(...)
L'odeur métallique du sang et de la sueur se mêle dans l'air du hangar. Chaque coup échangé résonne brutalement, comme une cloche d'alarme, et je sens une montée d'adrénaline familière. Mes sens sont en éveil, mais ce n'est pas seulement ce combat qui occupe mon esprit. Les souvenirs d'un autre temps, d'autres combats, surgissent dans un coin sombre de ma mémoire. Des moments avec mon géniteur... et Edward.
Les souvenirs affluent avec une violence inouïe. Edward, toujours implacable, me lançait contre le sol froid du ring, sans la moindre retenue. Chaque entraînement était un calvaire, un passage obligé où chaque coup devait me forger, chaque douleur devait m'endurcir. Il voulait que je ne ressente plus ni la peur, ni la souffrance. À ses côtés, mon géniteur, cet homme qui me regardait avec cette froide indifférence, attendait simplement que je me relève, sans une once de compassion. Les coups pleuvaient, implacables. Et lorsque je m'effondrais, que mon corps cédait, il me forçait à me redresser, son regard glaçant, sa voix encore plus froide.
"Relève-toi, Aela. C'est ça ou tu meurs." Un ordre, jamais un conseil. Jamais un réconfort.
Et ici, face à Tarek, tout est pareil. Chaque coup porté, réveille ces souvenirs, comme une brûlure ancienne qu'on rouvre encore et encore. Tarek n'a aucune limite, aucune pitié. Il ne veut pas simplement gagner, il veut me détruire, me voir brisée, soumise.
Son poing s'abat sur mon flanc, et je sens la fracture se propager le long de mes côtes. La douleur est vive, aiguë, mais étrangement familière. C'est la même que celle de ces interminables séances où mon géniteur, lorsqu'il intervenait, dépassait même la cruauté d'Edward. Il ne se contentait pas de simples coups. Non, il m'enfermait dans des prises étouffantes, coupant mon souffle, usant de techniques vicieuses. Parfois, il utilisait du fer chaud, laissant des marques indélébiles sur ma peau. D'autres fois, il me pendait par les poignets, me privant de tout soutien, me laissant suffoquer jusqu'à l'inconscience.
Le souvenir de ses mains autour de ma gorge, serrant jusqu'à la limite, est toujours aussi vivide. Tout comme l'odeur du métal brûlant et la douleur lancinante qui s'ensuivait. Cette torture n'était pas un châtiment, mais une préparation. Une épreuve pour me forger dans la souffrance, pour que plus rien ne puisse m'atteindre.
Et maintenant, face à Tarek, ces souvenirs deviennent une arme. Parce que je connais cette douleur. Je l'ai traversée et j'en suis ressortie plus forte.
Il pense que je vais me briser, mais il ne sait pas que je suis déjà passée par là. Que j'ai survécu à pire. Que je suis le produit de cette violence.
— Tu vois, Aela... grogne Tarek en essuyant le sang qui coule de sa bouche, tu ne pourras pas fuir pour toujours. Je vais te démembrer morceau par morceau. salive-t-il, me dévorant du regard comme si je n'étais rien d'autre qu'un morceau de viande.
Je serre les dents, sonnant mes propres poings en réponse. Chaque mot qu'il prononce, chaque coup qu'il me porte, ne fait que raviver des souvenirs plus sombres encore. Je me revois, plus jeune, sous le regard sévère de mon père, le corps épuisé, meurtri, mais toujours en train de me battre. Je ne pouvais jamais abandonner. Ce n'était pas une option.
Tarek charge à nouveau, son sourire carnassier étirant ses traits tordus. Il vise mon visage, mais je l'esquive d'un mouvement rapide. Je le frappe à la gorge, puis enchaîne avec un coup de pied directement dans son genou, le déséquilibrant. Il grogne de douleur mais continue de sourire, comme s'il savourait cette souffrance.
Je prends de la distance, ma respiration saccadée, mon corps en feu, mais je ne cède pas. Le regard de mon géniteur flotte dans ma tête, me rappelant que je n'ai jamais eu le droit à la faiblesse. Les blessures sont temporaires, mais la défaite est éternelle.
Tarek s'élance encore, cette fois avec un poignard qu'il sort d'une poche. L'éclat de la lame me ramène à ces sessions avec Edward, où il m'entraînait à désarmer mes ennemis. Je l'entends encore dire : "Il faut que ce soit rapide, précis. Sinon, tu perds la main... littéralement." Une vérité brutale, illustrée par l'homme à qui j'avais coupé la main plus tôt.
Quand Tarek tente de me poignarder, je me glisse sous son bras et saisis son poignet avec une force que je n'avais plus ressenti depuis des années. Un craquement sec résonne alors que je lui brise le poignet d'un geste calculé. Il hurle, mais avant qu'il ne puisse réagir, je lui enfonce mon genou dans l'estomac, le faisant s'effondrer au sol.
Il tente de se relever, mais je ne lui laisse pas le temps. Mon géniteur me l'avait enseigné : il faut être impitoyable. Toujours frapper plus fort, plus bas. Je frappe Tarek au visage avec une violence que je ne croyais plus capable d'infliger, et sa tête heurte violemment le sol.
Le goût du sang dans ma bouche, la sueur qui coule sur mon front, tout ça me ramène à ces nuits interminables d'entraînement, où le moindre signe de faiblesse aurait signifié la fin. Mais je ne suis plus cette gamine qu'il façonnait à coups de poings et de sang. Je suis plus forte que ça, plus déterminée.
Tarek, à demi-conscient, essaie de se redresser, crachant du sang. Son sourire est maintenant déformé, presque pitoyable, mais il n'a toujours pas lâché prise.
— Tu crois que tu m'as eu... ? souffle-t-il entre deux râles.
Je ne réponds pas. D'un coup sec, je l'attrape par la nuque et l'écrase contre le sol, tout le poids de ma rage s'abattant sur lui. Mes mains se serrent autour de sa gorge, et pour un instant, je revois Edward, son regard froid m'observant alors que je suffoquais sous ses prises. Mais cette fois, c'est moi qui ai le contrôle. Je continue de frapper sa tête même s'il ne respire plus, je frappe encore et encore sentant son sang gicler en moi, j'ai perdue le contrôle, obnubilé par ces souvenirs.
En entendant les applaudissements, je ralentis mes mouvements et fixe mes mains, salement souillées par ce sang. Je me redresse lentement, la tête haute, le cœur meurtri, alourdi par la violence qui vient de se déchaîner en moi.
- C'est terminé, je murmure à moi même
Il ne bouge plus, ses yeux, ou ce qu'il en reste, sont révulsés, figés dans une expression de douleur et de terreur. Je prends une profonde inspiration, le regard rivé sur Tarek, immobile. Autour de moi, les murmures de la foule s'estompent peu à peu, et je sens la compréhension s'installer chez chacun. Ce n'était pas qu'un combat, c'était un massacre. Un souvenir du passé revenu en pleine lumière. Mon regard se tourne vers l'endroit où Kaan est assis. II m'observe, impassible. Mais je sais qu'il a vu ce qu'il voulait voir.
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Jeux de pouvoir- tome 1
RomanceDans un monde où le désir et le danger se mêlent, Aela navigue entre jeux de pouvoir et séduction. Kidnappée et confrontée à des choix mortels, elle doit utiliser ses armes - tant physiques que psychologiques - pour survivre. Mais dans ce monde, la...