Deviens ma plus belle chanson

CHAPITRE XXVII

Mardi 16 novembre, Malibu

Quand j'ouvre les yeux, je me sens bien et reposée, sentiment que je n'ai pas ressenti depuis deux mois. Je me souvenais même plus à quel point c'était bon de dormir dans un vrai lit bien douillet. Comme la chambre d'amis n'est pas encore meublée, James a tenu à ce que je prenne sa chambre et lui a dormi dans le salon. Je lui aurais bien proposé de dormir avec moi, son lit king size est largement assez grand pour nous deux, mais j'avais peur que ça dérape, autant de son côté que du mien.

Je me lève, récupère mon portable sur la table de nuit et vais me poster devant la baie vitrée qui donne sur l'océan. Cette vue, jamais, je ne pourrai m'en lasser. Je déverrouille mon téléphone, ouvre l'appareil photo et prends un cliché de la vue. Je clique sur partager et l'envoie à Liz.

Envoyé à Liz - 8 h 02 : Coucou, un petit cadeau de Los Angeles. On n'a pas d'aussi belles vues chez nous. Je t'embrasse.

Je me retourne et lance mon portable sur le lit avant de reporter mon attention sur l'océan où James est en train de surfer. Je souris et le regarde glisser sur les vagues avec dextérité pendant quelques minutes avant de me décider à aller le rejoindre sur la plage. Je sors de la chambre pour descendre au rez-de-chaussée. Je traverse la cuisine et le salon, où il n'y a plus de traces de notre bagarre de la veille, et gagne la terrasse par la baie ouverte. Je pousse le portail et descends les marches pour atteindre la plage. Je m'arrête à bonne distance du bord et croise les bras. Quand James me remarque, il me fait un signe de main et s'allonge sur sa planche avant de nager pour me rejoindre. Il en descend quand il a pied et la coince sous son bras. Je le regarde en souriant et me mords la lèvre quand il sort de l'eau en se passant une main dans les cheveux. Il s'arrête près de moi, plante sa planche dans le sable et fait tomber le haut de sa combinaison.

— Salut, je souris alors qu'il relève les yeux sur moi.

— Bien dormi ? me demande-t-il en souriant.

— Comme un bébé. J'ai eu l'impression de dormir sur un nuage, ça fait du bien après avoir passé deux mois sur la couchette.

— Ne t'habitue pas trop, après-demain on repart pour un bon mois dans le tour bus.

— Je sais. Je ne savais pas que tu surfais, je dis en désignant la planche alors qu'il passe ses deux mains dans ses cheveux pour enlever une bonne partie de l'eau qu'ils contiennent.

— Quand tu vis ici, ne pas savoir surfer, c'est un sacrilège. Tu imagines à quel point j'étais malheureux à New York, me dit-il en récupérant sa planche.

— Qui t'a appris ? je questionne alors qu'on rejoint les marches pour rentrer.

— Mon père.

— Tu en parles peu. Il est...

— Non, il est bien en vie, me coupe-t-il en grimaçant. On se parle plus depuis le divorce.

— Ah bon ? je réponds alors qu'on arrive sur la terrasse.

— J'ai appris qu'il trompait ma mère, m'avoue-t-il en posant la planche de surf le long du mur.

— Je suis désolée.

— Tu n'y es pour rien, sourit-il en me regardant. C'est juste qu'il a détruit notre famille, reprend-il après un bref silence en croisant ses bras, et ça, je ne lui pardonnerai jamais. Georgina le voit toujours, elle était toute petite quand c'est arrivé, elle n'en a aucun souvenir. Mais moi, je me souviens des disputes et des cris entre mes parents quand je rentrais du lycée. Et un jour, ma mère a fait nos valises et quand je suis rentré, elle m'a annoncé qu'on partait vivre chez ma grand-mère à New York. Ce jour-là, mon père n'a rien dit et nous a laissés partir sans bouger le petit doigt. Avant de monter dans le taxi, je lui ai dit que je ne voulais plus jamais le voir. C'est la dernière fois que je lui ai parlé et l'ai vu. Voilà, la vie du pauvre petit James, termine-t-il en entrant dans la maison.