Zayn était difficilement intimidé. Il était plus grand que la plupart des hommes et avait suivi une vie quasiment martiale, pour ne pas dire spartiate, durant son enfance et son adolescence. Pourtant, il resserra sa prise autour de son arc, ne sachant comment évaluer calmement la situation.
Devant lui se tenaient des êtres qui relevaient presque des légendes. Des contes que l'on racontait aux enfants polissons avant de dormir. Si tu n'écoutes pas, le vilain Khadymm descendra de sa montagne pour te dévorer. Et, au vu de leurs dents aiguisées, dévorer était le terme idéal.
Zayn avait toujours eu une image très précise des Khadymm. Des êtres grands et musclés, à la peau bleu foncé et aux yeux rouges, luisant d'une lueur malveillante. Il avait imaginé des créatures primitives, vivants pieds nus et ayant pour seuls vêtements, des peaux de bêtes, qu'ils ne lavaient que très rarement et qu'ils utilisaient chaque jour jusqu'à ce que le vêtement tombe en lambeau. Alors seulement, ils changeaient de tenue pour de nouvelles peaux de bêtes récupérées sur un animal tué dans l'instant. Dans son imaginaire, là où les hommes vivaient pleinement l'ère de la modernité, les Khadymm sortaient à peine de la préhistoire.
Mais l'imaginaire rendait rarement compte de la réalité.
-Súila corcrah de rien du tout, dit Qadir en reculant, ça ressemble à une embuscade cette histoire !
-Vous vous dirigiez pourtant vers nos villes, répondit l'un des Khadymm en rejetant sa capuche en arrière, nous ne faisons que vous accompagner sur le reste du chemin.
Le troisième Khadymm découvrit sa tête à son tour et Zayn les dévisagea, confus. Trois Khadymm. Trois teintes de peau différentes. Le premier Khadymm, qui Zayn supposait être une femme, à la vue de ses traits doux et de sa voix féminine, abordait une peau d'un bleu foncé, couleur saphir. Ses longs cheveux, nattés avec soin, était d'un blanc presque irradiant, un peu comme les premières neiges dans un endroit dépourvu de pollution. Les deux autres Khadymm avaient un teint un peu moins prononcé, un bleu assez clair, qui pouvait facilement se camoufler sous une bonne couche de fond de teint. Les coiffures étaient aussi différentes de la femme, d'un noir corbeau et leurs cheveux, bien que longs, étaient attachés avec beaucoup moins de soin.
-Vous avez échappé au vudrir mais ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne remonte votre piste, dit le deuxième Khadymm en regardant le lac et Zayn remarqua une cicatrice sur son cou.
Comme pour répondre à cette affirmation, un long hurlement retentit dans la vallée. Zayn n'osa pas se retourner, de peur que la créature lupine - le vudrir, comme l'avait appelé le Khadymm - ne soit déjà à leurs trousses, la gueule écumante de rage. Ils avaient échappé de peu à une mort certaine et ne devaient leur salut qu'à Kamra, qui avait apparemment déjà rencontré la bête. Et survécu. Son respect pour elle ne faisait décidément qu'augmenter.
Il lança un regard à sa cousine, guettant une réaction. Mais Kamra était visiblement dans un état anormal , pâle et grelottante. Il se souvient brusquement de son cri de douleur et se précipita vers elle pour examiner son dos. Bien que le vêtement était sombre, il sut tout de suite que celui-ci était poisseux de sang. Lacérée par les griffes du monstre, la chemise tombait en lambeaux, dévoilant quatre griffures profondes qui marquaient la peau rougie par le froid. Il effleura du bout des doigts l'une des griffures, récoltant un grognement sourd.
Soigner Kamra était la priorité.
-A combien de temps se trouve la première ville Khadymm ? questionna-t-il en se demandant si Kamra allait tenir le coup.
-Quelques heures à peine. Olwan et Rudhri vont vous accompagner. Quant à moi, je dois rejoindre le temple pour informer le reste de notre communauté de votre venue.
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Les Héritiers de l'Hassadie : Le Chant des Khadymm (Premier Jet)
FantasyEn 1485 alors que la Reconquista déchire l'Espagne, des dizaines de caravanes disparaissent mystérieusement pour être transportées dans un monde doté de magie : LantArda. Des siècles plus tard, les descendants de ces humains règnent en maître sur l...