Pour la première fois, ils prolongèrent leur câlin, côte à côte dans le lit, épuisés et heureux. Sacha ne se releva qu’à contre-cœur, quand son téléphone professionnel sonna pour la deuxième fois. Gabin faillit le retenir en l’embrassant mais il parvint à résister à la tentation.
Le soir venu, quand il ferma enfin son ordinateur, il entendit son ami râler en fouillant son sac à dos :
— Qu’est-ce qu’il se passe ?
— J’ai plus de caleçon. J’ai plus d’habits en fait.
— Oh, tu veux que je t’en passe.
Gabin le regarda, un sourcil arqué.
— On fait pas vraiment la même taille.
Il n’avait pas tort. Lui-même était assez grand et mince, il avait les hanches étroites. Gabin était plus petit et bien musclé.
— Tu veux qu’on passe à ton appart ? On prend ma voiture si tu veux. Et demain on fera une machine.
— Ouais… Il va bien falloir de toute façon.Il ne leur fallut que quelques minutes pour se retrouver à l’appartement de Gabin, qu’il n’avait pas ouvert depuis une semaine. Ça sentait le renfermé et Sacha aéra pendant que son ami se préparait un sac. Puis, il le rejoint dans la chambre et s'affala sur le lit en l’observant. Leur expérience de cet après-midi lui revint en mémoire, et il rougit bêtement, seul avec ses images dans son esprit.
— Tu penses à quoi ?
Gêné, il bégaya une réponse san queue ni tête avant de se redresser maladroitement.
— Quoi ?
— Rien… Je repensais à cet après-midi, c’est tout.
Gabin aussi rougit, puis s’assit à ses côtés, les yeux plantés vers le sol.
— T’as aimé ?
— Oui, oui bien sûr. Je m’attendais pas à… À ce que ce soit si…
— Si puissant ? Je sais, moi non plus.
— Ouais.
— Tu veux… Recommencer ?
Son cœur fit un bon, il le regarda les yeux écarquillés. En quelques secondes, les tee-shirts furent enlevés, les lèvres se retrouvaient.— Gabin ?
Le son d’une porte qui claquait accompagna cette voix féminine qui leur glaça le sang. Océane était figée juste devant la chambre, les sourcils disparaissant presque sous une mèche de cheveux, le visage confus. Les deux hommes se redressèrent immédiatement, mettant le plus d’espace entre eux mais il était trop tard. Elle les avait vus. Elle les avait vu s’embrasser, à moitié nus. Visiblement choquée et perdue, elle restait silencieuse, ses lèvres tremblant légèrement alors qu’elle cherchait à comprendre ce qu’elle venait de voir.
— Océane... commença Gabin, mais sa voix se brisa avant qu'il ne puisse continuer.
Il essaya de se relever, de se rhabiller rapidement, mais ses gestes étaient maladroits, hésitants. Sacha, lui, n’osait pas bouger. Il se sentait coincé, pris au piège, comme si tout allait s’effondrer d’une seconde à l’autre.
— Qu’est-ce que vous... ? balbutia-t-elle, la voix à peine audible. Qu’est-ce que vous faisiez ?
Son regard allait de l’un à l’autre, cherchant une réponse qui n’arrivait pas. Que répondre à ça ? C’était évident. Océane fit un pas dans la pièce, chancelante.
— Je comprends pas… Comment ? Vous étiez en train de…
Gabin ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Il baissa les yeux, se passant une main dans les cheveux, cherchant désespérément à trouver quelque chose à dire pour apaiser la situation.
— C’est... c’est pas ce que tu crois, Océane, dit-il enfin, d’une voix tremblante. C’est rien... ça veut rien dire.
Sacha sentit une boule se former dans sa gorge. Ces mots résonnèrent lourdement dans sa tête, mais il ne dit rien. Il resta silencieux, la mâchoire serrée.
Océane, elle, sembla s’accrocher à ces mots, comme si elle voulait les croire. Elle secoua lentement la tête, ses yeux se remplissant de larmes, mais elle n’y croyait pas totalement.
— Rien ? répéta-t-elle, incrédule. Rien du tout ? Vous étiez en train de vous embrasser, je l’ai vu !
Elle fit un autre pas en avant, ses bras ballants, comme si elle ne savait plus quoi faire de son propre corps. Puis, comme si elle réalisait quelque chose, elle dit d’une voix à peine audible :
— C’est pas la première fois… Quand je vous ai vu, à la soirée… Non. Non, dis-moi que t’as pas fait ça.
