit : une boule lumineuse émettant une lueur bleutée flottait au milieu de la pièce. Faisant un mètre de diamètre, elle occupait à elle seul la moitié de la pièce. Une voix suraigüe provenant de la boule s'éleva alors :

« Bonjour jeune maître ! »

« Attends ! Ta voix est trop aigüe ! » -répondit Kuroï.

« Zut ! -fit la voix- Et comme ça ? »

« Trop grave cette fois-ci ! » -répondit le jeune homme.

« Fichtre ! A, là c'est bon ! -fit la boule, ayant repris une voix normale- De quoi vouliez-vous me parler jeune maître ? C'est tellement rare de recevoir un appel de votre part, que je ne puis m'empêcher de me faire du souci à votre sujet... »

« Étant le plus fidèle serviteur de mon père, tu es sans doute l'une des personnes le connaissant le mieux... J'ai donc pensé que tu pourrais me conseiller : voilà des années que je croupis dans ces ruines, à l'attente d'un retour de la vie présente autrefois... Mais j'en ai marre ! J'aimerais parcourir le monde, me trouver un but, un rêve ! Je sillonnerais le pays à la recherche des capitales des 5 peuples... Je te demande donc ton avis : pense-tu que je dois attendre le retour de mes sujets, ou faire comme bon me semble ? » -demanda le jeune prince.

« Mes avis, jeune maître, que vous devriez-vous fier à votre instinct ! Faîtes ce que vous désirez vraiment, au fond de vous ! Votre paternel n'en sera que plus fier ! » -répondit le serviteur.

« Je te remercie donc pour toutes ses années de loyautés, je ne reviendrais pas de sitôt ! Prévenez-mon père lorsque vous en aurez l'occasion ! Je pars pour Liberia ! Adieu ! »

« Au revoir jeune maître ! Il est cependant possible que nos chemins se recroisent plus tôt que vous le pensiez... » -fit la boule, murmurant cette dernière phrase.

Kuroï s'en retourna donc dans sa chambre, prépara son sac, et, alors que l'aube pointait à l'Est, se mit donc en route pour Liberia.

Après plusieurs jours de marches en direction du Nord, il put enfin l'apercevoir: Liberia, la plus grande des citées humaines !

Les Mondes de l'Unique: L'enfant du chaos: tome1: la terre des hommes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant