Prologue

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"Prochain arrêt, Saint-Lazare"
La voix robotisée sortant de l'interphone au dessus de me tête à le mérite de me sortir de mes pensées.
Je me prépare à sortir de la rame de métro, l'ambiance y est lugubre, dûe à la petite lumière clignotant au dessus d'une jeune femme et son bébé. La porte s'ouvre et je me dépêche de me faufiler entre les portes d'accès. La bouche de métro est partiquement vide à cette heure-ci. Il est trois heure passée et seulement un quarantenaire est assis sur l'un des bancs mis à disposition tout au long de l'allée. Il feuillette un journal et semble concentré sur sa lecture. Je me dirige vers l'ascenceur, mes talons claquant que le béton froid et humide. Une fois dans le box métallique, je sélectionne le bouton menant au rez-de-chaussée. Les portes se referment lentement devant moi, quand une main soudaine passe entre le petit espace restant. Les portes se réouvrant à cause de cette intrusion me laisse découvrir un jeune homme, dont la démarche n'est pas assurée. Son regard est vitreux et fuyant, laissé découvert sous sa capuche noire. Il semble perdue et remarque finalement ma présence. Il m'adresse un sourire poli et s'installe de l'autre côté de la cabine. Il finit par cliquer sur le même bouton que moi et nous attendons tous les deux que les portes se referment dans un grincement sonore. J'étouffe une quinte de toux, j'ai surement du attraper froid à cause de ce temps. Cela fait maintenant une semaine que les trotoirs sont humides et que les bouches d'égouts débordent, laissant une odeur nauséabonde dans toute la ville. Je grimace rien qu'en m'imaginant la puanteur qui va s'enfoncer dans mes narines une fois que les portes auront laissé l'air entrer dans le faible espace de la cabine.

- Pourquoi tu fais cette tête ? Me demande l'homme capuché en face de moi, en souriant, me laissant une terrible vue de ses dents jaunes.

- Pour rien, dis-je essayant d'éviter la conversation. Cet homme ne m'inspire pas confiance.

Il rigole finalement d'une voix rauque après m'avoir longuement fixé de ses yeux verts, injectés de sang.

- Une jeune fille aussi belle que toi ne devrait pas traîner toute seule la nuit, me sort-il, ses yeux ouverts d'un air beaucoup trop intrusif.

J'observe avec dégout son regard animal descendant le long de ma robe de soirée, tant bien que mal camouflée sous un long manteau beige. Samantha, une fille de ma classe, a organisé une grande fête pour son anniversaire et a invité tous les gens qu'elle croisait dans les couloirs du lycée. Je me suis dit que sortir m'amuser un peu ne me ferait pas de mal, mais je n'ai aucunement pensé à apporter des affaires de rechanges pour m'éviter le froid glacial et le regard désaprobateur des gens, tous deux étant une morsure frigorifiante.

Le ding indiquant la fin de la montée me sort de ma léthargie. Je remarque que le pervers n'a toujours pas terminé sa contemplation, la lèvre inférieure maintenue sous ses incisives. Il l'humidifie de sa langue blanche et granuleuse tel un animal se lêchant les babines, prêt à attaquer sa proie. Je sors à grande vitesse de l'ascenceur et commence à marcher rapidement en direction du trotoir en contrebas. Je sens encore ses yeux sur moi et la distance qui nous sépare ne me fais pas me sentir plus en sécurité que je ne le suis réellement. J'entends des pas derrière moi et n'ose pas me retourner, sous peur de recroiser son regard vicieux. Une fois mes talons sur le trotoir, je sens mes cheveux se mouiller à cause de l'orage faisant rage au dessus de ma tête. Je ressert mon manteau sur mes épaules frêles et tente d'ignorer cette boule d'angoisse plombant mon estomac. L'air a beau être glacé, je sens mon sang bouilloner de terreur tandis qu'une goute de sueur froide dévale ma colonne vertébrale. Mes jambes se mettent à trembler alors que j'accélere le pas. Un grognement retentit derrière moi et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir d'où il provient.
Mon instinct me hurle de courir et ma respiration de fait de plus en plus courte face au danger qui émmane de cet créature.
Les bruits de pas se font de plus en plus bruyants.
Cours. Cours pour ta vie Ornella.
Je me précipite vers mes pieds et retire mes talons d'une rapidité affolante, puis je cours, mes pieds fragile au contact du goudrou trempé.
Les larmes dévalent mes joues et ma vision se rétrécie, cherchant à tout pris un endroit où me cacher.
J'ai à peine le temps d'assimiler ce qui est en train de m'arriver que des doigts calleux s'enroule autour de mon poignet, tel un serpent autout du cou de sa proie. Ce serpent a faim, il est affamé.
Mon bouche laisse échapper un cris, demandant de l'aide, malgré la rue déserte dans laquelle nous nous trouvons. Il plaque sa lourde main contre mes lèvres dans un geste bruque, son attaque me forçant à m'arrêter. Il enserre ma taille osseuse de son bras poilu tandis que mes dents se plantent délibérément dans les doigts de ce monstre. Il laisse échapper un gémissement étouffé, mon instinct me disant que ce bruit n'était pas provoqué par la douleur que je venait de lui infiliger. Mes jambes se débattent, essayant de l'atteindre, sans succès. Mes cordes vocales se déchirent dans la paume de sa main droite tandis que mes pleurs meurent sous ses doigts glacés, les avalant comme un monstre assoiffé d'angoisse. Dans un dernier espoir de me dégager de sa prise, je brandis un de mes talons dans ma main droite et l'envoie sur son visage, lui créant une égratignure.
Une seule putain d'égratignure.
Les yeux équarquillés par mon geste soudain, il rigole. Son rire tonitruant s'exprime tels des sons saccagés, comme si on venait de lui faire la meilleure putain de blague de sa vie. N'ayant pas le temps de voir son bras gauche se lever, il m'assene une gifle manquant de me décrocher la machoire, celle-ci me faisant m'écraser par terre sur le sol boueux. Je sens mes genoux me lancer, il se sont rapés sur le sol granuleux à l'instant de mon impact. Je pose mes mains crispées dans une flaque et tente tant bien que mal de reculer en poussant sur mes pieds nus, ensanglatés à cause de ma course. Je manque d'avoir un haut-le-coeur quand je remarque deux des ongles de mon pied gauche pratiquement soulevés, des goutes de sang s'échappant de l'interstice qu'ils ont laissé. Mes pleurs redoublent tandis que je secoue la tête en commançant à le supplier.

