Chapitre 1 : Nathan

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Je me réveille en sursaut, le cœur battant trop fort, la sueur collant mes draps à ma peau. Encore ce cauchemar. Je regarde le plafond, immobile, tentant de calmer ma respiration. Ce fichu rêve revient chaque année, comme un mauvais film dont je connais chaque scène par cœur, mais dont je ne peux jamais changer le scénario.

J'ai huit ans, dans cette maison, le jour de mon anniversaire. La lumière du matin filtre à travers les rideaux épais, la même que maintenant, mais plus douce, plus chaude. Ma mère me sourit, mon père me prend dans ses bras. Tout semble normal. Mais ce n'est jamais réel. Le rêve bascule toujours au même moment. Les visages se déforment, les voix deviennent distantes, et il y a cet endroit dans ma mémoire où tout devient noir. Je me réveille toujours juste avant... Avant quoi ? Je n'en sais rien. Le pire, c'est que je ne veux pas vraiment le savoir.

Je tends le bras et éteins mon réveil, le son strident du bip disparaît enfin. Mon téléphone est déjà bombardé de notifications. Des messages d'amis, de connaissances, des photos idiotes et des vannes. C'est mon anniversaire après tout. Mes 21 ans.

Un coup de truffe humide contre mon bras interrompt mes pensées, suivi d'un gémissement impatient.

- Mozart, sérieux ? grogné-je, à moitié endormi, en essayant de l'ignorer.

Mon chien, un Border Collie avec des yeux trop intelligents pour son propre bien, me regarde comme si j'étais en retard pour une réunion importante. Sa queue fouette frénétiquement l'air, battant contre le lit avec insistance. Il n'a aucune patience, surtout le matin.

Je soupire et me redresse, tentant de dissiper les derniers relents de mon cauchemar. Le même, encore et encore, comme une boucle sans fin. Mes pieds touchant le sol froid de ma chambre. Il fait frais ce matin, mais la chaleur moite de la Louisiane va vite reprendre ses droits.

Mozart donne un coup de tête contre ma jambe, réclamant de l'attention.

- Ouais, ouais, c'est bon, j'ai compris.

Je pose les pieds sur le sol froid de ma chambre. La fraîcheur matinale contraste avec la chaleur étouffante de la Louisiane qui ne tardera pas à s'imposer. Mozart me suit de près, guettant mes moindres mouvements, impatient que je l'emmène dehors. Mais ce matin, ce n'est pas pour tout de suite.

Je me dirige vers ma table de nuit et attrape mon téléphone, déjà inondé de notifications. Des messages d'anniversaire, des vannes, des gifs stupides. Je fais défiler rapidement, jusqu'à tomber sur un pavé envoyé par Brody Parker, mon meilleur ami. Comme toujours, il a un sens de l'humour bien à lui : il me compare à une vieille bouteille de vin, « qui se bonifie avec l'âge », mais qui, selon lui, « reste encore bouchonnée ». Je souris malgré moi.

Mozart se frotte contre mes jambes, me tirant de ma rêverie.

— D'accord, d'accord, t'es pire qu'un réveil, tu sais ? On sortira quand je rentre.

Je me traîne jusqu'à la salle de bain, Mozart sur mes talons, mais il sait qu'il n'ira pas plus loin. Un coup d'œil dans le miroir me renvoie un visage fatigué, des cernes sous les yeux. Les nuits précédant mon anniversaire sont toujours comme ça, jamais reposantes.

Je me lave rapidement, avant d'enfiler un jean, un t-shirt noir et ma veste de l'équipe de hockey. Simple, efficace. Crescent Bay m'attend, comme chaque jour. Un autre matin à jouer le rôle que tout le monde attend de moi : le fils modèle, le joueur de hockey talentueux, le type populaire qui a tout pour réussir. Mais ces derniers temps, ce rôle me va de moins en moins bien.

Je descends les escaliers, laissant Mozart derrière moi. Il me regarde avec des yeux pleins de reproches, comme s'il savait que je ne reviendrai pas avant la fin de la journée.

The Midnight GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant