Chapitre 25

7 0 0
                                    

Suite à cette soirée, Althaïr avait confié Aline à Mehran. Il avait décidé de le laisser se charger de la déposer chez les Gianci.

« Tu m'as l'air bien triste... Ça va ? » demanda Mehran. D'une main, il effleurait le volant, et ses bracelets de pierres et de bois s'entrechoquaient.

Aline détourna les yeux, son regard perdu dans le défilement monotone du paysage. Les arbres se succédaient, évanescents, indistincts. Ici, aux côtés de Mehran, Aline ressentait une amertume indicible. Elle portait dans son cœur un poids insoutenable. Et tandis qu'ils roulaient, une sorte de résignation l'envahissait. Elle se dirigeait vers des inconnus, des Gianci — ces gens dont elle imaginait déjà l'orgueil, la prétention. Elle se sentait piégée, réduite à un rôle secondaire dans un monde qui n'était pas le sien. Son silence, pesant et délibéré, semblait répondre à Mehran plus clairement que des mots n'auraient su le faire.

Mehran tourna légèrement la tête vers elle. « Tu sais, je t'ai connue plus... vivante. »

Aline lui lança un regard glacial. « Mêle-toi de tes affaires, Mehran. »

Mais il ne pouvait ignorer ce vide insondable dans son regard. Le feu qui brûlait autrefois en elle semblait s'être éteint, emporté par Althaïr. Elle n'était plus que l'ombre de la fille fougueuse qu'il avait autrefois côtoyée.

« Pas besoin de jouer la comédie avec moi, Aline, » murmura-t-il d'un ton compatissant. « Ça me fait presque de la peine. Tu as l'air tellement dépendante...»

Elle releva le menton, sur la défensive. « Je ne suis pas... dépendante » répondit-elle.

« Tu n'as pas à te justifier. Dis-moi plutôt, maintenant qu'il n'est plus là, comment tu comptes faire ? » demanda Mehran.

Le visage d'Aline se durcit. « C'est quoi, ton problème ? »

« Aucun, je commence simplement à comprendre... je me suis longtemps demandé si tu étais complice ou victime. Et je crois bien que c'est toi la plus à plaindre ici. » dit-il finalement.

Aline plissa les yeux, méfiante. « Ça veut dire quoi, ça ? »

« Rien. Juste que... de l'extérieur, ça se voit : tu tiens plus à lui qu'il ne tient à toi. » dit-il calmement.

Les mots frappèrent Aline. « Althaïr a ses raisons... » murmura-t-elle.

Mehran hocha la tête. « Évidemment. C'est vrai que tu lui a été utile, c'est toi qui a shooté ce type...»

Aline tourna brusquement la tête vers lui, interloquée. « Comment tu sais ça ? »

Mehran esquissa un sourire satisfait, il venait d'obtenir sa réponse, c'était donc bien Aline. « Oh, il a laissé échapper quelques détails. Mais j'imagine qu'il a récupéré l'argent que tu lui devais grâce à ça.»

« Oui... il a eu aussi le chalet, une ledger et un peu de liquide... » précisa-t-elle.

Mehran haussa un sourcil. « Eh bien, il s'est servi. Entre nous... il m'avait dit vouloir prendre sa part, je pensais que ce serait juste un remboursement. Mais il a pris tout ce qu'il pouvait. »

« Tu veux dire... que cette part aurait pu être la mienne ? » demanda-t-elle.

Mehran eut un sourire pensif. « Tu vois, c'est exactement pour ça qu'il s'est servi de toi, tu n'y connais rien. J'ai toujours su qu'il comptait en profiter, mais là... il t'a utilisée, Aline. Et maintenant que tu n'as plus rien à lui offrir, je doute qu'il revienne vers toi. »

Ces mots s'immiscèrent en elle comme des éclats de verre. Elle murmura, le souffle court : « Non... ce n'est pas possible. Il n'aurait jamais... »

« Aline... ouvre les yeux. Il ne t'a gardé que parce que tu pouvais lui être utile. Tu ne le reverras plus. » dit-il fermement.

Althaïr ( VF )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant