Chapitre 5 Alec

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Le premier jour de cours était enfin arrivé, et une vague d’euphorie me traversait. Après des années de préparation et d’attente, j’y étais : l'université. C’était comme ouvrir un nouveau chapitre dans le livre de ma vie, un chapitre rempli d’inconnues mais aussi d'innombrables possibilités. Dans le hall, je retrouvai mes amis, et nous échangeâmes des sourires et des blagues, comme si nous ne nous étions jamais quittés. Il y avait une énergie particulière dans l’air, une sensation de renouveau qui flottait entre les murs de l’établissement.

En les écoutant, un souvenir d'enfance s’imposa à moi, si vif qu’il me donna presque le vertige. Je me revoyais, gamin, debout devant ma petite classe improvisée, une rangée d'ours en peluche et de poupées alignés en guise d’élèves. J’étais si fier de leur présenter mon projet commercial, même si leurs petites pattes de peluche étaient bien trop grosses pour tenir les mini-affiches que j’avais fabriquées. À cette époque, j’adorais faire rire les autres, et l’idée de partager mes idées m’avait toujours enthousiasmé. Cette nostalgie réveilla en moi un sourire, me mettant de bonne humeur pour la suite de la journée.

Sortant de ma rêverie, je fus attiré par une voix familière et joyeuse : Lola, ma petite sœur. Elle discutait avec une fille que je n'avais jamais vue auparavant. La fille se tenait à côté d’elle, visiblement mal à l’aise, comme si elle préférait se fondre dans le décor. Elle évitait les regards, comme une ombre silencieuse au milieu de toute cette agitation. Intrigué, je ne pouvais m’empêcher de la fixer, me demandant qui elle pouvait être et pourquoi elle semblait si préoccupée.

Lola, fidèle à elle-même, n’arrêtait pas de parler. Elle avait ce don de mettre les gens à l’aise, mais avec cette fille, cela semblait ne pas suffire. La fille répondait par des sourires timides, mais il était clair qu’elle n’écoutait qu’à moitié, plongée dans des pensées lointaines. Curieux, je décidai de les laisser un moment et allai à mon casier pour prendre mes affaires.

Alors que je me dirigeai vers ma première salle de classe, je remarquai que Lola et la fille inconnue étaient déjà installées au fond, un choix surprenant pour ma sœur qui préférait habituellement être au centre de l’attention. La fille, quant à elle, paraissait vouloir se faire toute petite. En m’installant, je ne pouvais m’empêcher de jeter des coups d’œil discrets dans leur direction. Lola continuait de parler, mais je sentais que la mystérieuse fille était ailleurs, perdue dans un monde qui n’était visible que pour elle.

Soudain, un sourire illumina son visage alors qu’elle regardait par la fenêtre, et je ne pus m’empêcher d’être frappé par sa beauté. C’était comme si un rayon de soleil avait percé les nuages, transformant son expression fermée en quelque chose de plus lumineux, presque enchanteur. Que pouvait-elle bien voir de si fascinant à l’extérieur ? Cette lueur éphémère dans ses yeux éveilla en moi une curiosité que je n’arrivais pas à expliquer. Je voulais comprendre ce qui l’animait, ce qui lui faisait perdre ce masque de détachement.

Mes pensées furent interrompues par l’arrivée du professeur. Il entra dans la salle avec assurance, et un silence respectueux s’installa. L’homme semblait plein d’autorité et d’énergie, le genre de professeur qui captait immédiatement l’attention de ses élèves. Il se présenta d’une voix puissante :

— Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle année universitaire ! Je suis ravi de vous voir tous ici, remplis d'énergie et d'enthousiasme. Je suis le Professeur Martin, et je serai votre enseignant en Gestion d'Entreprise cette année.

Il fit une pause, balayant la salle du regard comme pour évaluer chacun de nous. L’ambiance était à la fois solennelle et excitante, comme si nous étions tous sur le point de plonger dans une aventure inconnue. Le professeur continua, détaillant le programme avec une passion qui semblait palpable.

— Nous allons aborder de nombreux sujets passionnants, allant de la stratégie commerciale à la gestion financière, en passant par le marketing et le comportement des consommateurs, annonça-t-il avec un sourire en coin. Chaque module est conçu pour vous préparer à devenir des professionnels compétents et adaptables dans le monde dynamique des affaires.