Gabin garda le silence, sachant que c’était là que tout commençait à se fissurer pour Océane. Son souffle s’accéléra, ses sourcils se froncèrent.
— Gabin... ? insista-t-elle, sa voix plus ferme cette fois. C’est pas la première fois, n’est-ce pas ?
Son ex petit-ami restait figé, incapable de la regarder en face. C’est à ce moment-là que Sacha comprit qu’il ne pouvait plus fuir. Le silence de son ami en disait plus long que n’importe quel mot.
— Combien de temps ? demanda la jeune femme, soudain plus glaciale. Depuis combien de temps ça dure ?
Gabin, les lèvres tremblantes, finit par murmurer :
— Je... je sais pas.
Ce petit aveu, presque insignifiant, fit l'effet d'une bombe dans la pièce. Océane recula d'un pas, ses yeux écarquillés de stupeur. La réalité la rattrapait, morceau par morceau.
— "Je sais pas" ? répéta-t-elle. Ça veut dire quoi, ça, "je sais pas" ? Combien de temps, Gabin ? Depuis combien de temps vous... vous avez fait ça dans mon dos ?
Sacha sentit son estomac se nouer, son souffle se bloquer dans sa poitrine. Il voulait dire quelque chose, mais les mots lui manquaient.
— Tu m’as quittée pour lui, c’est ça ?! C’est pour lui que tu m’as laissée ?
— Non, c’est pas... commença Gabin, mais elle le coupa brusquement.
— C’est pas quoi, hein ? Ce n’est pas pour lui que tu m’as quittée ? Alors pourquoi, Gabin ? Explique-moi !
Ce dernier passa une main sur son visage, tentant de reprendre contenance, mais ses gestes étaient nerveux, agités.
— Ça n’a rien à voir avec toi, lâcha-t-il enfin, mais cela ne fit que jeter de l’huile sur le feu.
— Rien à voir avec moi ? Tu te fous de moi ? Comment tu peux dire ça ?!
Les larmes commençaient à couler sur ses joues, mais elle les ignora, fixant Gabin avec une rage dévorante.
— Combien de fois ? demanda-t-elle, oscillant entre la colère et la douleur. Combien de fois tu m’as trompée ?
Gabin se mordit la lèvre, et cette hésitation fit comprendre à Océane que la réponse était plus terrible qu’elle ne voulait l’admettre.
— Combien de fois ? insista-t-elle, sa voix se brisant.
Il secoua la tête, incapable de parler.
— Tu es... tu es dégueulasse.
Sacha détourna les yeux, le cœur lourd, pour lui et aussi pour son ami. Il savait qu’elle avait raison. Il savait qu’elle avait toutes les raisons d’être furieuse, mais cela n’allégeait en rien la culpabilité qui pesait sur lui.
— Vous... vous êtes ensemble maintenant, c’est ça ? C’est ça ?
— Non, répondit Gabin, presque immédiatement, mais Océane ne semblait plus en mesure de le croire.
— Non ? Alors c’est quoi ? Juste du sexe ? Juste... des conneries entre vous ?! Et c’est pour ça que tu m’as quitté ?
Le silence qui suivit fut assourdissant.
— C’est rien, lâcha finalement Gabin, le ton plat, comme s’il cherchait à atténuer l’ampleur de la situation. C’est rien comparé à ce qu’on avait, toi et moi.
Ces mots frappèrent Sacha en plein cœur. Il ressentit la brûlure de la blessure, comme un coup qu’il n’avait pas vu venir.
Océane, elle, n’arrivait pas à y croire. Puis elle éclata de rire, mais ce n’était pas un rire joyeux. C’était un rire amer, chargé de douleur.
— Rien ? répéta-t-elle avec amertume. Alors tu m’as trompé, tu m’as trahi, puis tu m’as quitté, pour rien ?!
Gabin garda le silence tandis qu’Océane faisait un pas en arrière en secouant la tête, comme si tout cela la dépassait.
— Vous me dégoûtez, lâcha-t-elle enfin. J’étais juste venue récupérer mes affaires et te rendre les clés. Ne vous dérangez pas pour moi, je connais le chemin.
Elle claqua la porte derrière elle et le bruit résonna comme un coup de marteau, laissant Sacha et Gabin seuls, le cœur lourd et les mains tremblantes.
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Vision Nocturne
RomanceSacha et Gabin, meilleurs amis depuis toujours, voient leur relation bouleversée après une soirée imprévue. Entre non-dits et attirances refoulées, ils se retrouvent à devoir confronter des sentiments qu'ils n'auraient jamais imaginés. Cette nouvel...