Emirya m'ignorait depuis que l'alliance avait été scellée. Pas un mot, pas un regard. Elle m'évitait avec une détermination qui devenait difficile à supporter, et cette situation commençait sérieusement à m'agacer. L'alliance devait être notre priorité, mais je ne pouvais plus tolérer cette distance glaciale entre nous. Résolu à en finir avec ce silence pesant, je sortis de mes quartiers, traversant les couloirs silencieux du palais, mes pas résonnant contre les pierres froides.
Les murs étaient ornés de tapisseries riches, les chandelles projetaient une lumière dansante qui rendait l'atmosphère plus lourde encore. Chaque coin, chaque détour semblait me narguer, comme si ce palais tout entier conspirait à maintenir cette tension insoutenable entre Emirya et moi.
Alors que j'atteignais la cour intérieure, espérant y trouver Emirya, mon regard fut attiré par une autre silhouette. Une jeune fae se tenait là, au milieu de quelques soldats sanguins. Sa présence dégageait une aura fascinante. Elle ne parlait pas fort, mais chaque ordre qu'elle donnait était immédiatement exécuté. Sa voix douce et assurée portait plus loin que n'importe quel cri, captivant l'attention des hommes autour d'elle.
Intrigué, je m'approchai discrètement. Ses cheveux bouclés, d'un brun profond aux reflets dorés, ondulaient élégamment autour de son visage. Le soleil captait ces boucles comme une rivière de lumière, rendant ses mouvements presque hypnotiques. Ses yeux, d'un jaune perçant, étaient aussi fascinants que troublants. Ils semblaient tout voir, chaque détail, chaque geste, comme si rien ne pouvait leur échapper. Leur éclat mordant croisa soudainement le mien, et je sentis un frisson me parcourir l'échine.
Mais c'était sa posture, sa manière de se tenir, qui m'attira le plus. Elle dégageait une confiance rare, presque provocante, et il m'était impossible de détourner le regard. Sa peau légèrement dorée était parsemée de taches de rousseur, une touche de douceur qui contrastait avec les imposantes cornes qui encadraient son visage. Elles étaient grandes, élégantes, et donnaient à son apparence un caractère indéniablement séduisant et presque dangereux.
La robe bleu clair qu'elle portait glissait sur ses courbes avec une délicatesse exquise. Le tissu fin mettait en valeur la chaleur de son teint et accentuait la grâce de ses mouvements. Il y avait dans sa démarche un mélange de force et de sensualité qui ne laissait personne indifférent. Elle dominait la cour avec une élégance presque féline.
Lorsque je fus assez près, elle interrompit soudainement ses ordres et tourna son regard vers moi, ses yeux jaunes étincelants fixant les miens avec une intensité presque désarmante. Elle esquissa un sourire, un sourire qui avait quelque chose de profondément envoûtant.
— Eh bien, vous m'observez depuis un moment, prince Cassian, dit-elle d'une voix douce, presque murmurée, mais qui portait sans effort jusqu'à moi. Suis-je à ce point fascinante, ou est-ce simplement votre curiosité qui vous pousse à me dévorer des yeux ainsi ?
Sa voix était un piège, chaque mot semblait fait pour me capturer. Il y avait une note subtilement provocante dans sa manière de parler, une invitation à m'enfoncer plus profondément dans son jeu.
Je me ressaisis tant bien que mal, mais le rouge me monta légèrement aux joues malgré moi. D'habitude, je maîtrisais chaque situation. Mais avec elle, tout semblait glisser hors de mon contrôle. Je m'efforçai de lui répondre avec un semblant de désinvolture.
— Il est rare de croiser une fae au milieu des sanguins qui plus est fait figure d'autorité, dis-je en essayant de garder un ton neutre. Vous attirez forcément l'attention.
Elle inclina légèrement la tête, son sourire s'élargissant, mais pas suffisamment pour être trop évident. Elle savait jouer, et elle jouait très bien.
— Oh, je suis certaine que ce n'est pas uniquement pour cela que vous êtes ici, murmura-t-elle en avançant d'un pas, réduisant encore la distance entre nous. Vous êtes bien trop intelligent pour vous contenter d'observer les détails évidents. Il doit y avoir autre chose.
Elle parlait doucement, mais chaque mot semblait porter un double sens, une promesse non dite. Ses yeux ne quittaient pas les miens, comme si elle pouvait voir à travers moi. J'aurais dû me sentir mal à l'aise, mais il y avait quelque chose dans sa manière de me fixer qui me donnait envie de rester là, de continuer à l'écouter.
— Peut-être, répondis-je, tentant de garder une part de contrôle dans cette conversation. Mais je me demande qui vous êtes, et pourquoi une fae comme vous semble avoir autant d'influence ici.
Elle sourit, un sourire à la fois amusé et satisfait, comme si elle avait espéré cette question.
— Je suis Lysara, de la maison Sylmaris, dit-elle en s'approchant encore, sa voix devenant plus douce, plus intime. Mais les titres et les noms importent peu, n'est-ce pas ? Ce qui compte, c'est ce que vous voyez devant vous, n'est-ce pas, prince ?
Elle laissa son regard glisser sur moi, comme si elle me jaugeait, cherchant à comprendre quel effet elle avait sur moi. Et elle savait qu'elle en avait un. Mon cœur battait un peu plus fort, mais je refusai de céder si facilement.
— Ce que je vois, c'est une femme qui sait exactement ce qu'elle veut, répliquai-je, un sourire en coin.
Lysara rit doucement, un son aussi envoûtant que le reste d'elle.
— Vous avez raison, je sais ce que je veux... murmura-t-elle, ses yeux brillants de malice.
Elle se rapprocha encore, jusqu'à être à une distance qui aurait pu être intime si cela avait été un autre contexte. Ses yeux plongèrent dans les miens, et je sentis une chaleur indéfinissable naître dans ma poitrine.
— Je suis le bras droit de Gavriel je gère tout dans le palais en son absence, je connais ses secrets les plus intimes et je m'assure que votre séjour chez nous soit des plus agréable chuchota-t-elle, sa voix devenant presque une caresse.
Elle tourna alors lentement les talons, s'éloignant, me laissant avec un mélange d'intrigue et de trouble. Je restai un instant planté là, encore sous le coup de notre étrange échange. Qui était vraiment Lysara, et quel rôle pensait-elle jouer dans cette guerre à venir ? Quoi qu'il en soit, il était de plus en plus évident que je ne pouvais pas perdre plus de temps. Je devais retrouver Emirya, lui parler, et comprendre ce qui se tramait vraiment.
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Le peuple de l'air : La Princesse Oubliée
FantasyCela fait bientôt 25 ans que la paix règne à Tarrafae. Cassian, deuxième fils du roi Cardan et de la reine Jude, ne cesse de faire la fête et de fuir ses responsabilités de prince. Lors d'un banquet organisé en l'honneur de son grand frère le princ...