Je l’écoutais attentivement, mais une partie de mon esprit revenait toujours à la fille au fond de la salle. Que pouvait-elle bien penser de tout cela ? L’université l’enthousiasmait-elle autant que moi, ou bien était-elle ici par simple obligation ?

Mon attention fut ramenée au discours du professeur lorsqu’il mentionna un concours :

— Cette année, nous allons également organiser un concours très spécial : le Challenge Entrepreneurial 2024. À la fin du semestre, vous aurez l'opportunité de créer votre propre projet commercial. Vous formerez des équipes et, avec votre créativité et votre travail acharné, vous développerez une idée de produit ou de service qui pourra réellement faire une différence sur le marché.

Les mots « créativité » et « travail acharné » résonnèrent en moi. Le professeur parlait de quelque chose de concret, de palpitant. Mon cœur battait plus vite, et je me surprenais déjà à imaginer des idées, des concepts. À ce moment-là, je jetai un coup d’œil vers la fille. Et si elle participait aussi ? Travailler avec elle pourrait être l’occasion d’en apprendre plus sur elle.

Le professeur poursuivit en détaillant les critères d’évaluation : l'originalité de l'idée, la viabilité commerciale, le plan marketing et, bien sûr, la qualité de la présentation. Le premier prix serait le financement du projet, une perspective des plus stimulantes.

— Je sais que pour beaucoup d'entre vous, ce concours peut sembler intimidant, mais n'oubliez pas : c'est une chance unique de mettre en pratique ce que vous apprendrez. Ne laissez pas la peur vous freiner. Chaque grande réussite commence par un petit pas, conclut-il avec conviction.

Soudain, une voix s’éleva dans la salle : Lola. Elle avait visiblement fait une remarque qui avait attiré l’attention du professeur. Elle s’excusa en souriant, puis tourna la tête vers sa nouvelle amie, qui esquissa un sourire timide en réponse. La scène m’arracha un sourire. Lola avait ce talent de toujours détendre l’atmosphère, peu importe la situation.

Alors que le cours reprenait, une légère brise traversa la salle, faisant flotter quelques mèches de cheveux autour du visage de la fille. Ce détail anodin attira de nouveau mon regard. Une sensation étrange m’envahit, une sorte de vertige agréable, comme des papillons qui s’agitaient dans mon ventre. Nos regards se croisèrent un instant, et elle détourna rapidement les yeux, se concentrant à nouveau sur la vue extérieure. Je fis de même, troublé par cette connexion soudaine et imprévisible. Qui était-elle ? Pourquoi cet élan de curiosité me poussait-il à vouloir en savoir plus sur elle ?

Les cours se succédèrent, mais je ne pouvais me défaire de cette sensation, de cette impression que quelque chose d’important venait de se produire, même si je ne comprenais pas encore quoi. En fin de journée, alors que je rangeais mes affaires, une pensée me traversa : le carnet. Ce carnet que j’avais trouvé il y a quelques jours dans le hall de l’université. Et si c’était le sien ?

La possibilité que la fille inconnue soit la propriétaire de ce carnet me hantait. À l’intérieur, il y avait des mots, des fragments de pensées intimes que je n’avais pas osé lire entièrement. Ce carnet semblait contenir une part de son âme, quelque chose de fragile et de précieux. Je ressentis une étrange détermination à le lui rendre, mais une question restait en suspens : comment m’y prendre sans paraître bizarre ou intrusif ?

Les cours de l’après-midi défilèrent, et mon esprit dérivait sans cesse vers elle, vers cette rencontre fugace. Ce premier jour de cours s’achevait avec plus de questions que de réponses, mais une chose était certaine : quelque chose venait de commencer. Peut-être était-ce le début d’une histoire. Peut-être même le début de quelque chose de plus grand, d’inattendu. En tout cas, une voix au fond de moi me poussait à prendre le risque.

Alors que je franchissais les portes de l’université, la silhouette de la fille flotta encore un instant dans mon esprit. Qui sait ce que demain nous réservait ? Peut-être qu’aujourd’hui n’était que le premier pas d’un voyage plein de promesses et de mystères.

RedemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant