J'avais froid, je crevais de froid. Mon bras me faisait mal et il continuait de saigner. J'avais faim, je crevais de faim. C'était insoutenable. Mais je n'en avais rien à faire. Je me réfugiais dans mes pensées, dans mes souvenirs. Le rire de Rose, ses yeux, sa manière de parler, ses cheveux. J'arrêtais de souffrir quand je replongeais dans mes souvenirs.
Je m'enfermais, dans les seuls souvenirs que j'avais d'elle. Dans les seuls souvenirs qui pouvaient me donner envie de survivre. Je voulais la rejoindre. Rien n'en valait la peine. Et je me détestais de penser cela. Je me détestais tellement, parce que Sean, lui, me cherchait toujours. Il voulait toujours me sauver. Et moi je préférais mourir pour rejoindre Rose.
Je ressentais ce vide immense qui me détruisait de l'intérieur. J'avais tellement envie de me reposer. De fermer les yeux juste quelques jours, comme si rien ne c'était passé. Comme si je n'avais jamais été dans cette maison, jamais rencontré Rose, jamais arrêté de voir le ciel.
Je voulais plonger dans un océan immense, sans fond et sans fin. Me couper de tous mes sens. Me couper de tout sauf de mes souvenirs. Seulement les images que j'avais d'elle. Seulement les images qui faisaient briller mes yeux et réchauffaient mon cœur. Je voulais me noyé dans mes souvenirs. Ne plus rien vivre d'autre.
Il n'y avait plus aucune larme qui coulait sur mes joues à présent. Je ne pouvais plus pleuré. Toutes mes larmes c'étaient dispersés dans l'océan. M'avait emporté avec elles. La dernière fois que mes larmes avaient plongé dans l'océan je n'étais qu'un gamin. Qu'un enfant fragile d'à peine 14 ans qui venait de perdre ses parents, seulement 2 ans après la mort de ma sœur. Je m'étais retrouvé complètement seul, désemparé.
J'avais marché le long de la route, jusqu'à en avoir mal aux pieds. Et j'avais toqué à la seule porte que je connaissais. On m'avait dit de jouer avec Sean, que je resterais là, puis ses parents étaient partis. Je ne suis jamais revenu chez moi ensuite, je n'y suis jamais revenu à part dans mes rêves. J'ai vécu comme si rien ne m'était arrivé, Sean était mon frère et ça me paraissait logique.
Chaque soir je revoyais mes parents effrayés dans cette voiture. Mes parents qui se rendaient enfin compte que je ne l'avais pas tué. Ma mère qui répétait qu'elle était désolé puis qui disait à mon père de rouler plus vite. Qui se rendaient compte que c'était trop tard, puis ce virage. Leur visage. Le sang. Le regard figé de ma mère. La façon dont je suis sorti de la voiture par une vitre cassé. La manière dont j'ai marché ensuite pendant des heures. J'avais perdu ma chaussure.
Le plus paradoxale c'est que j'ai fait ce rêve tous les soirs. Depuis mes 14 ans. Jusqu'à ce qu'un homme m'injecte un sédatif à l'aide d'une seringue dans la rue mal éclairé de mon quartier. Mon cerveau c'est sûrement dit que c'était trop. Qu'il fallait au moins me laisser tranquille pendant un laps de temps. Je n'arrivais même plus à penser à ça. Je n'arrivais même plus à voir ces images. Elles étaient dix fois plus net à présent. Et j'entendais sans cesse les cris de Rose.
Mon cerveau la voyait se débattre, crier et ce prendre un coup fatale sur la tête. Je la voyais s'effondrer. Je voyais tout ce sang se répandre autour de sa tête rapidement. Son corps devenant froid. Son cœur s'arrêtant de battre. Ses yeux qui ne pouvaient désormais plus se fermer comme ceux de ma mère. Mon cerveau voyait tout ça, sans me voir m'effondrer de nouveau devant la porte. Sans m'entendre crier à m'en casser les cordes vocales.
Je frappais la porte en oubliant complètement la douleur de mon bras. je frappais pour la voir, pour voir cette tâche de sang sur le sol. Pour persuader mon cœur qu'elle n'était plus là, que Rose était morte. J'avais besoin de ça. Je voulais tellement, tellement, tellement voir ses yeux. Je voulais la prendre dans mes bras. La rassurer une dernière fois, lui caresser les cheveux doucement et fermer ses yeux. Je pourrais faire tant de chose. Je pourrais lui offrir la mort la plus digne qui lui revenait de droit.
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The captive heart
RomantizmIl ne savait pas pourquoi on l'avait enlevé. Elle ne savait pas qu'un jeune homme était séquestré en ce moment même. Pourquoi avait-on chamboulé leur vie autant ?