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Valentino

La jeune femme, dont je ne connais pas encore le prénom, ouvre la porte qui mène à la chambre.

— Notre chambre, semble-t-elle obligée de préciser.

Mon regard balaie rapidement l'endroit. Murs recouverts de lattes, poutres apparentes au plafond, un lit assez massif drapé d'une fausse peau d'animal, une banquette à droite et des tableaux de paysages enneigés accrochés aux murs. Ça respire le rustique, le genre de décor qui colle à l'idée qu'on se fait d'un chalet familial à la montagne. Je fais un pas en avant, le plancher grince sous mes pieds. Typique.

— C'est... boisé, lâché-je en grimaçant.

Elle me regarde, lève ses sourcils.

— C'est un chalet.

— Évidemment...

Je retiens un soupir. J'ai pas l'habitude de ce genre de cabane en pleine cambrousse, moi. Je n'aurais pas pu être kidnappé par une femme riche dont la famille vit dans un penthouse en pleine ville plutôt que dans ce nid en bois dans lequel tout craque ?

— Alors...euh. On devrait se présenter.

La femme aux longs cheveux châtains ferme la porte. Son dos reste néanmoins collé à celle-ci et son regard fuit en direction du sol.

Je m'assieds sur le lit, qui grince sous mon poids, et je sors une clope de ma poche arrière, suivie de mon briquet. Je la cale entre mes lèvres et m'apprête à l'allumer quand un raclement de gorge me fait lever les yeux.

— Vous comptez...euh...fumer ici ? Dans la chambre ?

Je laisse mon geste en suspens, le feu du briquet prêt à embraser ma clope et opine. J'allume ma cigarette et tire une longue bouffée. L'air que j'expulse serpente en direction de ma « petite amie ». Elle fronce les sourcils, agite la main pour dissiper la fumée, avant de se diriger vers la baie vitrée qu'elle ouvre

— Si vous voulez bien aller fumer dehors avant de foutre le feu à la chambre...

Je me lève, non sans rechigner et sors, l'emmerdeuse sur mes talons.

La fumée que j'inspire me remplit d'air. Et ça fait du bien. Ouais, je sais, ça devrait être le contraire, mais bordel, j'en avais besoin. Depuis cet appel. Depuis qu'Hunter m'a balancé que les gars de Luca campaient devant l'hôtel où j'étais planqué. Comment ont-ils su que j'étais retranché là-bas ?

Hunter m'a conseillé de me tirer vite fait, de trouver un endroit tranquille, un coin où personne viendrait foutre son nez jusqu'à ce qu'il me rejoigne pour décrypter la clé UBS que je leur ai chipé plus tôt dans la journée. C'est pour ça que je suis là, que j'accepte de jouer la comédie. Personne ne viendra me chercher au fond de la montagne avec une nana dont la vie est d'un ennui mortel.

— Bon. Je commence.

La fille se pose à côté de moi et tend sa main dans la direction tout en se présentant.

— Michaela De Luca, fleuriste à Venise.

De Luca... Je crois que le ciel se fout de ma gueule.

Sa poigne est faible, mais sa peau est incroyablement douce. Ça contraste avec la mienne, rugueuse. Sur le dos de sa main, je remarque des petites cicatrices, fines mais bien présentes. Elle a dit qu'elle était fleuriste. Et je me dis que même les fleurs peuvent être traîtres, avec leurs épines. Ça doit venir de là.

— Valentino Bellasio.

Je mens. Pas sur le prénom. Valentino, c'est aussi commun que des spaghettis ici. Ça passe crème. Et si je veux répondre quand on m'appelle, faut pas que j'invente n'importe quoi.

J'ai kidnappé un mafieux pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant