Little Weasel

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The Neighbourhood—How

Je me nourris de leurs cris, de leurs prières désespérées. Ces voix tremblantes qui m'implorent de les épargner. C'est toujours la même mélodie : "Non, ne me tue pas." Comme si ces mots pouvaient avoir un quelconque pouvoir sur moi. Leur peur est un délice, mais au fond, c'est devenu routinier. Les cœurs que je tiens dans mes mains, encore palpitants, n'ont plus la même chaleur. Je me demande parfois ce qu'ils pensent juste avant que je les arrache de leur poitrine. Est-ce qu'ils se raccrochent à l'espoir, à l'idée que quelqu'un viendra les sauver ? Ou est-ce qu'ils se résignent, conscients que c'est moi qui détient leur fin, que je suis l'ultime maître de leur destinée ?

Et cette sensation... quand je serre un cœur entre mes doigts, encore humide, vivant... Ce frisson qui me parcourt l'échine alors que la vie s'échappe, cette lueur dans leurs yeux qui s'éteint comme une étoile mourante... C'est là que je me sens le plus vivant. Une jouissance obscure qui monte en moi, un orgasme du pouvoir, du contrôle absolu. C'est une symphonie silencieuse, celle de la mort, et elle me transcende.

Mais maintenant, tout ça ne m'électrise plus. Ces corps étalés devant moi, leurs poitrines béantes... rien de tout ça ne fait plus vibrer mes nerfs comme avant. La monotonie s'est installée, et même mes compositions florales, que je créais avec tant de passion, me laissent indifférent. Je dispose leurs cœurs, j'arrange leurs corps dans un ballet macabre, un hommage à l'éphémère. Mais l'excitation a disparu. Même les poèmes que je laisse derrière moi, des indices si évidents que même un enfant pourrait me retrouver, ne semblent pas suffire à attirer l'attention de la police. Rien. Pas un murmure dans la presse, pas une traque à la hauteur de ma grandeur.

C'est alors qu'elle est apparue. Lyla.

La première fois que je l'ai vue, je savais que quelque chose venait de changer. Elle ne ressemble à aucune des autres. Je la regardais se pencher sur une victime, ses longs cheveux noirs tombant comme des rideaux de soie autour de son visage. Sa peau, légèrement dorée, brillait sous les projecteurs de la scène de crime. Ses yeux, ces deux lames sombres et légèrement bridés, scrutaient les corps avec une intensité qui m'a coupé le souffle. Lyla Donovan. Elle était différente. Je ne la voulais pas simplement pour la tuer. Non, elle méritait bien plus que ça. Elle était un défi. Un trophée. Et ce cœur qui bat dans sa poitrine... il serait la pièce maîtresse de mon chef-d'œuvre.

Je suis devenu obsédé par elle. C'est comme une maladie qui s'est insinuée en moi. J'ai commencé à la suivre. Jour après jour, je me fondais dans l'ombre, invisible, omniprésent. Elle n'avait aucune idée que j'étais là, si proche. Chaque mouvement, chaque souffle qu'elle prenait, je le mémorisais. Je savais tout d'elle. Sa routine, ses habitudes. Elle aime le café noir, sans sucre. Elle ne sort jamais sans ce bracelet que ses parents lui ont laissé. Une orpheline. Comme si cela ajoutait à son aura de mystère, à sa solitude.

Pendant deux ans, je me suis introduit dans sa vie. J'ai visité sa maison à plusieurs reprises, toujours en silence, toujours invisible. Le parfum qu'elle porte, cette odeur subtile de vanille et de bois, imprègne maintenant mes vêtements. J'ai pris des objets, des souvenirs qui me rapprochent d'elle. Sa brosse à cheveux, une chemise qu'elle a jetée sur le lit sans y penser, et ce carnet où elle note ses pensées. Je les touche, je les respire, comme si cela me permettait de pénétrer encore plus profondément dans son intimité. Chaque nuit, je m'allonge dans son lit, où son corps a laissé son est allonger. Je ne la touche pas mais, j'écoute son cœur battant si fort que je pourrais presque l'entendre à travers sa peau.

Je la regarde se déshabiller. Toujours à la même heure. Toujours avec cette lenteur, cette précaution. Elle ne sait pas que je suis là, derrière la porte entre ouverte de sa salle de bain, à l'observer, à m'imprégner de chaque courbe de son corps, de chaque mouvement de ses muscles sous sa peau bronzée. L'eau chaude coule sur ses épaules, ses cheveux noirs tombent en cascades mouillées sur son dos. Je me perds dans cette vision. Elle me fait bander, mais c'est bien plus que ça. C'est une obsession qui me ronge. Je la veux. Toute entière. Pas seulement son corps, mais son esprit, son âme, ses secrets les plus sombres. Je veux qu'elle me regarde dans les yeux quand je prendrai son cœur entre mes mains. Je veux voir la vie s'échapper d'elle tout en la sentant vibrer une dernière fois contre moi.

HEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant