Je le publie ici parce qu'il n'a pas passé le bêta-reading principal. Mais ce texte mérite quand même d'être partagé. En tout cas je crois.
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La vie a été douce avec moi.
Peut-être pas un long fleuve tranquille, ce n’est pas ce que j’ai dis, non, mais je ne me plaindrais pas des épreuves que j’ai traversées.
Dans la vie, il y a les souvenirs qu’on oublie, ceux qu’on voudrait oublier et ceux auxquels on s’accroche fermement pour qu’ils ne s’enfuient pas.
La vie est remplie d’instants et chacun entre dans l’une de ces trois catégories, il n’y a pas d’exception.
C’est ce que je croyais en tout cas.
Mais maintenant, tout ce qui me revient sont ces moments que je n'aurais jamais dû oublier, car ce sont ceux qui comptaient vraiment. Ces moments qui, plus jamais, ne seront.
Finalement, la première leçon que j’ai apprise de la mort est celle-ci : on oublie toujours les petits moments car ils semblent insignifiants, alors que ce sont ceux qui en disent le plus.
Pourquoi ai-je oublié toutes tes petites attentions, alors que cumulées elles valaient bien plus que le plus grand accomplissement de ma vie ?
C’est maintenant que je regrette, alors qu’il est trop tard, tes baisers sur mon front alors que tu partais au travail.
Que valent les maigres heures d’un mariage à côté des centaines d’heures que tu passais à m’écouter de rien avec passion ?
Tous les regards qui disaient “j’aime cette femme”, toutes les petites balades sans destination, le temps que tu passais à tresser mes cheveux. Juste le fait que tu aies appris à le faire rien que pour moi.
C’est ça qui importait vraiment. C’est à ça que j’aurais dû penser chaque fois que l’on me demandait quels étaient mes plus beaux souvenirs avec toi. Pas notre mariage, pas notre lune de miel. Pas même notre rencontre. Non, juste les petits moments.
C’est tout ce qu’il me reste de toi et de la vie à présent que le monde s’est éteint, et je les sens autour de moi, comme des fantômes qui me hantent et me rappellent ce que j’ai perdu à jamais.
Les petits moments et les petites attentions.
Même avant mon arrivée ici.
Parce que tu étais parti sans te retourner, et je m’étais juste dit que tu étais parti pour que moi je ne le fasse pas.
Mais je me demande : si j’étais partie, plutôt que toi, aurais-je eu la force, comme toi, de ne pas me retourner ?
Lorsque l’on tombe amoureux, on ne pense pas au fait que l’on vieillira, que notre amour vieillira. On n’envisage pas qu’il s’éteigne ou que l’un de nous s’éteigne.
Tu sais, le vide m’entoure en ce lieu et c’est comme si ce vide tentait d’entrer en moi pour me remplir et me faire oublier ce que la vie m’avait apporté. Toi.
Mon esprit devient flou, les souvenirs s’éparpillent et je tente de les ramasser mais ils ne me reviennent pas, ils coulent entre mes doigts comme du sable. Je les perds, petit à petit.
Mais je sais que je t’aime.
Et pourtant je perds ton visage, il disparaît alors que j’essaye de le retenir.
Est-ce ce lieu qui me fait perdre le bleu de tes yeux ?
C’est trop tard.
Qui étais-tu ?
Mon amour, je t’ai perdu.
Je ne te vois plus.
Est-ce parce que tu n’es pas là ou parce que mes yeux ne voient plus ce qu’ils voyaient autrefois ?
Mais je sais que tu existes. Ou du moins que tu as existé.
Et, alors que le monde s’est éteint autour de moi, je me demande à quelle main appartient la chaleur que je sens contre ma peau.
Si tu le peux, mon amour, fais moi signe de là où tu es, pour qu’à travers le vide et les ténèbres, je sache vers où me diriger et comment te retrouver. Toi et mes souvenirs perdus.
Parce qu’une fois que l’on meurt, il ne reste que l’amour.
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Tribulations et bafouilles
RandomLivre pour toutes les choses qui n'ont rien à voir avec mes autres histoires. Peut contenir principalement des poèmes et des nouvelles.