chapitre 10

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Miguel

15 ans

-

Merci, marmonnai-je en sentant mes yeux se fermer.

Seul le silence me répondit, mais c'était suffisant pour aujourd'hui.

***

Le lendemain...

Un hurlement passa la barrière de mes lèvres alors que je me réveillai en sursaut. Aussitôt, je pris ma tête entre mes mains. J'avais un mal de crâne lancinant. Qu'est-ce que j'avais bien pu fabriquer ? Voyons... Il y a eu cette mission, que nous avions réussi grâce à moi, puis cette histoire de dessin et... Et quoi ? Y réfléchir augmenta ma migraine. Cependant, je savais que je ne serais pas satisfait tant que je ne parviendrais pas à me rappeler précisément de ce qu'il s'était passé ensuite.

Je me concentrai. Le visage floue de Lorenzo apparût dans mon esprit, ainsi que le décor d'un bar que je connaissais bien. Bon. Nous avions dû trop boire, voilà tout.

"On t'a déjà dit que t'étais foutrement beau ?"

Bordel de merde.

Non, Miguel, me convainquis-je. Tu n'as pas pu dire ça. Tu n'a pas pu...

Si.

Je suis foutu, murmurai-je.

Comment en étais-je arrivé là ? Je détestais ce type de toutes mes tripes. Rien que son nom me révulsait. Alors pourquoi ?

Pourquoi ? Répétai-je, en écho à mes pensées.

Parce que tu le penses, me nargua ma conscience.

C'est faux ! M'énervai-je tout seul.

"Tu trouves vraiment que je ressemble a une limace ?" Lui avais-je demandé. Et qu'avait-il répondu à ça ? Je réfléchis intensément. "La mienne "
Le salaud.

JE SUIS PLUS BEAU QUE TOI ! M'écriai-je en sortant en trombe de ma chambre, furieux.

Au pas de course, je rejoignis la chambre du noiraud. J'ouvris la porte a volée, qui cogna contre le mur. Lorenzo me lança un regard peu amène en se réveillant. J'ignorais son expression furieuse et perdu, hurlant à plein poumons.

ET TU N'ES PAS BEAU !

Je ressortis en claquant la porte derrière moi, rageant en entendant Lorenzo explosé de rire. Je regagnai mon lit, furibond, et me recouchai. Ce ne fût qu'au moment de m'endormir que je me rendis compte d'une chose. Lorenzo m'avait fait oublié mon cauchemar.

***

Miguel

16 ans

-

Elle va dévorer mon âme, affirma Lorenzo d'une voix tremblante au bout du fil.

Je poussai un soupir à fendre l'âme et calai mon portable entre mon épaule et mon oreille pour continuer à trier la paperasse que mon abrutis de partenaire m'avait encore laissé gérer seul. D'une oreille distraite, j'écoutais le brun se plaindre en rangeant notre nouveau rapport dans le dossier réservé au trafic d'armes. Il faudrait que je le monte à Valentino demain, pour qu'il ait accès à l'inventaire complet.

Miguel ! Je te jure, j'ai peur !

Je ricanai, moqueur.

Tu n'a peur de rien, Lorenzo. De plus, je te ferais signaler que c'est toi qui as choisi de t'occuper de Fifi. C'était ça ou trier les dossiers. J'espère qui tu lui as bien donné ses graines.

Même pas en rêve ! Se récia Lorenzo, m'arrachant presque le tympan. Dès que je m'approche de sa cage, elle me sort des glouglous terrifiants. Je crois vraiment que cette dinde est carnivore. Tu savais que les oiseaux descendait des dinosaures ? Je fais quoi si elle essaye de m'étriper ? Miguel, je n'aurais même pas le temps de te faire tout ce que-

Lorenzo, est-ce que tu m'appelles vraiment à deux heures de matin pour te plaindre d'une pauvre dinde ?

Je n'ai pas signé pour baby-sitter de dinde en entrant dans la mafia ! S'écria-t-il, outré. Et puis, si je te dis qu'elle fait peur, c'est que c'est vrai ! Tiens, écoute ses glouglous maléfiques !

J'entendis quelques bruissement, comme si Lorenzo s'approchait prudemment de la cage de Fifi. Je reprimai un rire. Qui aurait cru qu'un exécutif de la mafia flipperait autant devant une dinde absolument inoffensive ? Amusé, je me remémorai les circonstances de toute cette histoire.

L'un de nos principaux collaborateurs britannique, Owen Harvey, avait demandé à Valentino une faveur pour le moins étrange. S'occuper de Fifi, une énorme dinde auquel il tenait plus qu'à sa propre vie, pendant son voyage d'affaires en Inde. Évidemment, Valentino s'était empressé d'accepter et nous avait demandé de prendre soin d'elle. Après un débat houleux, il avait été décidé que Lorenzo la garderait chez nous pendant que je terminait notre boulot de la journée. J'esquissai un rictus en imaginant Lorenzo fixer Fifi d'un air mauvais.

« Glouglou ».

N'y tenant plus, j'explosai de rire. Sérieusement ? C'était ce risible « Glouglou » qui terrifiait autant Lorenzo ? Pas de doute, j'allais m'embêter avec cette histoire pendant un certain temps. Pour une fois que les rôles seraient inversés...

Tu ne comprends pas, s'agaça Lorenzo. Avec ses yeux noirs, on dirait la réincarnation du Diable. Je savais bien que j'aurais dû me convertir au christianisme. Il est trop tard, tu crois ? Si j'essaye de l'exorciser, peut être que..

Je raccroche, le menaçai-je.

Nooon ! Ma limace, ne fait pas ça, ne-

Trop tard. Je raccrochai et éteignis mon téléphone, montrant clairement à Lorenzo qu'il ne servait à rien de m'appeler. Je baîllai à m'en décrocher ma mâchoire, épuisé, et terminai rapidement de trier les dossiers que nous avait confié Valentino. Heureusement que Fifi repartait demain, je devais avouer que m'occuper d'une dinde ne m'enchantait pas plus que Lorenzo.

Lorsque j'eus terminé, il était déjà trois heures du matin. Je sortis des locaux de la mafia et saluai les gardes postés devant la porte. Une fois dehors, j'allumai mon téléphone, me préparant mentalement aux nombreux appels manqués de Lorenzo. 76, il avait fait fort ! Son record avoisinait les 200, quand je n'étais pas rentré de la nuit la semaine dernière, il avait arrêté d'essayer de m'appeler uniquement parce qu'il m'avait retrouver. S'il n'empoisonnait pas autant chaque seconde de ma vie, je lui aurais sûrement avoué me rendre sur la tombe d'Edgar, un collègue français de la mafia avec qui j'avais créé des liens... Mais je ne lui devait rien, après tout. Il n'avait pas besoin de savoir où je passais mon temps libre. De toute façon, je n'aurais pas réussi à dormir avec la présence menaçante d'Arès au fond de moi. Quand Lorenzo m'avait retrouvé, cette fois-là, il s'était contenté de me raccompagner chez nous sans décrocher un mot, un exploit le concernant. Il avait dû sentir que s'il me cherchait encore, je risquais sérieusement de le tuer.

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