Deviens ma plus belle chanson

CHAPITRE XXVIII

Mardi 21 décembre, Londres

— Ça fait déjà trois mois que vous êtes sur les routes. Vous avez sillonné une bonne partie des États-Unis et du Canada. Demain, vous jouez votre premier concert européen, ici, à Londres à l'O2 Arena. Ma question est simple, que ressentez-vous ? Vous êtes content ?

— Hum..., sourit James en regardant la journaliste assise en face de lui. Je ressens beaucoup de joie. Et un plaisir immense à être sur scène.

Je suis assise dans un coin de la suite que la maison de disques a réservée pour permettre à James de rencontrer les différents journalistes sans qu'il ait besoin d'aller de rédaction en rédaction. Je ne perds pas une miette des échanges et découvre ce nouvel aspect de sa vie de star.

D'ordinaire, c'est Ryan qui gère ça avec lui, mais devant gérer l'expédition du matériel et le voyage du personnel en Europe, M. Heraldson m'a demandé si je pouvais prendre le relais. James et moi avons donc passé notre journée d'hier dans le jet privé. Et avec le décalage horaire entre la ville québécoise et anglaise, il était quasiment minuit quand on a débarqué à Heathrow.

Et depuis neuf heures ce matin, il enchaîne les interviews de dix minutes avec les journalistes.

— Le concert de demain est complet, celui d'après-demain quasiment. Comment l'expliquez-vous ?

— J'ai beaucoup de fans anglaises, répond-il en rigolant.

— C'est vrai que vos chansons touchent beaucoup de monde, car on peut se reconnaître dans vos paroles. Cet album parle de reconstruction, du fait de redevenir une personne à part entière après une rupture. Vous avez dit, il y a quelques mois, que votre inspiration venait de votre séparation qui date d'il y a quatre ans maintenant. Durant tout ce temps, on ne vous a jamais vu en couple. Et vous avez toujours démenti les relations qu'on vous prêtait avec des starlettes. Il n'y a réellement eu personne durant ce temps ?

— Je vais vous étonner, mais oui, il n'y a eu personne. Comme je l'explique dans mes albums, il m'a fallu énormément de temps pour me remettre de cette rupture. Je commence seulement à envisager la possibilité de laisser une femme entrer dans ma vie.

— En parlant de femme, sur l'Instagram de la tournée, on vous voit très proche de votre photographe, sourit-elle en reportant son regard sur son calepin, Alexandrine Scott...

Je vois James remuer sur le canapé mal à l'aise avant de me jeter un très bref coup d'œil en grimaçant. Mon portable vibre dans ma main, annonçant que le temps est écoulé. Sauvé par le gong.

— Je suis désolée, je souris en me levant, mais vos dix minutes viennent de se terminer.

— Ah bon, dit la journaliste sceptique avant de jeter un coup d'œil à son dictaphone qui a enregistré l'interview. Effectivement, j'ai eu le temps qui m'était alloué. Je ne peux pas poser ma question alors ?

— En effet, je suis navrée, mais ce sont les ordres d'en haut et des collègues à vous attendent leur tour.

— Très bien, répond-elle en coupant l'enregistrement. Merci de m'avoir reçue, sourit-elle en tendant sa main à James qui la serre avec un sourire. Bonne continuation.

— Au revoir, la salue-t-il alors qu'elle sort en refermant la porte derrière elle.

Une fois, la porte fermée, je jette un coup d'œil au planning coincé dans mon calepin, barre la quatorzième ligne du tableau et remarque qu'il lui reste encore une interview avec une célèbre youtubeuse anglaise pour sa chaîne. Ensuite, il a une pause pour manger, avant qu'on aille dans un magasin qui a organisé une séance de dédicaces. Et il termine sa journée dans une station radio.