Chapitre 1

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Je descendais les escaliers de mon appartement, quand ma mère m'appela :

-Lina, où vas-tu ?

-A mon rendez-vous chez le coiffeur ! Lui criai-je. Je reviens vite.

-Tâche de rentrer avant 19h00 ! Me rappela-t-elle.

-Je serai là !

Quand je franchis le seuil de la porte, un courant d'air me fis frissonner. Je me félicitai quelques secondes d'avoir pensé à m'emmitoufler dans une grosse veste, mon bonnet et mes gants. Nous étions le 24 novembre, et la neige parsemait la ville de Lyon. Il faisait noir et la rue était déserte Je regardai mon téléphone. Il était 18h08. Mon ancienne coiffeuse avait déménagé à la campagne, et je m'étais résignée à prendre rendez-vous chez un autre artisan, bien décidée à raccourcir ma tignasse. Le salon de coiffure était situé dans le quartier de la croix Rousse, à l'écart du centre-ville. Le nez collé à mon téléphone, je me dirigeai tant bien que mal dans la neige épaisse, tentant de dénicher mon adresse grâce à ma localisation.Au bout d'une heure j'arrivai dans le fameux quartier de la Croix Rousse. Longeant le parc de la Cerisaie, je commençais a regretter d'être venue si tard. La nuit commençait à tomber et le froid me lacerait les os. Le « maître vent » comme on le nommait dans ce quartier sinistre, restait encore rude a cette période de l'année et faisait mugir les arbres, qui prenaient des allures terrifiantes. Trop captivée par mon écran, je ne remarquai pas que les lampadaires s'éteignaient un à un dans la rue. Quand je relevai enfin la tête, l'obscurité avait étendue son emprise.

Prise de panique et d'anxiété, je m'évertuai sur mon « précieux » et tentai désespérément de l'allumer. En vain. Mon corps tout entier se mit à trembler, je ne tenais plus sur mes jambes et ma vision se troubla. Alors que je me laissais succomber par les ténèbres envoûtantes, un chant aussi magnifique qu'intriguant me submergea. Relevant brusquement la tête, j'aperçus au loin une silhouette blanche se déplacer avec légèreté me donnant presque l'impression qu'elle volait. Mais ce fut un chose encore plus hallucinante qui me fit la fixer sans même cligner des yeux : à chacun de ses pas, un lampadaire s'allumait. Comme Ulysse attiré par les sirènes, je me sentis appelée par ce chant, mais à mon grand regret, aucun mât n'était en vu pour que je puisse m'y attacher. Malgré moi, je me dirigeai vers la mystérieuse enveloppe fantomatique avec l'intime conviction qu'elle me mènerait à ma destination. Pressée par le temps, je me mis bientôt à courir, mais je trébuchai sur une plaque de verglas et avant de m'écraser par terre, je remarquai que l'inconnue était parée d'un magnifique kimono. Quand je me relevai, la rue était obscure et l'être éthéré et fascinant s'était évaporé. A sa place, un origami parsemé de petits motifs japonais demeurait à terre. Je le ramassai.

Je lu et relu à maintes reprise ce papier à l'aide de ma lampe torche de secours, mais je n'arrivai toujours pas à me faire à ce qui était écrit sur cette feuille japonaise. Ce que j' y découvris me troubla : « Si tu veux accéder à ce que tu recherches, tu vas devoir être forte et courageuse. Sinon, le destin et les ténèbres mettront fin à tes jours. ». J'étais terrorisée. Trop de questions tourbillonnaient dans ma tête. Comment la femme blanche avait-elle disparu ? Cette lettre m'était-elle destinée ? Je n'en savais trop rien. Mais alors que je faisais divaguer la lumière de ma lampe sur les recoins du papier coloré, une adresse était inscrite. Sûrement écrite avec du jus de citron, je ne pus la voir qu'en approchant de très près la lumière du luminaire. La chaleur entraîna la réaction du procédé chimique, à moins que ce ne soit uniquement que de la pure magie. Il était temps pour moi de reprendre mon chemin et de suivre l'adresse, car cette dernière était ma seule piste. La destination qui était inscrite sur le magnifique décor de ce papier était étrange : elle ne se situait pas dans la rue de la croix rousse ; enfin pas exactement. Elle était localisée à l'intérieur de la muraille. D'après ce que je lus, elle était située sous le kandjar, ou autrement dit, une dague. Et je ne connaissais qu'un endroit qui portait ce nom dans tout Lyon : l'auberge au sommet des murailles. Son nom était « The Dagger of Death ».

Voilà comment je compris où se situait mon salon. Je pris donc mon courage à deux mains et partis à la recherche de mon coiffeur. Maintenant que je savais où le trouver ce ne fut pas très compliqué. Le plus complexe fut de devoir avancer sans trembler en regardant de tous les côtés, ce qui me ralentit beaucoup. Il me fallut une heure pour enfin arriver devant les murailles. L'air était frais, il faisait sombre et j'entendais des chauves-souris manifester leur présence. Je commençais à chercher au alentours une porte quelconque, quand un grognement attira mon attention. Je tournai brusquement la tête vers lui. Alors que je me rapprochais du bruit étrange, je remarquai une petite porte sur ma droite. Je me dirigeai alors vers cette ouverture et entrepris de l'actionner. J'entrai. La pièce était sombre et glauque. Il faisait froid et je remarquai plusieurs toiles d'araignées aux murs. Un râle rauque me fit sursauter et attira irrémédiablement mon attention. Je remarquai avec stupeur que la silhouette blanche aperçue plus tôt était désormais accompagnée d'une forme sombre et se tenait devant moi. Dans un cri strident, les menaces inconnues se précipitèrent vers moi, portant une dague dans chaque main avec une expression de haine sur le visage. Puis, tout devint noir et je perçus la rage de la forme sombre, qui resta gravé dans ma mémoire.

Je me réveillai en sueur dans mon lit, fatiguée mais heureuse d'être vivante. Quand je me levai, je remarquai au sol de ma chambre un poignard qui semblait avoir une valeur inestimable. Était-ce un rêve ? Cette trouvaille me mis le doute, mais le plus important pour moi était d'être en sécurité. Pour le reste, l'interprétation des choses restait pour moi un mystère.Soulagée, je m'approchai du miroir et poussai un cri de stupeur quand je découvrit ma nouvelle coiffure.Ils m'ont littéralement fait la coupe au carré.



Rien ne serait arrivé si je n'avais pas changé de coiffeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant