Assise sur le sol, l'herbe encore humide de la rosée du matin sous moi, je penchais la tête en arrière pour accueillir les faibles rayons du soleil qui peinaient à se frayer un chemin jusqu'à moi. La fraîcheur de l'air trahissait l'arrivée récente du printemps. À l'exception des sapins qui avaient conservé leurs épines durant l'hiver, les arbres de la forêt où nous nous trouvions n'avaient pas encore commencé à bourgeonner. Les oiseaux commençaient, quant à eux, à revenir timidement, et l'on pouvait déjà entendre les premiers gazouillements percer le silence de la forêt. La pluie qui avait fait rage pendant la nuit avait élevé dans l'air une odeur d'herbe mouillée et rendu les chemins boueux.
Comme en témoignait l'état de mes bottes, ma légendaire maladresse avait encore frappé. J'avais glissé à plusieurs reprises dans la boue, manquant de justesse de tomber. Peut-être que certaines personnes auraient été mal à l'aise de se retrouver couvertes de projections de boue, mais personnellement, je n'avais jamais prêté attention à mon apparence. Ce qui me dérangeait un peu plus, en revanche, c'était de m'être ridiculisée devant les membres du groupe. À peine avais-je eu le temps de participer à quelques sessions d'airsoft que la plupart des gens avaient remarqué ma maladresse. Par chance, les membres du groupe ne m'en tenaient pas rigueur ; ils étaient même particulièrement bienveillants à mon égard et m'aidaient beaucoup à progresser en me donnant de précieux conseils.
D'un rapide coup d'œil, j'observai une à une les différentes personnes qui composaient le groupe. Il y avait plusieurs personnes que je n'avais jamais vues et que je croiserais surement rarement, mais d'autres membres m'étaient beaucoup plus familiers. Tout d'abord, il y avait Bruno, le dirigeant de l'association d'airsoft, mais aussi un père de famille épanoui, toujours prêt à aider ses amis et sa famille.
Lola, l'une des filles de Bruno, était comme son père une bonne âme, particulièrement intelligente. J'avais rencontré Lola à l'université, plus précisément dans la licence de lettres modernes où j'étais initialement inscrite avant de me rendre compte que cela ne me convenait pas. C'est grâce à elle que j'avais découvert l'airsoft ; c'était elle qui m'avait fait entrer dans l'association et m'avait présenté à tous les membres du groupe.
Ensuite, il y avait Enrick, un homme imposant, grand et athlétique, avec une longue barbe. De prime abord, Enrick ne semblait pas être le genre de personne à qui l'on chercherait des noises, mais caché sous cette apparence se révélait un cœur en or. À l'instar du reste du groupe, Enrick était toujours prêt à aider ses proches et ne lésinait pas sur les moyens pour y parvenir.
Enfin, il y avait Valentin, un garçon à peine plus âgé que Lola et moi, qui semblait bien savoir mener sa vie. Il avait un bon travail, une jolie voiture, et une maison en cours de remboursement. Comme si cela ne suffisait pas, c'était également un beau garçon. Il n'était donc pas surprenant que Lola ait eu un petit béguin pour lui. D'après ce que Lola m'avait raconté, ces deux-là se connaissaient depuis un moment, ce qui avait laissé le temps aux sentiments de se développer.
Alors que je continuais d'observer en silence les membres du groupe, mon regard croisa malencontreusement celui de Bruno.
- Tu es sûr que tu ne veux rien manger ? demanda-t-il avant d'avaler une nouvelle bouchée de sa salade de pâtes aux œufs.
Ce n'était pas la première fois que l'on me posait cette question, et je réagis donc par automatisme en souriant gentiment tout en secouant négativement la tête. Il était rare que je mange le matin et le midi, non pas par choix, mais par habitude. J'avais traversé des phases financières difficiles qui m'avaient habitué à la sensation de faim et à l'absence de repas réguliers. Au fil du temps, j'avais fini par m'y habituer, et manger à chaque repas était devenu anormal pour moi. C'était un comportement que peu de gens pouvaient comprendre. Tenter de l'expliquer m'aurait forcé à révéler des événements de mon passé que je préférais oublier ; c'est pourquoi, lorsque les gens commentaient ma manière de m'alimenter, je souriais bêtement en attendant qu'ils se fatiguent.
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Liaison virtuelle
RomanceLorsqu'une jeune femme, en proie à la solitude, rencontre un joueur en ligne, son univers bascule. Malgré les nombreux obstacles qui les séparent, leurs destins semblent inévitablement liés. Cette histoire est une reproduction fidèle de ma véritable...