8. Aller au bout

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Si Sacha avait cru que ces confidences allaient les rapprocher, il s'était trompé. Et pas qu'un peu.
Les jours qui suivirent, il ne vit presque plus Gabin, pas plus qu'il n'eût de nouvelles. Ce dernier passait apparemment beaucoup plus de temps auprès de sa copine, au vu de ce qu'il postait sur les réseaux sociaux. Une fois c'était la photo d'un bon plat au restaurant, une fois un beau selfie souriant devant un grand ciel bleu. Sans parler des pièces de théâtre, des soirées et des balades au parc. Jamais ils n'avaient fait autant d'activités ensemble, Sacha en avait bien conscience et Océane devait être ravie. Il lui avait envoyé quelques messages, auxquels il n'avait répondu que brièvement et ne l'avait jamais relancé. Non seulement son égo en prenait un coup, mais surtout il commençait sincèrement à lui manquer. Sans même parler de ce qu'ils faisaient au lit, il n'avait même plus le droit de passer du temps avec son meilleur pote.
Ravalant sa fierté, il lui avait tout de même envoyé un message - bien que peu aimable - ce matin même. Le soir venu, il commençait à être agacé de n'avoir aucune réponse quand il reçu :
"Désolé, j'ai pas mal de boulot ces derniers temps. Rejoins-nous au bar, on fête l'anniversaire d'Océ"
Il n'était pas vraiment satisfait de la réponse, mais s'en contenta. Au moins, il pourrait parler à son ami.

Sacha ne s'était jamais vraiment soucié des moments où Gabin et Océane étaient ensemble, même lorsqu'ils avaient commencé leurs "rendez-vous". D'habitude, il arrivait à ignorer ces instants où ils se tenaient la main ou s'embrassaient rapidement. Mais ce soir-là, quelque chose changea. Ils étaient dans un bar, une soirée entre amis comme tant d'autres. Gabin était assis sur un tabouret, sa copine juste à côté de lui, sa main posée sur sa cuisse. Rien d'inhabituel, mais ce qui dérangeait Sacha, c'était l'expression de son ami.
Un éclat d'intimité. Il le voyait dans ses yeux, dans sa façon de sourire à Océane. Ce n'était pas juste un geste automatique. Il y avait quelque chose de plus, une complicité qui échappait à Sacha.
La jeune femme se pencha vers son copain pour lui murmurer quelque chose à l'oreille, et il se mit à rire doucement. Elle posa un baiser humide sur sa joue, et pendant une seconde, Gabin détourna le regard. Il croisa celui de Sacha, et son sourire s'éteignit légèrement. Mais cela ne dura qu'un instant. Il tourna de nouveau la tête vers Océane, comme si de rien n'était, son bras autour de ses épaules, caressant sa peau de manière distraite.
Sacha sentit une bouffée de colère monter en lui. Il ne savait même pas vraiment pourquoi, mais c'était comme une vilaine sensation qui le saisissait à la gorge. Une colère si forte qu'il ne pouvait plus la repousser.
Il détourna brusquement le regard, serrant les poings sous la table, incapable de supporter cette scène plus longtemps. C'était ridicule, il le savait. Mais il ne contrôlait pas cette sensation qui grandissait chaque fois qu'il les voyait ensemble. Ça devenait trop. Bien trop.

