Prologue

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-27 mai-

Il fait nuit, une nuit noire, une nuit sans lumière, sans couleur, sans étoiles et je crois que d'une façon ou d'une autre ça me convient. Je ne veux plus de lumière, je ne veux plus pouvoir ouvrir les yeux. Le vent s'est levé, je ne veux plus le sentir fouetter mon visage, je veux qu'il m'étouffe. Je ne veux plus ressentir, je veux mourir. Je suis au 7e étage, sur le toit, j'admire la vue , elle est belle mais aujourd'hui je la trouve laide, monstrueuse. Car aujourd'hui je sais que cette beauté n'est que façade. Oh que oui, belle à l'extérieur et hideuse de l'intérieur, et ça me dégoûte ! Je ne veux plus faire partie de tout ça, je ne veux plus voir tout ça, je ne veux plus sentir, ressentir.

Je veux partir.

Mes pieds s'approchent du bord, plus qu'ils ne le devraient, mais aujourd'hui je n'écoute plus rien, car tout n'est que chuchotement. Mon instinct de survie me crie de m'en aller, de redescendre, mais une voix dans ma tête hurle "saute, tu seras bien plus heureuse, ta vie ne sera plus le cauchemar que tu subis". Je ne sais pas quoi faire je suis tiraillée entre les deux. J'entends au loin une sirène, et en voilà une deuxième ,la police et les pompiers je suppose, une voisine a dû me voir , je suis trop proche du bord pour ne faire que regarder la vue .

Les sirènes se rapprochent, je dois faire un choix. Les voitures s'arrêtent en bas de l'immeuble, je les vois, que le monde est petit d'ici , j'ai le pouvoir que j'ai tant voulu avoir , je ne suis plus soumise ici , enfin je sais ce que ça fait d'avoir des choix, mes choix !
Je souris, je suis libre. Enfin !
J'ai le choix, j'accepte l'air qui fait voler mes cheveux, je me rends compte que le vent  ne me fouette pas au final, il m'accompagne. Je suis libre avec lui, mon sourire s'agrandit, mes yeux demeurent secs, je ne suis pas triste, oh non ! Pour la première fois de ma vie je suis comblée , on essaie de défoncer la porte que j'ai fermé à clé, cette cacophonie est une douce musique à mes oreilles, je me sens encore mieux.

Encore plus libre.

Je ferme les yeux, je recule de deux pas du bord, ils arrivent finalement à ouvrir la porte, je réouvre les yeux et je fais trois pas le sourire au lèvres et je suis le dicton "reculer pour mieux sauter " à la lettre.

Je vole.

Je me sens tellement sereine, je suis enfin libre.

Libre.

J'ai le temps de repenser à ma maman, je l'aime et j'ai lutté pour elle mais...

...je suis libre

Entre la vie et la mort Où les histoires vivent. Découvrez maintenant