- Je vous en supplie, mon cris désespéré se confondant à mes larmes.

- Chuuut, soit une gentille petite salope pour moi tu veux?

Ses yeux rouges semblent exorbités tant les sensations lui sont jouissives. Une bosse déforme son jean sombre, me donnant cette fois-ci réellement l'impression que je vais vomir la part de gâteau que Samantha m'a proposé il y a quelques heures à peine.
Je pousse un geignement aigu, sortant hors de ma bouche d'une manière incontrôlée.
Je sais ce qui va se passer.
Et j'en suis terrifiée.
Ce soir, je vais perdre une partie de mon âme. Je vais me noyer dans un océan de douleur en attandant qu'un putain de bateau remarque mon corps inerte à la surface de l'eau.
Mon âme hurle silencieusement à l'aide, mais seuls les grognements bestiaux de l'homme en train de soulever ma robe me parviennent.
Personne ne m'entend.
Même le ciel ne répond pas.

Il me regarde seulement, ne pouvant pas réagir, impuissant face à tant de cruauté.
Je le sens scruter mon sous-vêtement qui s'envole au dessus de ma tête, ne laissant plus la place à l'imagination de mon bourreau.
Je sais qu'il l'entend dire à quel point il a envie de me prendre, là, sur ce trotoir, dans cette rue déserte.
Je sais qu'il entend également mon hurlement de douleur, criant toute ma peine, lorsqu'il me pénetre d'un brusque coup de rein.
Je sais qu'il sent à quel point mon âme meurt doucement, douloureusement, sous la brutalité de cette créature. En moi. Encore, encore et encore.
Je sais qu'il écoute les bruits de vas et viens, son pénis lubrifié par le sang qui s'écoule de mon corps.
Il ne peut pas réagir, alors il assiste silencieusement à mon massacre.
Mais je sais qu'il en a envie, quand il entends les os de mon bassin se briser sous la force des accoups de cette bête.
Quand il entend mes cordes vocales se bruler dans ma gorge à force de trop crier.
Il a envie que je me batte, mais je n'ai plus la force de bouger, de crier, de pleurer, alors je reste silencieuse et immobile. Attendant tranquillement la fin de l'orage.
J'ai accepté mon sort.
Sa main froide se plaque contre mon visage, manquant de me faire bouffer le sol. Et tandis que ses gémissement sont de plus en plus forts, il s'enfonce une dernière fois en moi, touchant le fond et déversant son venin dans mon vagin.
C'est fini hein? Dis moi que c'est fini... je t'en supplie.
Il rigole d'un rire gras et se retire violemment en calmant ses essoufflements. Il me retourne et claque mes fesses dénudées avant de remonter son pantalon puis de refermer sa braguette.

- C'était merveilleux ma chérie, sa voix éclate comme le dernier éclair de la nuit.

Il se penche sur mon visage et ose me claquer un bisou sur le menton, tandis que mes yeux fixent le lampadaires en face de moi. Sa lumière scintillante au creux de cette affreuse nuit cauchemardesque.

J'entend ses pas s'éloigner de mon corps ensanglanté. C'est calme à présent.

Même mon âme est morte. Et je sais que ce jour-là signifira quelque chose de grand.

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Salut les loulous ! J'espère que ce prologue vous aura donné envie de continuer la lecture, de découvrir la vie d'Ornella.
Passez une bonne journée (ou soirée) et plein de bisous sur votre tête. ☕️

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 17 ⏰

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