Quelques jours plus tard, quand Gabin revint enfin chez lui, Sacha sentait encore la colère sourde qu'il n'avait pas réussi à évacuer. Ils s'étaient à peine parlés pendant cette soirée, Gabin avait semblé ailleurs, et chaque fois qu'il avait mentionné Océane, Sacha avait senti une boule d'amertume dans sa gorge. Pourtant, quand ils se retrouvèrent seuls, la tension qu'il avait accumulée finit par éclater.
- Ça te dérange vraiment pas de jouer à ça ? dit Sacha brusquement, se tournant vers Gabin.
Un sourire amer lui tordait la bouche.
- De quoi tu parles ? demanda son ami, sincèrement étonné.
- Océane. Toi. Vous deux. C'est pas la même depuis qu'on... que toi et moi...
Sacha se tut un instant, cherchant ses mots, luttant contre cette jalousie grandissante.
- T'as jamais été aussi proche d'elle, Gab. T'essaies de te prouver quelque chose ?
Le silence s'étira. Gabin fronça les sourcils, comme s'il ne comprenait pas ce qu'il lui reprochait.
- Cha, arrête, dit-il doucement. J'essaie juste... de faire ce qui est bien. Avec elle. Et toi.
Sacha secoua la tête, frustré, incapable de contenir plus longtemps l'impulsion qui montait en lui.
- Ouais ? De faire les choses bien avec moi ? Vraiment ?
- Oui !
Avant même qu'il ne puisse réagir, Sacha s'approcha de lui, son regard brûlant d'une intensité nouvelle. Il savait que c'était la jalousie qui parlait, ce besoin irrationnel de prouver à Gabin qu'il n'appartenait pas entièrement à Océane. Alors, sans attendre une réponse, il l'embrassa, plus profondément, plus intensément que jamais auparavant. Gabin recula d'abord, surpris, mais la pulsion était déjà là, dévorante, et il céda rapidement, attiré comme toujours par cette force entre eux.
D'un geste empressé, Sacha tamisa la lumière pour créer une ambiance moins gênante, plus intimiste. Leurs mains n'étaient plus vraiment hésitantes depuis plusieurs semaines et savaient exactement où aller, mais cette fois, c'était différent. Les deux amis sentirent presque immédiatement cette tension qui s'était dissimulée jusque-là, cette envie nouvelle et effrayante. Alors qu'ils commençaient à se déshabiller sur le canapé, Gabin bredouilla :
- C'est... Où on va là ?
Sans répondre, les mains de Sacha continuèrent leur exploration, glissant lentement sur la taille de Gabin, cherchant à l'attirer près de lui. Pourtant il sentait une part de lui qui restait anxieuse, soucieuse de ne pas franchir une ligne invisible.
Rapidement leurs sexes se tendirent, attirés l'un par l'autre, se frottaient par-dessus les sous-vêtements. Sacha, impatient, écarta les jambes de son ami pour se positionner entre les deux, et rien que le contact fit monter d'un coup son excitation déjà palpable.
- Attends, je sais pas si je suis prêt, osa à peine murmurer Gabin, s'écartant légèrement.
Sacha, soudain inquiet d'être allé trop loin, tenta de s'écarter et de le rassurer :
- Pardon, c'est moi... J'ai cru que... J'ai juste envie de toi.
- Moi aussi, mais... J'ai jamais fait ça.
- Moi non plus. C'est comme tu veux.
Gabin, malgré ses doutes, ne put s'empêcher d'acquiescer. Il continuèrent d'explorer leurs corps, leurs mains parcourant la peau avec une curiosité avide mais hésitante. Sacha était à la fois émerveillé et perdu, ses doigts glissant sur la poitrine de son ami, provoquant des frissons. Ce dernier retira son caleçon et écarta de nouveau les jambes en fermant les yeux, savourant chaque caresse, chaque frôlement. Puis lentement, Sacha descendit ses mains, hésitant avant d'aller plus loin. Conscient de la fragilité de la situation, il lui offrait un sourire rassurant, même si à l'intérieur, lui aussi ressentait une tension. Il suça ses propres doigts avant d'attendre un signe de son ami pour franchir le seuil, et quand ce dernier lui fit un hochement de tête, il le pénétra doucement de son index. Gabin se cambra légèrement, une étrange moue sur le visage.
- Ça va ?
- Oui, oui... C'est juste étrange, avoua-t-il, un sourire nerveux aux lèvres.
Il continua des mouvements avec ses doigts, sans trop savoir quoi faire, jusqu'à ce que le visage de son ami ne se détende. Alors, il se concentra, cherchant à rendre les choses aussi confortables que possible. Ses mains reprirent leur exploration, glissant doucement, prenant le temps d'apprendre les réactions de Gabin. Chaque mouvement, chaque geste, était un mélange d'hésitation et de désir, chaque caresse un voyage vers l'inconnu.
Alors qu'ils se laissaient emporter par l'excitation, ses gestes se firent plus audacieux.
- J'ai envie de... D'aller plus loin, finit par dire Sacha, sa voix chargée de tension.
Gabin, réalisant l'ampleur de ce qu'ils s'apprêtaient à faire, sembla submergé par la peur.
- Tu penses qu'on peut... Enfin, ça va faire mal, non ?
Il répondit simplement par un haussement d'épaules.
- Je ne sais pas... On peut essayer si tu veux, je te promets de faire attention.
En voyant le doute dans les yeux de son ami, il prit sur soi pour lui proposer, dans un murmure incertain :
- Si tu veux, on échange.
Gabin ouvrit grand les yeux, surpris, puis hésita avant de secouer la tête.
- Non, on a commencé...
Les deux se regardèrent, une compréhension silencieuse s'établissant entre eux.
- J'ai des préservatifs et du lubrifiant dans ma chambre. Ce sera mieux.
Son ami hocha vivement la tête, puis l'attendit sur le canapé, nu comme un ver. Lorsqu'il revint, son cœur battait très fort. Il avait si peur. Alors qu'ils prenaient une profonde inspiration, Sacha s'approcha encore et ils plongèrent dans l'inconnu ensemble, leurs corps s'entremêlant dans une danse maladroite mais sincère. Gabin eut d'abord mal, il le vit immédiatement et voulut se retirer. Mais son ami le retint en crochetant ses jambes dans son dos, juste au-dessus de ses fesses.
- C'est bon. Va juste lentement.
Ce moment dura une éternité, durant laquelle il essaya de le détendre en continuant de le masturber d'une main, toujours attentif à ses réactions. Quand leurs corps furent complètement emboités, ils restèrent là un moment, sans bouger, jusqu'à ce que Gabin fisse un mouvement de bassin qui manqua de le rendre fou. Il se sentait merveilleusement à l'étroit dans son corps, chaque parcelle de son cerveau lui hurlait de bouger, de faire des vas-et-viens de plus en plus puissants et rapides, mais il se retenait. Il préféra laisser son ami faire au début, pour s'adapter à la cadence. Puis les minutes s'étirèrent, entre douleur et plaisir, chaque geste était une aventure. Enfin, Gabin se surprit à gémir, une sensation d'extase le submergeant alors qu'ils continuaient, les mouvements s'accélérèrent, leurs peau claquaient. Les bruits de plaisir de son partenaire l'excitèrent encore plus, il sentait qu'il ne tiendrait plus très longtemps. Sentant qu'il allait bientôt venir, Sacha fit tout pour que Gabin partage son extase, continua de le caresser de ses mains.
Finalement, quand Gabin jouit, se répandant sur son torse, Sacha lâcha prise et se vida dans le préservatif dans un rugissement de plaisir.

Vision NocturneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant