Coeur de pirate | Mermaid/pirate AU

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Le bateau tangue violemment et le mouvement brusque m'envoie valser contre le bastingage, vidant mes poumons de tout leur air. Une main visqueuse m'agrippe la cheville et plante ses griffes acérées dans ma chair, m'arrachant un cri de surprise plus que de douleur. Je dégaine mon arme sans réfléchir pour la planter dans le bras de la créature à mes pieds, dont le hurlement strident me vrille les tympans.

Je tente de reprendre mon équilibre en m'accrochant aux cordages mais les planches sont rendues glissantes par la pluie et le sang qui les maculent, et le monstre désormais manchot a le temps de reprendre ses esprits pour se jeter à nouveau sur moi. Je relève mon sabre vers elle en sachant parfaitement qu'elle est bien trop rapide pour moi, et adresse une dernière prière aux cieux en attendant de sentir ses crocs transpercer mon visage... en vain. Je relève les paupières avec appréhension, pour découvrir ses yeux sans vie écarquillés à un cheveux de ma propre tête, une lame dépassant de son torse à l'endroit de son cœur.

Le sabre se rétracte de sa poitrine, laissant son corps inerte retomber au sol et dévoiler le visage maculé de sang d'Eijiro.


- Tu vas bien ? me hurle-t-il par dessus le vacarme du vent en agrippant mon bras pour rétablir mon équilibre.

- Elle m'a juste entaillé la cheville, rien de grave, je réponds sur le même ton. Comment vont les autres ?


En jetant un œil autour de moi, je constate que le reste de l'équipage s'en sort relativement bien, à vue d'œil je remarque quelques blessures mais rien qui n'empêche mes camarades de se défendre vaillamment.


- Ils s'en sortent pour l'instant, me confirme Eijiro en lâchant mon bras. Mais il faut qu'on trouve un moyen de se débarrasser de ces monstres, on peut pas se contenter de les tenir éloignées de Katsuki indéfiniment.


En levant le regard, je tombe sur la silhouette de notre capitaine qui se démène pour tenir la barre et conserver notre cap à travers la tempête qui s'efforce de nous faire sombrer. Depuis presque une journée entière que nous sommes à la merci des éléments, Katsuki n'a pas lâché la barre, se contentant de nous beugler des ordres de temps en temps, et sa fatigue commence à se faire visible. Quand les premières sirènes ont débarqué sur le pont on a cru pouvoir les maîtriser rapidement, mais on s'est vite rendus compte qu'on avait largement sous-estimé leur nombre. Notre but est aussitôt passé de "toutes les exterminer" à "les empêcher d'atteindre la barre", si elles y parviennent, les cieux seuls savent où elles nous amèneraient et aucun de nous n'a envie de le découvrir. Soudain, un hurlement humain venant de ma gauche attire mon attention.


- Va l'aider ! je crie en poussant Eijiro en direction de la voix. Je me démerde pour les prochaines.


Il hoche la tête avant de tourner les talons et s'éloigner pour aider notre camarade, s'accrochant aux cordages pour ne pas s'étaler par terre. Je me retourne pour affronter la prochaine sirène quand une vague plus grosse que les autres me renvoie contre le bastingage, manquant me faire passer par-dessus bord. Mon épaule heurte violemment le bois, me faisant ouvrir la main par réflexe, et je regarde avec horreur mon sabre s'envoler pour s'échouer dans les vagues.

Désarmé et sans personne pour m'aider cette fois, je regarde la sirène ramper lentement vers moi, consciente de son avantage certain sur moi. Paniqué, je cherche du regard un objet autour de moi qui pourrait me servir à me défendre, mais les vagues et le roulis ont balayé du pont tout ce qui n'y était pas solidement fixé. Le sourire de la créature s'élargit en voyant la terreur se peindre sur mon visage, et sa langue va lécher le sang à la commissure de ses lèvres. Je n'ai pas le temps de me demander à qui il peut appartenir que déjà, elle prend son élan pour me sauter à la gorge. Je relève les bras devant mon visage pour me protéger dans un réflexe futil, quand tout à coup, des mains glacées attrapent fermement mes épaules et me portent par-dessus le garde-corps. Mon dos racle douloureusement le bois, et j'ai vaguement conscience de tomber de très haut avant d'être englouti par l'eau glacée et de perdre connaissance.


Recueil d'os CrackShipOù les histoires vivent. Découvrez maintenant